Le député de la France Insoumise, David Guiraud, a livré une intervention cinglante à l’Assemblée nationale, s’attaquant directement au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, sur sa gestion des relations entre la France et l’Algérie. Avec un ton acerbe et une argumentation sans concession, il a dénoncé ce qu’il considère comme une instrumentalisation politique du sujet migratoire et une tentative maladroite de diviser les deux peuples.
« Monsieur le ministre de l’Intérieur, vous qui vous êtes visiblement trompé de ministère puisque vous ne parlez que de l’extérieur, et surtout de l’Algérie, dont pourtant le taux d’exécution des OQTF est le même que le Maroc, la Tunisie et le Mali, témoigne que vous n’agissez pas pour les Français mais pour vos propres intérêts », a-t-il asséné en guise d’introduction, lors de son allocution à l’assemblée nationale. Une attaque frontale contre Retailleau, accusé de surfer sur un discours anxiogène et stigmatisant, plutôt que de traiter des problèmes de fond auxquels la France est confrontée.
David Guiraud a poursuivi en pointant du doigt ce qu’il considère comme une rhétorique populiste et dangereuse. « Avec vos ripostes graduées, vos menaces de démissionner, vous nous jouez tous les jours une partition qui ne vous mène qu’à des défaites. Pour exister, vous copiez les méthodes des fascistes outre-Atlantique, mais vous n’êtes pas Trump, Monsieur, juste un joueur de trompette », s’est emporté l’élu. Une comparaison sans équivoque, illustrant selon lui la volonté du ministre de se positionner comme un défenseur d’une ligne dure, quitte à adopter des stratégies polarisantes.
L’intervention du député Insoumis ne s’est pas arrêtée là. Il a remis en question l’argument de Retailleau prétendant agir pour la France, tout en prenant des mesures qu’il juge liberticides. « Vous dites agir pour la France, mais comment prétendre défendre la France en piétinant ses lois, en piétinant des droits et en piétinant la foi des millions de Français musulmans ? », a-t-il martelé. Une interrogation qui résonne dans un contexte où les tensions autour des questions identitaires et religieuses sont de plus en plus instrumentalisées dans le débat public.
David Guiraud a ensuite mis en lumière la nécessité d’une relation plus apaisée entre la France et l’Algérie, insistant sur l’importance de reconnaître pleinement l’histoire commune. « Pourquoi s’acharner à couper le fil de cette belle histoire délicate entre nos deux peuples, qui ont tant d’enfants en partage ? Ces mêmes enfants qui n’ont pas à tourner la page de la colonisation, mais qui ont un besoin de vérité, car les crises s’enchaînent à cause de ces non-dits de cette histoire qu’on a voulu laisser enfouie », a déclaré le parlementaire. Une critique directe des tentatives de minimiser ou de réécrire certains aspects du passé colonial de la France.
L’élu de la France Insoumise a également abordé un sujet sensible en interpellant Retailleau sur l’absence de réaction gouvernementale face à la déprogrammation d’un documentaire sur l’usage des armes chimiques en Algérie. « Vous dénoncez à tout bout de champ la « Cancel culture », mais pourquoi ne pas vous être insurgé quand ce documentaire a été déprogramé ? », a-t-il lancé, mettant en évidence ce qu’il considère comme une hypocrisie dans le discours du gouvernement.
L’attaque ne s’est pas arrêtée à Retailleau. Guiraud a aussi pointé du doigt le Premier ministre, François Bayrou, lui reprochant une politique déconnectée de la réalité historique et sociale. « Monsieur le Premier ministre, votre gouvernement n’est pas à la hauteur de notre histoire commune, vous n’êtes pas à la hauteur de ces Algériens qui ont fait couler leur sang à Monte Cassino ou dans le débarquement de Provence. Vous n’êtes pas à la hauteur de nos anciens qui ont mêlé leur sueur dans les mines et les usines de toute la France », a-t-il déclaré avec ferveur.
Enfin, David Guiraud a voulu rétablir ce qu’il présente comme une vérité historique face à un discours visant à faire passer l’Algérie pour un adversaire de la France. « Ce n’est pas l’Algérie qui nous agresse, Monsieur le ministre. C’est vous qui agressez la France lorsque les vôtres osent parler des belles heures de la colonisation, car en disant cela, vous insultez Gisèle Halimi, Simone de Beauvoir, Jacques Vergès, Fernand Iveton… Tous ces Français qui ont su, contrairement à vous, s’opposer à l’inhumanité et qui ont milité dans l’ombre et la lumière pour rapprocher ces deux peuples que vous essayez aujourd’hui de séparer », a-t-il affirmé.
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