En pleine crise, Air France décide de contourner l’Algérie

Air France demi-tour odeur suspecte vol dérouté

Les tensions géopolitiques entre l’Algérie et le Mali provoquent une réorganisation silencieuse mais significative dans le ciel d’Afrique de l’Ouest. Depuis le début du mois d’avril, des changements notables sont observés dans les trajectoires aériennes de plusieurs compagnies françaises, notamment Air France et Corsairn qui passaient par l’Algérie. Alors que ces liaisons aériennes relient quotidiennement Paris à plusieurs capitales d’Afrique subsaharienne comme Abidjan ou Dakar, leurs itinéraires ne passent plus par les voies traditionnelles. En analysant les données accessibles publiquement sur Flight Radar 24, on constate que ces vols ne survolent plus les territoires algérien et malien comme auparavant. À la place, ces avions empruntent des corridors aériens traversant désormais le Maroc, une alternative qui n’est pas sans conséquences sur la durée des trajets.

Les raisons de ce changement ne sont pas officiellement commentées par les compagnies concernées, mais le contexte politique entre Alger et Bamako fournit des éléments d’explication. L’Algérie a récemment fermé son espace aérien au Mali, une décision suivie, quelques jours plus tard, par une mesure similaire du gouvernement malien. Ce bras de fer entre deux pays voisins, aux implications régionales non négligeables, empêche désormais tout avion qui traverse l’espace aérien algérien de pénétrer ensuite celui du Mali. Pour Air France et Corsair, ces restrictions mises en place par l’Algérie et le Mali ont donc nécessité des ajustements rapides afin de maintenir leurs dessertes en Afrique de l’Ouest.

Résultat : les avions au départ de Paris contournent désormais les deux espaces aériens concernés. Ce détour stratégique, passant par le Maroc, rallonge les trajets d’une trentaine à quarante-cinq minutes. Un rallongement qui peut sembler minime à première vue, mais qui se répercute sur la planification globale des vols, la consommation de carburant, l’organisation des équipages, et potentiellement les coûts d’exploitation. Ce détour n’est pas qu’un simple tracé nouveau sur une carte ; il illustre à quel point les tensions diplomatiques peuvent rapidement impacter la logistique aérienne sur des routes pourtant très fréquentées.

La situation prend une dimension encore plus complexe lorsqu’on la replace dans un contexte plus large. Depuis 2023, Air France ne dessert plus Bamako, la capitale malienne, à la suite de la prise de pouvoir par la junte militaire. Cependant, la compagnie française a conservé l’autorisation de survoler le territoire malien, au moins jusqu’à l’application de la récente fermeture de l’espace aérien. Cela signifie que même sans atterrir à Bamako, les avions d’Air France utilisaient encore jusqu’à récemment le ciel malien comme point de passage stratégique vers d’autres capitales de la région. Aujourd’hui, cette option n’est plus envisageable.

En revanche, la relation aérienne entre la France et l’Algérie ne semble pas directement affectée par ces tensions, d’ailleurs, Air France, ainsi que sa filiale low cost Transavia, continue d’assurer normalement les liaisons entre plusieurs villes françaises et algériennes. Les vols directs vers Alger, Oran ou Constantine restent opérés sans modification notable. Cela indique que, malgré les répercussions régionales, les flux aériens bilatéraux entre la France et l’Algérie demeurent stables à ce jour.

Le ciel, souvent perçu comme un espace neutre et international, se révèle ici être un terrain d’expression géopolitique. Les décisions de fermer ou d’ouvrir un espace aérien sont autant d’outils diplomatiques utilisés dans des rapports de force entre États. Dans le cas présent, la fermeture réciproque entre Alger et Bamako, bien que n’impliquant pas directement la France, perturbe la connectivité aérienne française vers une large partie du continent africain. Ce phénomène illustre comment les conflits ou les tensions bilatérales, même sans affrontement armé, peuvent avoir des effets secondaires tangibles pour des pays tiers.

À mesure que la situation évolue, les compagnies aériennes devront probablement continuer à ajuster leurs plans de vol, dans un équilibre fragile entre impératifs de sécurité, contraintes politiques et réalités économiques. Les voyageurs, eux, devront s’armer de patience face à des itinéraires rallongés, dictés non par les conditions météorologiques ou techniques, mais par la géopolitique du moment.

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