Lors de sa récente visite de travail et d’inspection dans la wilaya d’Adrar, ce lundi, le ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaâ, a exprimé une profonde inquiétude face à une problématique bien ancrée dans les rouages de l’administration publique algérienne : le fléau de la « Maârifa ». Ce terme, qui désigne un système de favoritisme fondé sur des relations personnelles et des réseaux d’influence, est loin d’être un phénomène nouveau. Toutefois, le ministre a souhaité, cette fois, mettre en lumière l’ampleur de son impact, en particulier dans le secteur judiciaire.
Au cœur de son intervention, Boudjemaâ a rappelé l’importance de l’écoute attentive des citoyens par les responsables judiciaires. Selon lui, les nombreux déplacements des citoyens vers les tribunaux et conseils judiciaires pour solliciter des médiations en sont un signe clair : leurs problèmes n’ont pas trouvé de solution. Le ministre a insisté sur le fait que s’occuper des citoyens ne signifie pas forcément leur donner raison, mais bien les écouter. Cette écoute est parfois la première étape vers la résolution de leurs difficultés, soulignant l’importance de la transparence et de l’accès à une justice équitable pour tous.
Cependant, au-delà de cette question fondamentale de l’écoute, Lotfi Boudjemaâ a adressé un sévère avertissement à ceux qui exploitent les failles du système à leur profit. Il a dénoncé fermement les pratiques de ceux qui, sous couvert de fausses relations influentes ou de contacts fictifs avec des responsables, cherchent à soutirer de l’argent aux citoyens dans des situations de vulnérabilité. En effet, des escrocs se présentent comme des intermédiaires capables de résoudre les affaires judiciaires moyennant des sommes considérables, souvent en prétendant connaître des personnalités influentes telles que des ministres ou des PDG. Le ministre a été catégorique : de telles pratiques sont inacceptables et doivent être éradiquées sans délai.
Boudjemaâ a fait part de son indignation face à ces imposteurs qui usurpent des identités et abusent de la crédulité des citoyens désespérés. Il a illustré ce phénomène par des exemples concrets où ces individus se vantent de connaître des figures influentes de l’État pour se faire rémunérer des services inexistants. « Il se propose, il te dit je connais tel PDG, tel ministre… non, il faut mettre un terme à cela ! », a-t-il martelé, soulignant l’importance d’arrêter ces pratiques néfastes.
Dans son discours, le ministre a également averti contre les risques d’escroquerie et de fraude auxquels sont exposés les citoyens. Il a précisé que la lutte contre ces actes de malhonnêteté ne serait pas qu’un simple combat moral, mais également une démarche légale. « Nous ne laisserons plus ces escrocs agir en toute impunité », a-t-il affirmé avec fermeté. Ce message s’inscrit dans une série de mesures qu’il a promises pour nettoyer le secteur judiciaire et garantir que la justice ne soit pas détournée au profit de quelques individus malintentionnés.
Dans le cadre de ces nouvelles orientations, des poursuites judiciaires sévères seront engagées contre les personnes impliquées dans ces pratiques, sans la moindre indulgence. Le ministre a précisé qu’il n’y aurait aucune tolérance pour ceux qui tentent d’exploiter les citoyens en se prévalant de relations fictives. Cette fermeté est un signal fort envoyé à tous ceux qui, jusque-là, se croyaient protégés par leur réseau d’influence.
Lotfi Boudjemaâ a conclu son intervention en réaffirmant que la justice doit avant tout être un service public dédié à la satisfaction des citoyens. L’idée est de mettre en place un système judiciaire où l’égalité et l’équité sont les maîtres mots, loin des pratiques de favoritisme qui gangrènent de nombreux secteurs de la société. Pour le ministre, la satisfaction des citoyens ne se limite pas à leur permettre d’obtenir gain de cause, mais passe également par un système où chaque individu peut faire entendre sa voix, sans avoir à recourir à des intermédiaires ni se tourner vers la Maârifa.
Ainsi, ce discours du ministre de la Justice met en lumière une prise de position claire et déterminée contre les dérives qui nuisent à la crédibilité du système judiciaire algérien. Alors que le pays aspire à une transformation profonde de ses institutions, l’engagement de Lotfi Boudjemaâ à lutter contre l’injustice et les escroqueries, symbolisées par la Maârifa, pourrait marquer un tournant crucial pour la confiance des citoyens envers la justice.
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