France, affaire Chahinez Daoud : un Algérien risque la réclusion à perpétuité

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L’affaire Chahinez Daoud, tragique féminicide survenu en mai 2021 à Mérignac, près de Bordeaux, continue de susciter l’indignation en France. Ce vendredi 28 mars 2025, le ministère public a requis la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans, à l’encontre de Mounir Boutaa, accusé d’avoir assassiné son épouse dans des circonstances d’une rare violence. Le quadragénaire, de nationalité algérienne, avait tiré deux balles dans les jambes de Chahinez Daoud avant de l’asperger d’essence et d’y mettre le feu en pleine rue.

Lors du procès qui s’est ouvert lundi 24 mars, les faits ont été rappelés avec précision. Chahinez Daoud, une femme de 31 ans, avait demandé le divorce après avoir subi des violences répétées de la part de son mari. Celui-ci, incapable d’accepter la séparation, avait prémédité son acte. Selon l’avocate générale, Cécile Kauffman, le prévenu était posté devant le domicile de sa victime depuis l’aube, dissimulé dans un fourgon. « Il s’agissait d’un véritable guet-apens, un acte d’extermination », a-t-elle martelé devant la cour d’assises de la Gironde.

L’autopsie a révélé que la victime était encore en vie lorsque les flammes l’ont consumée. Ce détail a ému toute la salle, notamment les proches de Chahinez Daoud, qui assistent au procès dans un silence chargé d’émotion. « Ma fille avait décidé de reprendre sa vie en main, elle voulait juste être libre », a déclaré sa mère en pleurs. Son témoignage poignant a rappelé la détresse des familles de victimes de violences conjugales.

Les experts psychiatriques qui ont examiné Mounir Boutaa l’ont décrit comme un individu à la personnalité « paranoïaque » avec des « traits narcissiques marqués ». Son discernement aurait été altéré au moment des faits, mais pas au point de le rendre irresponsable pénalement. « Il savait ce qu’il faisait. Il a préparé son crime avec méthode », a expliqué l’un des experts à la barre.

Face aux accusations, le mis en cause a tenté de minimiser son geste, affirmant ne pas avoir prémédité le meurtre. « Je voulais juste lui faire peur, je ne voulais pas la tuer », a-t-il assuré devant la cour. Une déclaration qui a provoqué des réactions outrées parmi les proches de la victime. « C’est indécent d’entendre ça alors qu’il avait tout prévu pour la réduire en cendres », a réagi l’un des avocats de la partie civile.

L’affaire Chahinez Daoud a mis en lumière de graves dysfonctionnements dans la protection des victimes de violences conjugales. L’homme avait déjà été condamné pour violences sur son épouse et devait être sous surveillance judiciaire. « Il y a eu des échecs à tous les niveaux, de la police jusqu’au système judiciaire », a déclaré Mine Günbay, directrice de la Fédération nationale Solidarités Femmes. « Nous devons nous assurer que de telles tragédies ne puissent plus se reproduire. »

Ce vendredi, le parquet a donc requis la peine maximale pour cet assassinat d’une brutalité inouïe. « Quand il est frustré, il n’entrevoit qu’un seul recours : l’extermination », a martelé Cécile Kauffman. En plus de la perpétuité assortie de 22 ans de sûreté, le retrait de l’autorité parentale, une interdiction de port d’arme et un suivi socio-judiciaire de dix ans avec obligation de soins ont été demandés.

Le verdict est attendu dans les prochaines heures. Pour la famille de Chahinez Daoud, seule une peine exemplaire permettra de rendre justice à leur fille. « Nous voulons que son calvaire ne soit pas oublié », a confié son père, la voix brisée par l’émotion. La France, elle aussi, attend un signal fort dans la lutte contre les féminicides.

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