L’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, continue de faire parler de lui en maintenant une position ferme sur les relations franco-algériennes. Après avoir déjà appelé à des sanctions contre Air Algérie et à la fermeture des consulats, il persiste et signe en évoquant une possible interruption totale de tout vol entre Paris et Alger.
Dans une intervention sur « Points de Vue » (Le Figaro TV), Driencourt a rappelé sa position sur les accords franco-algériens de 1968, qu’il juge trop favorables à l’Algérie. « Globalement, oui, les accords de 1968 sont favorables à Alger. Il y a peut-être une cinquantaine de Français qui vont en Algérie munis d’un passeport diplomatique. Dans le sens inverse, beaucoup plus d’Algériens viennent ici. Ni vous ni moi n’allons nous faire soigner en Algérie par exemple », a-t-il déclaré avec une pointe d’ironie.
L’ancien diplomate critique la stratégie actuelle de la France face à l’Algérie. « Nous montons tout de suite à l’arme nucléaire (des accords de 1968, NDLR) alors qu’on aurait pu user de la riposte graduée en prenant plus tôt, dès l’arrestation de Boualem Sansal, des mesures sur les visas des hauts dignitaires algériens par exemple, et ce sans forcément communiquer d’ailleurs ». Il met ainsi en avant ce qu’il considère comme un manque de subtilité dans la gestion de cette crise diplomatique.
Les tensions entre la France et l’Algérie se sont intensifiées avec une succession d’événements, notamment l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal, l’affaire des « influenceurs algériens » et l’attentat de Mulhouse, où l’assaillant avait été refusé par l’Algérie à quatorze reprises. Face à cette escalade, Driencourt prévient que la situation pourrait empirer si Alger refuse de renégocier les accords de 1968. « Il faudra alors dénoncer ces derniers, mais ce peut aussi, à terme, aller vers la rupture des relations diplomatiques. Juridiquement, nous n’y sommes pas, mais la rupture supposerait la fermeture de l’ambassade et des consulats algériens en France. Vu la lecture du communiqué algérien, il ne faut rien exclure. Aujourd’hui, il y a rupture diplomatique entre le Maroc et l’Algérie donc plus de vol entre Rabat et Alger. Si demain il n’y a plus de vol entre Paris et Alger, qui sera pénalisé ? » s’interroge-t-il.
Concernant le sort de Boualem Sansal, incarcéré depuis plus de trois mois, Driencourt propose une médiation italienne. « L’Algérie et l’Italie de madame Meloni s’entendent très bien. Le président Mattarella qui a 82 ans et qui appellerait le président Tebboune – 79 ans – pour libérer un écrivain de 80 ans, ce pourrait prendre tout son sens », suggère-t-il.
Les tensions entre Paris et Alger ne cessent de croître, et l’éventualité d’une rupture des relations diplomatiques devient un sujet de plus en plus présent dans le débat public. L’avenir des vols entre les deux pays, ainsi que la situation de Boualem Sansal, restent suspendus aux décisions politiques qui seront prises dans les prochaines semaines. Les prochaines discussions entre les autorités françaises et algériennes seront déterminantes pour la suite des événements.
Vol entre Paris et Alger, Air Algérie : Retailleau choque
La crise diplomatique entre la France et l’Algérie atteint un nouveau palier avec les récentes déclarations de Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, qui s’en prend désormais aux pilotes d’Air Algérie. Cette situation illustre l’effroyable cacophonie qui règne au sommet de l’État français, où les divergences de position entre le gouvernement et l’Élysée deviennent de plus en plus visibles.
D’un côté, Emmanuel Macron tente d’apaiser les tensions en affichant une posture conciliatrice envers l’Algérie. De l’autre, Bruno Retailleau adopte une approche intransigeante et semble vouloir aller jusqu’au bout de sa logique de confrontation. Il a récemment menacé de prendre des mesures sévères contre l’Algérie si celle-ci ne respecte pas ses engagements en matière de réadmission des ressortissants en situation irrégulière.
Parmi les mesures envisagées, Retailleau a annoncé que Paris soumettrait à Alger une liste de « plusieurs centaines de personnes » considérées comme dangereuses, dans le cadre de la politique de renforcement des expulsions décidée après le Conseil interministériel sur l’immigration. Sur le plateau de BFM TV-RMC, il a notamment évoqué une « riposte graduée » et a laissé entendre que la surveillance des opérations d’Air Algérie pourrait être renforcée : « Je ne m’interdis rien. On peut vérifier les conditions dans lesquelles les commandants de bord respectent notre droit et les formalités administratives ».
Selon lui, la compagnie aérienne algérienne imposerait des exigences supplémentaires qui compliqueraient l’application des décisions françaises d’expulsion. Il a même suggéré que le personnel navigant d’Air Algérie pourrait faire l’objet de procédures spécifiques aux départs des aéroports français : « J’observe qu’à Alger, ils ne s’en privent pas », a-t-il ajouté.
Le ministre de l’Intérieur s’appuie notamment sur l’incident de Mulhouse du 22 février, où un ressortissant algérien souffrant de troubles mentaux a été impliqué dans une attaque mortelle, qualifiée de « terroriste » par la justice française. Retailleau fait de cet événement un point central pour justifier sa position et mettre la pression sur Alger. « Ce que je souhaite, c’est que l’Algérie (…), pour garantir la sécurité des Français, reprenne ses ressortissants, conformément au droit international », a-t-il martelé, tout en utilisant un discours qui semble de plus en plus proche de celui de l’extrême droite.
Dans cette crise, le ministre instrumentalise le sujet de l’immigration pour séduire un électorat de droite et d’extrême droite, quitte à provoquer des tensions diplomatiques avec Alger. Pourtant, cette posture va à l’encontre des récentes déclarations du président Emmanuel Macron, qui avait tenté de calmer le jeu en affirmant qu’il n’était pas question de dénoncer les accords de 1968 accordant un statut particulier aux Algériens en France. Ce désaveu de la part du chef de l’État n’a pas empêché Retailleau de poursuivre ses attaques et d’affirmer sa volonté de durcir la position française.
Face à cette montée des tensions, certaines voix s’élèvent pour critiquer la stratégie du ministre de l’Intérieur. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a dénoncé sa gestion du dossier algérien en déclarant : « Il ne suffit pas de montrer ses petits bras musclés, il faut faire aussi de la diplomatie ». Il reproche notamment à Retailleau d’instrumentaliser le sujet pour faire de la « communication », plutôt que de privilégier une approche plus constructive.
Même au sein du gouvernement, les divergences se font ressentir. Le ministre français de l’Industrie, Marc Ferracci, a plaidé en faveur du dialogue avec Alger, estimant que c’était le seul moyen d’obtenir des avancées sur les obligations de quitter le territoire français (OQTF). « Il faut commencer par renouer une forme de dialogue avec le gouvernement algérien pour obtenir des résultats », a-t-il déclaré sur C News, en prenant ses distances avec la stratégie de confrontation prônée par Retailleau.
Ferracci est également conscient des conséquences que cette crise peut avoir sur la communauté algérienne en France. Il a insisté sur la nécessité de prendre en compte leur ressenti : « Il faut tenir compte de la communauté des Français d’origine algérienne et des Algériens en France », a-t-il souligné, en mettant en avant l’impact émotionnel de ces tensions sur les binationaux. « Quand vous êtes témoins de tensions entre deux pays qui vous sont très chers, vous le vivez mal », a-t-il ajouté.
Ce désaccord flagrant entre les membres du gouvernement français met en lumière une situation de plus en plus confuse et conflictuelle au sommet de l’État. D’un côté, une approche diplomatique défendue par l’Élysée et certains ministres, et de l’autre, une ligne dure incarnée par Bruno Retailleau, qui semble déterminé à en faire un enjeu politique majeur. La question reste maintenant de savoir quelle direction prendra la France dans cette crise, et si cette cacophonie gouvernementale ne finira pas par nuire aux relations entre les deux pays sur le long terme.
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