Frais du passeport algérien : un amendement phare rejeté

Puis-je voyager même si mon passeport algérien expire bientôt passeports algériens

Le débat autour des frais du passeport algérien a pris une nouvelle dimension lors de l’examen des amendements du Projet de loi de finances 2026 à l’Assemblée populaire nationale. Alors que les discussions portaient sur plusieurs dispositions fiscales, l’intervention du député de la diaspora, Fares Rahmani, a retenu l’attention en raison de la question sensible qu’elle soulève pour des milliers d’Algériens établis à l’étranger. Son amendement, pourtant présenté comme rationnel et aligné sur l’évolution du marché monétaire, n’a pas été retenu par la commission des finances, suscitant un vif débat au sein de la communauté concernée.

Le député a mis en avant une réalité économique incontestable : le système actuel repose toujours sur une décision datant de 2009, qui fixe les frais du passeport algérien selon un taux de référence établi à l’époque, soit l’équivalent d’un euro pour 100 dinars algériens. Cette base, devenue obsolète avec le temps, fausse mécaniquement le montant payé dans les consulats. En l’absence de mise à jour, les détenteurs d’un passeport algérien à l’étranger se retrouvent contraints de payer un droit de timbre fixé à 60 euros, ce qui correspondait effectivement à 6.000 dinars en 2009. Mais la valeur du dinar a changé. Un euro équivalant en 2025 à environ 150 dinars, le coût réel s’élève désormais à 9.113 dinars, créant un écart significatif avec le tarif appliqué en Algérie.

Le parlementaire a donc estimé indispensable de réadapter ces montants. « Le taux de change de référence fixé en 2009 est obsolète », a-t-il affirmé devant la commission, insistant sur un mécanisme de mise à jour annuelle. Selon lui, « mon amendement est clair. Le prix du timbre du passeport doit être fixé annuellement en fonction du taux de change officiel du moment du dinar algérien, par un arrêté interministériel entre le ministre des Affaires étrangères et le ministre des Finances ». L’objectif était simple : harmoniser le tarif payé par les Algériens résidant à l’étranger avec celui appliqué au pays, en tenant compte de l’évolution monétaire réelle.

Pour le député, la différence actuelle — soit 3.113 dinars — représente plus qu’un simple écart technique. Elle constitue une injustice flagrante, contraire à l’esprit d’équité inscrit dans la Constitution. À ce titre, il précise que son initiative visait à instaurer une unification du droit de timbre à travers une révision des frais du passeport algérien, pour que le détenteur d’un passeport, qu’il vive au pays ou à l’étranger, paie le même montant pour le même service, sans être victime d’un taux de change dépassé.

Cependant, malgré les arguments présentés et l’enjeu social mis en lumière, « l’amendement a été rejeté, mais je maintiens la proposition », a-t-il indiqué. Le député a exprimé sa déception, regrettant que la commission des finances n’ait pas donné suite à ce qu’il considère comme une nécessité administrative et économique. Il a toutefois annoncé son intention de représenter son amendement lors de la plénière prévue le 18 novembre. Selon lui, la révision des frais du passeport algérien ne relève pas du privilège mais du droit, et il estime que la question doit être discutée aussi longtemps que cette inégalité persistera.

Dans l’attente de la séance plénière, la diaspora observe attentivement l’évolution du dossier. Le rejet de cette première tentative n’a pas mis fin au débat, bien au contraire : il a ravivé les interrogations sur la nécessité d’adapter les textes aux réalités économiques actuelles, afin que la délivrance d’un passeport ne devienne pas une charge injustifiée pour ceux qui vivent à l’étranger. Les prochaines discussions pourraient donc être décisives, tant pour la cohésion administrative que pour le lien symbolique qui unit l’État à sa communauté expatriée.