Emmanuel Macron lance un appel aux « plus hautes autorités algériennes » 

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Le président français Emmanuel Macron a interpellé ce jeudi 27 mars 2025 les « plus hautes autorités algériennes » en leur demandant de prendre des décisions « humaines et humanitaires » concernant Boualem Sansal, écrivain franco-algérien condamné à cinq ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Dar El Beida, près d’Alger.

« Je sais pouvoir compter sûr, à la fois, le bon sens et l’humanité des autorités algériennes pour prendre une telle décision », a déclaré le chef de l’État français, Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse tenue à l’issue d’un sommet sur l’Ukraine.

Cette condamnation intervient dans un contexte de tensions entre Alger et Paris, notamment en raison des prises de position controversées de Sansal. Ce dernier a été jugé pour « atteinte à l’intégrité du territoire national », une accusation liée à ses déclarations relayant la position marocaine sur des questions territoriales sensibles. Son procès a suscité des réactions mitigées, certains estimant que l’écrivain a dépassé les limites en adoptant un discours perçu comme hostile à l’unité de l’Algérie.

François Bayrou, le Premier ministre français, a réagi à cette condamnation en la qualifiant d’« injustifiable » sur X (anciennement Twitter). « Une voie digne et humanitaire est à portée. Je renouvelle notre appel aux autorités algériennes à la considérer et à y répondre favorablement », a-t-il ajouté.

Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine, a également appelé à « une issue rapide, humanitaire et digne à cette situation ». En revanche, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, connu pour sa fermeté vis-à-vis de l’Algérie, n’a pas encore réagi publiquement.

Lors de l’audience, le tribunal correctionnel de Dar El Beida a prononcé une peine de cinq ans de prison ferme contre Boualem Sansal, assortie d’une amende de 500 000 dinars algériens (environ 3 500 euros au taux de change officiel). L’écrivain, présent lors du verdict, n’a pas réagi immédiatement.

Le cas de Boualem Sansal illustre une fois de plus la complexité des relations diplomatiques entre la France et l’Algérie, souvent marquées par des crispations sur des sujets historiques et politiques. La réponse d’Alger à cet appel de Macron reste très attendue.

Appel de Macron aux autorités algériennes : Retailleau a été pour beaucoup dans la condamnation de Sansal

Il est à rappeler que, deux jours avant le verdict tant attendu dans l’affaire Boualem Sansal, le ministre français de l’Intérieur avait de nouveau lancé un avertissement à l’Algérie. Invité sur CNews ce mardi 25 mars, il avait réaffirmé sa posture offensive, agitant la menace d’une « riposte graduée » si Alger ne cédait pas aux exigences françaises.

« Soit le régime algérien accepte de libérer Boualem Sansal, soit nous n’aurons pas d’autre choix que de monter dans les tours », a-t-il déclaré sans détour. Une nouvelle escalade verbale qui ne surprend guère, tant Paris semble déterminé à instrumentaliser cette affaire pour accentuer la pression sur Alger.

Cette posture, loin d’être anodine, s’inscrit dans une série de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie. Depuis plusieurs semaines, les ingérences françaises se multiplient, tentant d’imposer un diktat à la justice algérienne. Retailleau, en particulier, ne cesse de hausser le ton, prétendant que Boualem Sansal aurait été privé du droit de choisir son avocat. Pourtant, les déclarations de l’intéressé infirment cette version. L’écrivain avait lui-même affirmé vouloir assurer sa propre défense au tribunal, sans jamais évoquer de pression extérieure.

L’archevêque d’Alger, Jean-Paul Vesco, a lui aussi pris position en déclarant que ce type de pressions « ne sert pas Boualem Sansal et complique toute issue favorable ». Il a ajouté que l’Algérie « ne se laissera jamais dicter une règle de conduite », affirmant ainsi que toute tentative d’influence extérieure était vouée à l’échec.

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