France, affaire Youcef Atal : le verdict final est tombé

Youcef Atal

Le footballeur international algérien Youcef Atal vient de connaître l’épilogue judiciaire d’une affaire qui aura marqué sa carrière et suscité une vive controverse dans l’opinion publique française.

Ce mercredi 30 avril 2025, la cour d’appel d’Aix-en-Provence a rendu son verdict : le joueur est condamné à huit mois de prison avec sursis, assortis d’une amende de 45 000 euros, pour incitation à la haine en raison de la religion. Cette décision confirme en tous points celle prononcée en première instance en janvier 2024 par le tribunal correctionnel de Nice, ville du sud de la France, qui avait déjà jugé les faits suffisamment graves pour infliger cette peine.

Les faits remontent à la mi-octobre 2023, dans un contexte international particulièrement tendu. Cinq jours après l’attaque du mouvement islamiste Hamas contre Israël, Youcef Atal avait partagé sur Instagram une vidéo de 35 secondes, dans laquelle le prédicateur palestinien Mahmoud Al Hasanat évoquait les souffrances des enfants à Gaza, concluant son intervention par un appel à « un jour noir sur les juifs ». Cette publication, envoyée à plus de 3,2 millions d’abonnés, avait immédiatement déclenché une vague d’indignation, tant au sein de la sphère politique que dans le milieu sportif.

Prévenu rapidement du caractère polémique de la vidéo, l’OGC Nice, son club de l’époque, avait demandé à Atal de supprimer la publication. Ce qu’il avait fait dans la foulée, tout en présentant publiquement ses excuses. Mais le mal était fait : plusieurs plaintes avaient été déposées par des associations comme la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) Côte d’Azur, la Ligue de football professionnel, ainsi que le Crif Sud-Est. L’affaire avait ainsi pris une tournure judiciaire, avec une mise en examen suivie d’un premier procès à Nice.

Devant les juges, puis à nouveau en appel, le joueur a tenté de se justifier. Il a affirmé qu’il n’avait « jamais eu l’intention de blesser qui que ce soit », expliquant que son message n’était motivé que par un « soutien à un peuple en souffrance », sans connotation antisémite. Lors de l’audience en appel début avril, Atal a insisté sur son absence de volonté politique, répétant qu’il n’était « qu’un joueur de foot » et qu’il n’avait pas visionné l’intégralité de la vidéo avant de la partager. Il a reconnu son erreur, déclarant qu’il aurait « dû faire plus attention » et ne pas se contenter de la première impression laissée par les premières secondes du message.

Malgré ses explications, la cour a estimé que le joueur devait être tenu responsable de ce qu’il publie sur ses réseaux sociaux. L’avocate générale a d’ailleurs parlé d’un « message insidieux », dont l’impact reste « clairement un appel à la haine », même si, selon elle, « la forme peut paraître ambiguë ». La justice a donc maintenu la condamnation initiale, renforçant l’idée selon laquelle les personnalités publiques ne peuvent se soustraire à leurs responsabilités en matière de communication, même lorsqu’elles affirment agir par empathie. Outre les huit mois de prison avec sursis et l’amende de 45 000 euros, le joueur devra verser aux parties civiles environ 15 000 euros de frais de procédure. Une décision qui pourrait encore peser lourdement sur la réputation du footballeur, bien que sa trajectoire sportive ait depuis pris un autre tournant.

Peu après sa première condamnation, l’OGC Nice avait mis fin à sa collaboration avec Youcef Atal, actant ainsi la fin d’un parcours entamé en 2018 avec le club azuréen. Il avait alors rejoint le club turc d’Adana Demirspor, qu’il a quitté l’été suivant pour Al-Sadd, au Qatar. Ce transfert semblait marquer une nouvelle étape dans sa carrière, loin des projecteurs médiatiques français. Cependant, cette affaire judiciaire, désormais close sur le plan pénal, laisse une trace durable dans le parcours du joueur, aussi bien en termes d’image que de responsabilité publique.

Youcef Atal, aujourd’hui âgé de 28 ans, n’a pas encore réagi publiquement au verdict final. Il reste à voir si ce chapitre désormais refermé par la justice française aura un impact durable sur sa carrière internationale ou s’il saura tourner la page en se concentrant sur le terrain. Dans tous les cas, cette affaire rappelle que les réseaux sociaux, même pour des personnalités du monde du sport, peuvent devenir un terrain miné lorsque des propos sensibles y sont relayés sans vigilance.