La décision tant attendue est tombée. L’Assemblée nationale a voté, le 28 mai 2025, la suppression des zones à faibles émissions (ZFE), un dispositif qui restreignait jusqu’ici la circulation des véhicules anciens et jugés trop polluants. En France, les ZFE impactaient fortement des milliers de conducteurs, notamment parmi les Algériens de France, nombreux à utiliser des véhicules de seconde main pour leurs déplacements quotidiens. Désormais, les automobilistes détenteurs de voitures classées Crit’Air 3 ou plus n’auront plus à éviter les grandes agglomérations ni à envisager un remplacement coûteux de leur véhicule.
Pour les Algériens vivant en France, cette suppression des ZFE est perçue comme un véritable soulagement. Beaucoup d’entre eux résident dans ou autour de zones urbaines où les ZFE étaient strictement appliquées. Ces zones, mises en place depuis 2019 dans des villes comme Paris, Lyon, Montpellier ou encore Grenoble, visaient à limiter l’accès aux véhicules les plus anciens pour lutter contre la pollution atmosphérique. Leur disparition va permettre aux véhicules concernés, souvent détenus par des foyers modestes, de circuler à nouveau librement dans ces périmètres, sans crainte d’amende ni besoin de débourser des milliers d’euros pour un modèle plus récent.
La fin des ZFE en France pourrait donc représenter une bouffée d’oxygène pour les Algériens, qui, en grande partie, ont vu dans ces restrictions une forme de discrimination sociale indirecte. Le coût d’un véhicule neuf ou hybride, plus conforme aux normes environnementales exigées par les ZFE, était souvent hors de portée pour une grande partie des classes populaires, parmi lesquelles les Algériens sont surreprésentés. Cette mesure est donc vécue par beaucoup comme la fin d’une pression économique injuste.
Derrière cette décision, une volonté politique claire s’est dessinée. Le projet a été introduit en commission à l’initiative des groupes Les Républicains (LR) et Rassemblement National (RN), avec le soutien de LFI et de certains députés centristes. En tout, 98 députés ont voté en faveur de la suppression contre 51 opposants, principalement issus des rangs écologistes, socialistes, mais aussi de quelques voix dissidentes au sein de la majorité. Le gouvernement, lui, s’était montré opposé à cette décision, défendant un compromis qui n’a pas trouvé de majorité.
Du côté des défenseurs de l’environnement, cette décision inquiète. Les ZFE avaient été instaurées pour lutter contre les particules fines, responsables de près de 40 000 décès prématurés par an en France selon Santé Publique France. Leur suppression soulève donc des préoccupations en matière de santé publique, notamment dans les centres urbains denses. De plus, elle pourrait compromettre les engagements de la France envers ses objectifs climatiques européens, voire entraîner la suspension de certaines aides financières conditionnées à la réduction des émissions.
Mais dans les faits, l’application des ZFE était déjà chaotique. Plusieurs villes avaient suspendu ou adapté leur calendrier initial, face à la grogne croissante des citoyens. L’uniformisation nationale désormais actée simplifie le cadre réglementaire. Les Algériens de France, nombreux à posséder des véhicules anciens importés ou achetés d’occasion, pourront ainsi circuler librement sans distinction entre territoires, un point non négligeable pour ceux qui doivent souvent traverser plusieurs zones urbaines dans leur quotidien ou lors des congés.
Cette mesure, si elle ne fait pas l’unanimité, marque un tournant politique majeur dans la gestion des mobilités urbaines. En supprimant les ZFE, la France opte pour une approche plus souple, jugée plus juste socialement, au détriment des impératifs environnementaux stricts. Pour les Algériens installés en France, souvent premiers touchés par les restrictions de circulation, cette nouvelle législation est d’autant plus significative qu’elle leur permet de préserver leur mode de vie et leur pouvoir d’achat, dans un contexte économique déjà tendu.