Dans un climat de plus en plus tendu entre Paris et Alger, la question du visa France pour les Algériens revient brutalement sur le devant de la scène. À l’Assemblée nationale française, plusieurs députés de droite et d’extrême droite ont profité de l’affaire Boualem Sansal pour attaquer frontalement l’Algérie et exiger des mesures de rétorsion inédites. Parmi elles, la suspension immédiate de la délivrance du visa France pour les Algériens, tant que l’écrivain algérien n’aura pas été libéré.
Cette initiative parlementaire, débattue le jeudi 2 mai 2025, marque un tournant inquiétant dans les relations bilatérales. Des amendements proposés au sein de la commission des affaires européennes prévoient explicitement de conditionner l’octroi du visa France pour les Algériens à des exigences politiques. Le texte, porté notamment par des députés du Rassemblement National et des Républicains, appelle le gouvernement français à geler les demandes de visa France pour les Algériens jusqu’à ce que les autorités algériennes relâchent Boualem Sansal, actuellement détenu.
Un extrait sans équivoque de ces amendements mentionne : « Nous appelons le gouvernement à restreindre drastiquement, voire cesser la délivrance du visa France pour les Algériens tant que Boualem Sansal reste emprisonné ». Derrière cette formule, c’est toute une logique punitive qui se met en place, visant une population entière en réponse à une décision souveraine de la justice algérienne.
Les débats parlementaires qui ont accompagné ces propositions se sont teintés d’un ton particulièrement condescendant. Certains députés ont parlé « d’humiliation volontaire » infligée à Sansal par les autorités algériennes, tout en reprochant au gouvernement français son attitude jugée trop molle. Ils réclament l’utilisation de tous les leviers disponibles, y compris financiers et diplomatiques, pour faire pression sur l’Algérie, et placent clairement le visa France pour les Algériens au cœur de cette stratégie.
Outre la question du visa France pour les Algériens, ces amendements vont plus loin et veulent redéfinir les termes mêmes de la coopération franco-algérienne. Les auteurs du texte souhaitent transformer ce qu’ils appellent un « partenariat » en une relation conditionnelle. Toute collaboration financière ou administrative serait désormais soumise à des exigences comme la réadmission des migrants expulsés ou encore la libération immédiate de Sansal.
Dans un élan encore plus offensif, les députés à l’origine de cette initiative proposent d’impliquer directement l’Union européenne. Ils suggèrent que les aides financières futures versées à l’Algérie soient rendues dépendantes de critères dictés par la France, dont notamment la question migratoire et le sort de l’écrivain. Le chiffre de 213 millions d’euros, alloués par l’UE à l’Algérie entre 2021 et 2024, est invoqué pour justifier cette pression.
Ce positionnement extrême reflète une vision néocoloniale des relations internationales, où les mécanismes comme le visa France pour les Algériens deviennent des outils de coercition plutôt que des instruments de coopération. L’Algérie, fidèle à ses principes de souveraineté, rejette toute tentative d’immixtion dans ses affaires internes, quelles que soient les formes ou les canaux utilisés.
Face à cette montée de tension, la diplomatie semble aujourd’hui le seul terrain possible pour apaiser les relations. Mais tant que certaines voix au sein de l’Assemblée nationale continueront de brandir le visa France pour les Algériens comme une arme politique, le climat risque de rester profondément marqué par la défiance.