Certains étudiants pourraient ne plus avoir accès aux aides au logement APL en 2026, et les étudiants algériens installés en France s’interrogent particulièrement sur leur avenir. Le débat est né autour du projet de loi de finances pour 2026, un texte encore en préparation mais qui pourrait changer profondément l’accès aux APL pour les étudiants algériens, pour les étudiants étrangers en général et pour certains profils rattachés à des foyers fiscaux jugés trop aisés. Cette situation suscite une inquiétude légitime, car les étudiants algériens comptent parmi les bénéficiaires les plus nombreux de ces dispositifs, et leur exclusion partielle ou totale du système des APL aurait des conséquences directes sur leur vie quotidienne.
Voilà bientôt deux semaines que Sébastien Lecornu a été nommé Premier ministre, et il n’a toujours pas dévoilé son gouvernement ni présenté de budget. Le temps presse pourtant : le projet de budget 2026 doit être soumis au Parlement au plus tard le 7 octobre. L’exécutif ne part pas de zéro, car François Bayrou, son prédécesseur à Matignon, avait déjà laissé un projet de loi de finances le 8 septembre, après l’avoir présenté dès le 15 juillet. Ce projet visait à réaliser 44 milliards d’euros d’économies, et c’est dans ce cadre que la question des APL pour les étudiants algériens est revenue sur la table.
Parmi les mesures envisagées, l’une concerne directement les aides au logement, c’est-à-dire l’aide personnalisée au logement (APL), l’allocation de logement familiale (ALF) et l’allocation de logement sociale (ALS). Le projet Bayrou prévoyait de restreindre le champ d’éligibilité, en excluant deux catégories principales : les étudiants étrangers, dont font partie les étudiants algériens, et les étudiants rattachés aux 20 % de foyers fiscaux les plus aisés. Une telle mesure impacterait fortement les étudiants algériens, puisque selon Campus France, 430.466 étudiants étrangers étaient inscrits dans l’enseignement supérieur en France en 2023-2024, et une proportion importante d’entre eux venait d’Algérie. Dans les faits, les étudiants algériens bénéficient actuellement des APL comme tout autre étudiant en situation régulière, mais si ce projet se concrétise, leur accès à ces aides serait directement limité.
Actuellement, pour bénéficier des APL, il suffit d’être locataire ou sous-locataire déclaré d’un logement, et de respecter des plafonds de revenus. La situation fiscale des parents n’est généralement pas prise en compte, sauf en cas de paiement de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), ce qui est très marginal. Seuls 186.000 foyers en France sont soumis à cet impôt, soit 0,45 % du total des foyers fiscaux. Mais avec la réforme envisagée, les étudiants algériens qui seraient rattachés à des parents appartenant aux 20 % des ménages les plus aisés verraient leurs APL supprimées. Autrement dit, la règle serait beaucoup plus stricte et toucherait une frange bien plus large de la population, avec des répercussions financières non négligeables pour les étudiants algériens.
L’impact potentiel est loin d’être symbolique. La DREES a recensé en mars 2025 près de 5,62 millions de foyers percevant une aide au logement, pour un coût global de 15,6 milliards d’euros. L’exclusion des étudiants étrangers et des ménages aisés du dispositif permettrait selon Les Échos d’économiser environ 300 millions d’euros par an. Or, si ces chiffres sont avérés, cela signifie que les étudiants algériens, parmi d’autres, pourraient être directement concernés par ce coup de rabot budgétaire. Les APL représentent pour eux un soutien indispensable, car beaucoup dépendent de ces allocations pour équilibrer leur budget dans un contexte où le logement étudiant en France est particulièrement coûteux.
À cette éventuelle restriction pourrait s’ajouter une autre mesure : une « année blanche » en 2026, c’est-à-dire un gel des prestations sociales. Normalement, les aides au logement sont revalorisées chaque année en fonction de l’inflation. Cette année encore, le 1er octobre 2025, les APL ont été augmentées de 1,04 %. Mais selon le projet Bayrou, cette revalorisation annuelle ne serait pas appliquée en 2026, ce qui représenterait une nouvelle perte de pouvoir d’achat pour les bénéficiaires, y compris les étudiants algériens. Si la double mesure venait à être appliquée, les étudiants algériens perdraient non seulement l’accès aux APL pour une partie d’entre eux, mais ceux qui resteraient éligibles ne verraient plus leurs allocations revalorisées.
Pour l’instant, le flou demeure. Sébastien Lecornu a confirmé qu’il renonçait à certaines mesures emblématiques de l’ancien projet, comme la suppression de deux jours fériés, mais il n’a pas encore clarifié sa position concernant les APL. L’entourage du Premier ministre, interrogé par Les Échos, a même déclaré qu’il ne communiquerait rien tant que les consultations ne seraient pas achevées. Cette incertitude entretient l’inquiétude parmi les familles et les étudiants algériens qui, à quelques mois de la préparation de la rentrée 2026, ne savent pas si leur budget logement sera durablement affecté.