Lors de sa visite au ministère de la Défense nationale, le président Abdelmadjid Tebboune a tenu un discours d’une rare clarté sur plusieurs sujets sensibles touchant à la politique étrangère de l’Algérie. Parmi eux, la question longtemps débattue de la fermeture des frontières entre l’Algérie et le Maroc, souvent associée à des divergences politiques ou à la question du Sahara occidental. Face aux rumeurs et aux interprétations hâtives, Tebboune a tenu à remettre les pendules à l’heure et à expliquer les véritables raisons de cette situation qui perdure depuis des décennies.
Le chef de l’État a affirmé sans détour que les frontières entre l’Algérie et le Maroc n’avaient pas été fermées pour des raisons liées au Sahara occidental. « Les frontières n’ont pas été fermées à cause du Sahara occidental. Elles l’ont été pour d’autres raisons. En soixante-trois ans d’indépendance, nos frontières sont restées closes plus de quarante-cinq ans », a déclaré Tebboune, balayant ainsi les interprétations politiques simplistes souvent relayées dans la région.
Cette mise au point intervient alors que les relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc traversent une période particulièrement tendue. Mais pour Tebboune, il est essentiel de distinguer la question des frontières de celle du Sahara occidental, dossier qu’il qualifie de « dernière question de décolonisation du continent africain ». Fidèle à la ligne historique de la diplomatie algérienne, le président a réaffirmé le soutien de l’Algérie au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, tout en rappelant que la position d’Alger ne changera pas : « Nous respecterons le choix du peuple sahraoui, à condition qu’il soit libre et souverain. »
Abdelmadjid Tebboune a également tenu à répondre à ceux qui mettent en doute la fermeté de l’Algérie face aux pressions extérieures : « Qu’ils nous insultent ou qu’ils nous menacent, nous ne renoncerons jamais au Sahara occidental », a-t-il insisté. Un message adressé autant à l’extérieur qu’à l’intérieur, pour rappeler que la position de l’État algérien sur ce dossier repose sur des principes et non sur des intérêts conjoncturels.
Le président Tebboune ne s’est pas limité à évoquer le dossier des frontières entre l’Algérie et le Maroc. Il a également abordé d’autres sujets régionaux, notamment la situation au Sahel, en Libye et dans les pays du Golfe. Sur le Sahel, il a tenu à tempérer les analyses alarmistes : « L’Algérie n’a pas atteint le point de non-retour dans ses relations avec certains pays du Sahel », a-t-il affirmé, insistant sur l’importance de préserver les liens historiques et humains avec les peuples voisins du sud.
Concernant la Libye, Tebboune a réitéré la ligne de conduite constante de la diplomatie algérienne : la non-ingérence dans les affaires internes des autres pays. « Nous ne nourrissons aucune ambition dans ce pays frère », a-t-il souligné, appelant à la tenue d’élections libres et inclusives pour rétablir la stabilité et préserver l’unité nationale libyenne.
Abordant enfin la question des relations avec les pays du Golfe, Tebboune a décrit des rapports « globalement excellents », tout en reconnaissant qu’un différend subsiste avec un seul pays, qu’il n’a pas nommé. Selon lui, « le problème vient de celui qui cherche à semer le désordre en Algérie pour des raisons suspectes ».
En abordant aussi directement la question des frontières entre l’Algérie et le Maroc, le président Tebboune a voulu réaffirmer la cohérence de la politique étrangère algérienne, fondée sur la souveraineté, la stabilité régionale et la solidarité avec les peuples en lutte. Un discours ferme, mais porteur d’un message d’équilibre : la main de l’Algérie reste tendue, à condition que le respect mutuel prime sur les provocations.
À travers cette nouvelle sortie, Abdelmadjid Tebboune continue de tracer une ligne claire : défendre les intérêts de l’Algérie, sans jamais céder à la pression, tout en laissant la porte ouverte à la raison et au dialogue. Et si les frontières Algérie – Maroc demeurent fermées pour l’instant, elles ne sont pas condamnées à le rester à jamais — du moins pas tant que la diplomatie trouvera un espace pour reconstruire la confiance perdue.