La question de l’expulsion des sans-papiers est devenue un enjeu majeur en France, et une préfecture semble avoir trouvé une méthode inédite pour accélérer les procédures. Dans les Hauts-de-Seine, le préfet Alexandre Brugère a mis en place une stratégie particulière qui repose sur un contact direct avec les détenus en situation irrégulière. Chaque mois, il se rend à la maison d’arrêt de Nanterre afin de rencontrer les sans-papiers incarcérés. L’objectif est simple : convaincre ces détenus qu’il est préférable d’accepter une expulsion volontaire plutôt que d’attendre une expulsion forcée. Lors de l’une de ses récentes interventions, relatée par la presse, il a tenu un discours très ferme : « Messieurs, vous n’avez plus votre place en France et vous n’êtes pas les bienvenus. Vous pouvez partir dans la dignité ou par la force ». Ce message illustre parfaitement la ligne choisie par la préfecture, celle de l’expulsion des sans-papiers en misant sur la persuasion directe et la clarté du langage.
Cette stratégie a rapidement montré des résultats concrets. Depuis le début de l’année, les chiffres témoignent d’une hausse significative : 52 % d’expulsions supplémentaires de détenus étrangers ont été enregistrés par rapport à l’ensemble de l’année précédente. Les autorités expliquent que cette démarche n’est pas seulement destinée à résoudre le problème de surpopulation carcérale, mais aussi à accélérer le rythme global des expulsions. La mise en place d’un tel dispositif démontre qu’il est possible d’associer expulsion des sans-papiers et efficacité administrative, même dans un contexte souvent marqué par la lenteur des procédures.
L’expulsion des sans-papiers s’accompagne également de mesures incitatives. Dès la fin de leur peine, les clandestins qui acceptent volontairement de quitter le territoire bénéficient d’un billet d’avion retour vers leur pays d’origine. Le processus se déroule généralement avec une organisation précise : un pécule est remis juste avant le départ, souvent sous forme de code de retrait utilisable dans les agences Western Union. La somme allouée peut atteindre jusqu’à 1 200 euros, auxquels s’ajoutent 600 euros supplémentaires si le sans-papiers concerné a des enfants. Cette aide financière diminue cependant lorsque l’obligation de quitter le territoire français, appelée OQTF, est ancienne. Ainsi, plus le temps passe, moins la prime est importante. Cela constitue une incitation forte pour les détenus à accepter l’expulsion le plus rapidement possible, en comprenant qu’un retour anticipé est financièrement plus avantageux.
Derrière cette stratégie se cache également une volonté politique d’éviter certains blocages diplomatiques. Dans de nombreux cas, l’expulsion des sans-papiers se heurte au refus de pays d’origine qui rechignent à délivrer des laissez-passer consulaires. L’Algérie est souvent citée comme exemple, puisqu’elle refuse fréquemment de reprendre ses ressortissants expulsés par la France. En encourageant les sans-papiers à rentrer volontairement, la préfecture contourne cette difficulté. Lorsqu’un individu voyage librement avec ses papiers en main, le pays d’origine ne peut légalement refuser son entrée sur le territoire. De cette manière, l’expulsion devient possible sans confrontation diplomatique directe, ce qui explique en partie l’efficacité de cette approche.
L’expulsion des sans-papiers, telle qu’elle est pratiquée dans les Hauts-de-Seine, repose donc sur une combinaison de fermeté et d’incitation. La fermeté se traduit par des messages clairs et répétés, adressés directement aux détenus, pour leur rappeler qu’ils n’ont plus de place en France. L’incitation, quant à elle, se manifeste par des aides financières et une logistique de retour simplifiée, qui transforment l’expulsion en une option moins brutale que l’attente d’une expulsion forcée. Cette double approche permet à la préfecture d’atteindre ses objectifs, tout en respectant le cadre légal.