L’année 2024 restera gravée comme un tournant stratégique pour l’Algérie, en termes d’exportation, sur la scène énergétique internationale. En réalisant des recettes d’exportation de l’énergie électrique de 268 millions d’euros, la compagnie nationale Sonelgaz confirme un changement d’échelle. Cette progression de 22 % par rapport à 2023, où les recettes s’élevaient à 219 millions d’euros, témoigne d’une montée en puissance calculée, méthodique, et soutenue par une vision industrielle clairement orientée vers les marchés extérieurs. Le cap est désormais donné : l’Algérie, par l’intermédiaire de Sonelgaz, ne se contente plus de répondre à ses besoins internes, elle ambitionne d’intégrer durablement le marché mondial de l’énergie.
Cette ambition se manifeste à plusieurs niveaux. D’abord par une diversification des destinations d’exportation. Si l’Europe reste une cible privilégiée, l’Algérie étend désormais ses réseaux vers d’autres pays arabes et africains, avec l’exportation de l’électricité, renforçant ainsi son influence régionale. Les responsables de Sonelgaz sont clairs : ce chiffre de 268 millions d’euros n’est pas un plafond, mais un palier. Il est appelé à croître au fil des mois, à mesure que les résultats d’étape se confirment et que les nouveaux partenariats prennent forme. Avec un taux d’intégration industrielle qui varie entre 50 % et 65 %, pouvant atteindre 90 % pour certains produits spécifiques, la compagnie entend s’imposer comme un acteur incontournable non seulement dans l’exportation d’énergie, mais aussi dans celle des équipements.
Ce développement s’appuie sur plusieurs piliers. La production et l’exportation des équipements électriques et gaziers fabriqués localement en Algérie en constituent le socle. Les opérations de réhabilitation d’installations, la formation technique à l’international et la fourniture de pièces spécifiques viennent compléter une offre globale pensée pour les besoins du continent et au-delà. Les équipements de détection du monoxyde de carbone, les compteurs électroniques d’énergie, les bornes de recharge pour véhicules électriques sont autant de produits désormais exportés vers des pays comme la Tunisie, l’Italie ou encore la Libye.
L’un des exemples les plus significatifs de cette montée en gamme est la production et l’exportation d’ailettes de turbines à gaz et à vapeur, des composants hautement techniques, destinés notamment à la Hongrie et aux Pays-Bas. Ces pièces de grande précision sont issues des ateliers de l’unité de maintenance et de fabrication de pièces de rechange de M’sila, pilotée par Saieg, une filiale du groupe Sonelgaz. Cette capacité à concevoir, produire et exporter des composants critiques place l’Algérie dans une dynamique industrielle rare sur le continent africain.
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Autre fleuron de cette stratégie, la société GEAT, fruit d’un partenariat entre Sonelgaz et General Electric. Située dans la wilaya de Batna, cette usine spécialisée dans les turbines et leurs systèmes de contrôle est aujourd’hui présentée comme une référence technologique sur le continent. En combinant savoir-faire local et expertise internationale, elle incarne la volonté du pays de devenir un acteur majeur dans la fabrication d’équipements destinés aux infrastructures énergétiques de nouvelle génération.
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Mais les ambitions algériennes ne s’arrêtent pas là. En ligne de mire, l’intégration pleine et entière au marché énergétique européen. Pour cela, Sonelgaz mise sur une énergie électrique décarbonée, qui s’inscrit dans les exigences environnementales du futur. Des études sont en cours pour consolider cette orientation stratégique. Le projet Medlink, une interconnexion sous-marine entre l’Algérie et l’Europe, figure parmi les infrastructures les plus attendues. À cela s’ajoute le SoutH2 Corridor, une initiative gigantesque à même de bouleverser les équilibres énergétiques du continent.
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En parallèle, d’autres projets d’interconnexion voient le jour, notamment avec la Tunisie et la Libye. Ces initiatives régionales visent à créer un véritable maillage énergétique, capable de sécuriser l’approvisionnement en électricité tout en valorisant la production nationale. Dans cette perspective, la politique énergétique algérienne semble guidée par une double ambition : devenir un pilier du développement régional tout en s’imposant sur les grandes chaînes de valeur mondiales. L’exportation n’est plus une option, mais une ligne de conduite, ancrée dans une vision à long terme qui combine innovation, intégration industrielle et souveraineté énergétique.