L’Algérie franchit une nouvelle étape stratégique dans son ambition d’élargir sa présence sur les marchés internationaux avec une opération d’exportation inédite qui sera menée par le groupe public Sonelgaz. Cette initiative, annoncée officiellement par le groupe, concerne l’envoi de turbines à gaz et d’équipements énergétiques vers des pays du Moyen-Orient avant la fin de l’année. Elle s’inscrit dans une dynamique de diversification des débouchés et de valorisation de la production nationale à haute valeur technologique, avec un accent particulier sur le partenariat algéro-américain tissé autour de la coentreprise Geat, implantée dans la wilaya de Batna.
Selon un communiqué diffusé par Sonelgaz, plusieurs protocoles d’accord ont été conclus récemment avec le géant américain GE Vernova. Ces accords visent à permettre la commercialisation à l’international des produits développés au sein de la coentreprise Geat. Plus précisément, un premier protocole a été signé pour l’exportation de turbines à gaz et d’équipements relatifs au transport de l’énergie. Les produits concernés sont issus de la chaîne de production algérienne localisée à Batna, où les deux partenaires industriels ont installé leur unité commune. Le déploiement de ces équipements ciblera deux pays du Moyen-Orient, dont les noms n’ont pas été rendus publics, mais qui font l’objet de contrats fermes en phase de réalisation.
Toujours d’après la même source, deux autres turbines à gaz, accompagnées d’éléments liés au transport de l’énergie, seront envoyées à un second pays de la région durant le quatrième trimestre 2025. Cette démarche constitue un jalon fondamental dans le plan de développement de Geat, qui aspire à faire de l’usine de Batna un centre de production régional de référence dans le domaine des turbines à gaz et hybrides. La stratégie poursuivie par Sonelgaz repose sur une montée en puissance des capacités de production, associée à une volonté affirmée de conquérir des parts de marché à l’export, dans un environnement concurrentiel dominé par les acteurs asiatiques et européens.
L’ambition de cette initiative est double. D’une part, elle vise à accroître la valeur ajoutée locale et à renforcer les capacités industrielles nationales avec l’exportation de produits finis depuis l’Algérie, mais également du savoir-faire. D’autre part, elle ambitionne de faire du partenariat avec GE un levier de transfert de technologie et de montée en compétence des ressources humaines locales. Ce volet a d’ailleurs été souligné lors d’une récente rencontre entre Mourad Adjal, président-directeur général de Sonelgaz, et Joseph Anis, vice-président de GE Vernova. Les deux responsables ont réaffirmé leur volonté commune de structurer un partenariat pérenne autour de la formation, de la qualification de la main-d’œuvre et du renforcement des capacités techniques de l’usine de Batna.
Depuis 2020, la coentreprise Geat s’est déjà illustrée par des livraisons de turbines et de composants énergétiques vers des destinations européennes et moyen-orientales, notamment le Koweït et les Pays-Bas. L’objectif désormais affiché est de stabiliser un flux régulier d’exportations tout en continuant à approvisionner le marché national en équipements critiques. L’usine de Batna est appelée à jouer un rôle central dans cette stratégie, avec des projets d’extension qui intégreront la fabrication de sous-stations électriques répondant aux standards internationaux les plus récents en matière de transport et de distribution d’énergie.
Cette avancée illustre la transformation progressive de l’industrie énergétique algérienne, autrefois exclusivement tournée vers la production domestique, en un acteur capable de répondre à la demande régionale et mondiale avec des produits compétitifs. Elle confirme également la volonté des autorités algériennes de soutenir les projets industriels structurants susceptibles de porter l’image d’un savoir-faire national à l’étranger, tout en générant des opportunités de croissance, d’emplois qualifiés et de revenus en devises pour le pays. Les mois à venir seront déterminants pour la réussite de cette opération d’exportation, qui pourrait ouvrir la voie à d’autres partenariats commerciaux de même envergure dans le monde arabe et au-delà, pour l’Algérie.