Boualem Sansal, écrivain de 75 ans actuellement emprisonné en Algérie depuis novembre 2024, a rejeté par l’intermédiaire de ses proches une initiative lancée au Parlement européen. Le groupe Patriotes pour l’Europe, dirigé par Jordan Bardella, souhaitait proposer son nom pour le prix Sakharov 2025 pour la liberté de l’esprit. Selon son éditeur Antoine Gallimard, qui s’est exprimé dimanche 14 septembre sur France Inter, Boualem Sansal « est tout à fait contre » cette démarche et « s’oppose vigoureusement à ce que ce groupe d’extrême droite puisse le soutenir ».
Antoine Gallimard a affirmé tenir cette position de l’épouse de Boualem Sansal, indiquant que l’écrivain « ne veut pas du tout entrer dans ce genre d’attaches » et qu’il « ne veut être récupéré par personne ». Dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse, l’éditeur a précisé que « malgré la très grande estime dans laquelle il tient ce prix, Boualem Sansal, par la voix de son épouse, a fait savoir qu’il considérait comme irrecevable cette démarche insidieusement partisane ».
Chaque année, les eurodéputés peuvent proposer des candidats au prix Sakharov, qui distingue des personnes ou des organisations engagées dans la défense des droits humains et des libertés fondamentales. Les propositions doivent recueillir le soutien d’au moins quarante parlementaires avant d’être examinées par les commissions des Affaires étrangères et du Développement.
Selon Antoine Gallimard, le groupe Patriotes pour l’Europe a profité de la situation particulière de Boualem Sansal pour mettre en avant sa candidature. Il a déclaré que le groupe avait présenté ce nom « pour des raisons opportunes » et qu’il avait « profité de l’absence » de l’écrivain, qui « n’a aucun moyen de communiquer » depuis sa détention. Il a ajouté que « l’engagement continu de Boualem Sansal en faveur de la paix et de la liberté ne justifie en aucun cas qu’en son absence, on associe son nom et ses écrits aux visées d’un mouvement dont la radicalité politique est étrangère à l’esprit qu’il a toujours promu ».
Boualem Sansal a été condamné à cinq ans de prison ferme en Algérie pour « atteinte à l’unité nationale ». Sa condamnation repose notamment sur des déclarations faites en octobre 2024, au cours desquelles il affirmait que l’Algérie avait hérité, sous la colonisation française, de territoires auparavant rattachés au Maroc.
Le refus exprimé par ses proches confirme qu’aucun accord n’existe entre Boualem Sansal et le groupe Patriotes pour l’Europe. L’écrivain, actuellement dans l’impossibilité de s’exprimer directement, a choisi de transmettre sa position par son épouse et son éditeur. Le différend met en lumière les tensions autour de l’utilisation politique de son nom, alors qu’il reste sous le coup d’une condamnation lourde en Algérie et dans l’incapacité de participer au débat public.