Finabi appelle à « criminaliser les transactions sur le marché noir »

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Finabi, cabinet de conseil financier reconnu, a récemment pris une position forte concernant le marché informel des devises en Algérie, en appelant à « criminaliser les transactions sur le marché noir ». Cette déclaration intervient dans un contexte où le pays, tout en cherchant à réguler le secteur financier, fait face à des défis croissants liés à la spéculation, à l’évasion fiscale et au blanchiment d’argent. Les autorités algériennes ont d’ailleurs annoncé la mise en place d’une série de mesures visant à faciliter l’accès des citoyens à l’allocation touristique, tout en cherchant à endiguer la montée de l’informel, principal levier des activités illégales.

L’allocation touristique, cette aide accordée par la Banque d’Algérie sous forme de devises, permet aux voyageurs de bénéficier d’une somme en euros pour leurs déplacements à l’étranger. Ces derniers mois, cette allocation a fait l’objet de débats intenses, car elle était jugée insuffisante, plafonnée à seulement 100 euros pour les adultes, une somme jugée trop faible face aux coûts réels des voyages internationaux. Le président Abdelmadjid Tebboune a ainsi pris la décision d’augmenter ce montant à 750 euros pour les adultes, et à 300 euros pour les mineurs, dans le but d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens à l’étranger. Cette mesure a été saluée par certains experts, mais soulève également des questions cruciales sur la gestion des flux de devises.

Chabane Assad, le fondateur du cabinet Finabi, s’est félicité de cette mesure dans des déclarations accordées à El Moudjahid, la qualifiant d’ »optimale » car elle vise à contrer l’expansion du marché informel des devises. En effet, selon Assad, l’augmentation de l’allocation touristique pourrait grandement affaiblir les réseaux parallèles qui prospèrent grâce à la demande en devises étrangères. Ces transactions illégales, souvent effectuées sur le marché noir, alimentent des pratiques nuisibles telles que le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale et la spéculation. De plus, cette situation prive l’État de précieuses ressources fiscales et aggrave les tensions sur le marché des devises.

Une des propositions les plus marquantes avancées par Finabi est la criminalisation des transactions réalisées sur le marché noir. Le cabinet estime qu’une telle mesure serait décisive pour réduire la demande illégale de devises et, par conséquent, limiter l’impact de l’informel sur l’économie nationale. En effet, chaque jour, des millions de dinars circulent sous le manteau, échappant ainsi à toute régulation étatique et à toute forme de taxation. En introduisant une législation ferme et des sanctions strictes à l’encontre des acteurs du marché noir, l’Algérie pourrait non seulement renforcer sa position sur le marché des devises, mais également donner un signal fort aux citoyens, leur montrant que l’État est déterminé à éradiquer ces pratiques illégales.

Une autre mesure, également soutenue par Finabi, consisterait à encourager l’utilisation de bureaux de change agréés par l’État. Ces derniers, notamment ceux qui seront prochainement installés dans les aéroports d’Alger, permettront de fournir une solution formelle et sécurisée aux voyageurs. En facilitant l’accès aux devises étrangères à travers des circuits légaux, le gouvernement espère réduire l’attrait du marché noir, tout en assurant une meilleure régulation des flux financiers. Selon Mokhtar Saïd Mediouni, PDG de la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires d’Alger (SGSIA), ces bureaux de change seront essentiels pour la mise en œuvre de l’allocation touristique. Ils offriront une alternative fiable et sécurisée aux transactions informelles, permettant ainsi aux citoyens de retirer leurs fonds sans risque de fraude ou de spéculation.

Il est important de noter que la décision d’augmenter l’allocation touristique à 750 euros par adulte et 300 euros par mineur est également liée à un objectif économique stratégique. En effet, cette mesure devrait permettre de mieux gérer les flux de devises entrant et sortant du pays, tout en réduisant la pression sur les réserves de change du pays. Selon Chabane Assad, une partie de cette demande sera couverte par les flux financiers transférés par la diaspora algérienne, qui a représenté 1,868 milliard de dollars en 2023. Ces flux pourraient être partiellement redirigés pour financer l’allocation touristique, tout en minimisant l’impact sur les réserves monétaires de l’État. L’Algérie, qui a longtemps été confrontée à une forte demande de devises, voit cette nouvelle approche comme une opportunité de renforcer son contrôle sur le marché des changes.

Au final, la problématique du marché noir des devises en Algérie reste un sujet complexe et multidimensionnel. Tandis que le pays cherche à rationaliser ses allocations et à faciliter les transactions légales, la mise en place de mesures strictes contre les activités informelles devient cruciale pour la stabilité économique. L’appel de Finabi à criminaliser les transactions sur le marché noir pourrait être une étape déterminante pour assainir le secteur et soutenir les efforts visant à promouvoir une économie plus transparente et durable.

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