Europe : la BERD devrait débarquer à Alger

date Aïd el-Fitr 2025 Algérie Alger BERD

Alors que la coopération économique entre l’Algérie et l’Union européenne prend un nouvel élan, un événement marquant pourrait concrétiser cette dynamique dans les mois à venir : l’ouverture d’un bureau de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) à Alger. Une perspective qui s’inscrit dans le prolongement logique du projet pilote « Partenariat euro-algérien pour l’investissement durable », lancé en 2023 et qui vient tout juste de s’achever, laissant derrière lui des résultats jugés encourageants par les acteurs impliqués.

Le programme, mis en place par la délégation de l’UE en Algérie en collaboration avec l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) et le ministère des Affaires étrangères, aura permis de poser les bases d’une nouvelle ère de coopération bilatérale, plus structurée, mieux ciblée, et orientée vers des résultats concrets. La conférence de clôture de ce projet pilote, organisée le 24 avril à Alger, a réuni plusieurs figures de premier plan, parmi lesquelles Stefano Sannino, directeur général pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et le Golfe à la Commission européenne, en visite officielle en Algérie depuis le 21 avril. Lors de cette rencontre, il a été annoncé qu’un jumelage serait lancé prochainement avec l’AAPI, servant de base de travail pour le nouveau programme de partenariat qui devrait débuter dès 2026.

Le directeur général de l’AAPI, Omar Rekkache, a de son côté souligné l’importance de poursuivre sur cette lancée, insistant sur la nécessité de passer du stade des études et diagnostics à celui de la réalisation effective des projets. Selon lui, la coopération envisagée pour la période 2025-2027 devra reposer sur un climat d’affaires transparent et efficient, avec l’ambition claire d’attirer des investissements productifs en Algérie. Ce discours a trouvé un écho favorable du côté européen, notamment chez Stefano Sannino, qui a détaillé plusieurs initiatives en préparation. Parmi elles, la mise en place de zones économiques spéciales, le soutien au développement du partenariat public-privé, ainsi qu’un appui financier accru via des institutions européennes telles que la Banque européenne d’investissement (BEI) et la BERD. Ce dernier point retient particulièrement l’attention, puisque des discussions sont actuellement en cours pour l’implantation d’un bureau de la BERD à Alger, ce qui constituerait une avancée significative pour renforcer la présence européenne sur le terrain et accompagner les investisseurs de manière plus directe.

Cette orientation stratégique s’inscrit dans une volonté affirmée de garantir la stabilité et la prévisibilité des échanges commerciaux, deux piliers sur lesquels l’Union européenne souhaite bâtir ses futures relations avec l’Algérie. En présence de Diego Mellado Pascua, ambassadeur de l’UE à Alger, de Toufik Djouama, directeur général Europe au ministère algérien des Affaires étrangères, et de Kamel Moula, président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Stefano Sannino a appelé à un engagement mutuel fondé sur des règles claires, à l’image de celles de l’Organisation mondiale du commerce. Kamel Moula a profité de cette tribune pour rappeler l’importance de revoir l’accord d’association Algérie-UE, soulignant la nécessité de négocier dans un cadre transparent, prenant en compte les priorités propres à chaque partie. Il a également salué la création récente d’un portefeuille spécifique au sein de la Commission européenne dédié à la Méditerranée, avec à sa tête la commissaire Dubravka Šuica, chargée d’impulser un « Nouveau Pacte pour la Méditerranée ».

Le projet pilote, qui a servi de rampe de lancement à ces nouvelles perspectives, a permis plusieurs avancées concrètes. Il a notamment favorisé la constitution d’un groupe d’experts mixtes chargé du suivi des recommandations, identifié des secteurs clés pour les investissements européens en Algérie — notamment l’agroalimentaire, la pharmacie et les énergies renouvelables — et mis en place des missions de promotion dans 14 pays européens. Ces actions ont abouti à un intérêt manifeste de la part de 150 entreprises européennes, prêtes à investir en Algérie. Ce résultat est interprété comme un signal fort du potentiel encore sous-exploité du partenariat économique entre l’Algérie et l’UE. L’ouverture possible d’un bureau de la BERD à Alger apparaît donc non seulement comme une suite logique mais surtout comme un catalyseur pour concrétiser les ambitions affichées des deux parties.

Dans ce contexte, la coopération euro-algérienne semble entrer dans une phase plus mature, fondée sur l’expérience acquise, les leçons tirées du passé récent, et une volonté commune d’avancer de manière pragmatique. L’arrivée annoncée de la BERD dans la capitale algérienne pourrait bien incarner ce tournant tant attendu vers des investissements durables, créateurs de valeur et résolument tournés vers l’avenir.