Ces derniers jours, une information, relative à l’euro, largement relayée sur TikTok a semé la confusion, voire la panique, chez de nombreux Algériens de France. La vidéo en question, devenue virale, avance que l’argent liquide serait sur le point de disparaître totalement dans l’Hexagone. Selon les propos de son auteur, une nouvelle loi viendrait interdire l’usage des billets et pièces, au profit d’un euro numérique qui deviendrait la seule monnaie disponible. Des déclarations qui ont provoqué une onde de choc chez les utilisateurs très attachés aux espèces, notamment dans la communauté algérienne, connue pour son recours fréquent au cash dans les transactions quotidiennes.
La peur s’est propagée à la vitesse d’un clic. Dans les commentaires, des internautes affirmaient que les banques allaient geler les comptes, que les distributeurs allaient être retirés, que tout paiement deviendrait traçable en temps réel. D’autres parlaient même d’un « contrôle total de la population par la monnaie numérique ». Ce qui n’était au départ qu’une vidéo montée de façon alarmiste a donné naissance à une série de contenus similaires, tous martelant la même idée : l’euro numérique remplacera bientôt totalement l’argent liquide. Une information fausse, démentie formellement par plusieurs sources officielles.
Le 21 avril 2025, le média 20 Minutes a pris le soin de démonter cette rumeur persistante. En rappelant les faits, le journal a expliqué que l’euro numérique est bel et bien un projet en cours de développement par la Banque centrale européenne, lancé depuis 2021. Cependant, son objectif n’est en aucun cas de remplacer les billets et pièces. Il s’agira simplement d’un moyen de paiement complémentaire, destiné à offrir une alternative moderne aux consommateurs, sans pour autant éliminer les autres formes de paiement. Dans un document officiel, la BCE insiste sur ce point : l’euro numérique ne viendra pas abolir les espèces.
La confusion autour de cette innovation résulte sans doute de l’incompréhension autour du concept même de monnaie numérique. Contrairement aux cryptomonnaies comme le Bitcoin, l’euro numérique serait émis par une institution publique, garanti par la BCE et utilisable dans l’ensemble de la zone euro. Il ne serait qu’une extension de l’euro physique, et non son remplacement. Pourtant, la rumeur s’est enracinée, notamment parmi des populations peu familiarisées avec les systèmes numériques, ou historiquement méfiantes envers les outils bancaires digitaux.
Le phénomène a eu un écho tout particulier parmi les Algériens vivant en France. Pour beaucoup, les paiements en espèces constituent encore une habitude ancrée dans la culture de gestion financière familiale. Utiliser du cash permet d’éviter certains frais bancaires, de maîtriser les dépenses au jour le jour, ou simplement de répondre à un usage traditionnel hérité de pratiques sociales transméditerranéennes. Dans ce contexte, l’idée d’une suppression pure et simple du liquide a suffi à provoquer un vent de panique dans certains cercles.
Le rejet de cette idée de disparition n’est d’ailleurs pas limité à une seule communauté. En France, une majorité de la population reste attachée à l’argent liquide. Un rapport publié par la Banque centrale européenne au premier trimestre 2025 montre que 60 % des Français jugent le paiement en espèces comme « important » ou « très important ». Ce chiffre est corroboré par les débats parlementaires récents. En 2024, le Sénat français a rejeté une proposition de loi visant à abaisser les plafonds de paiement en espèces. Les sénateurs ont estimé que cette mesure aurait fragilisé les personnes non bancarisées et restreint la liberté de paiement entre particuliers.
Face à cette mobilisation populaire et institutionnelle, rien n’indique à ce jour une volonté politique de faire disparaître le cash en France. L’euro numérique reste une option en gestation, prévue pour un déploiement à l’horizon 2027, et non une substitution brutale du système monétaire actuel. Pourtant, les fausses informations continuent de circuler, alimentées par des vidéos montées de manière sensationnaliste sur TikTok, parfois sans fondement ni vérification. Une situation qui appelle à la vigilance des internautes, mais aussi à une meilleure pédagogie des institutions pour expliquer ce qu’est réellement la future monnaie numérique européenne. Car dans l’ère de la viralité, une rumeur bien montée peut avoir plus d’impact qu’un communiqué officiel, surtout lorsqu’il s’agit d’un sujet aussi sensible que l’argent.
Lire également :
Voyage en Algérie : une passagère « spéciale » entraine dans sa chute un responsable
France : des Algériens menacés avec la nouvelle amende de 150 euros
Impot Gouv, déclaration impot 2025 : voici toutes les nouveautés