Les tensions entre Paris et Alger sur la question des expulsions de ressortissants en situation irrégulière viennent de connaître un nouvel épisode particulièrement embarrassant pour la France. Deux Algériens, sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), ont été renvoyés en France après avoir été refoulés par les autorités algériennes. Pourtant, ces deux hommes disposaient d’un passeport algérien en cours de validité. Ce rejet marque une nouvelle démonstration de la fermeté de l’Algérie, qui exige du ministre de l’intérieur français Bruno Retailleau le respect strict des procédures diplomatiques pour tout renvoi de ses citoyens.
Le premier cas concerne, selon VA, Abdelhak B., né le 1er octobre 1993 à Souk-Ahras. Placé en rétention administrative au CRA de Perpignan en février 2025, il faisait l’objet d’une OQTF en raison de troubles à l’ordre public. Le vendredi 7 mars, il est embarqué à bord d’un vol au départ de Roissy Charles de Gaulle en direction d’Alger. À son arrivée, les autorités algériennes refusent son admission sur le territoire, au motif que la France n’a pas sollicité de laissez-passer consulaire. Privé de la possibilité d’entrer en Algérie, il est immédiatement réembarqué sur un vol retour vers Paris et conduit de nouveau au centre de rétention administrative de Perpignan.
Un scénario similaire s’est répété quelques jours plus tard. Le lundi 10 mars, Zineddine K., né le 5 février 1991 à Constantine, arrive à Alger à 15h15 à bord d’un vol Transavia en provenance de Toulouse. Cet homme, sous OQTF avec interdiction de retour en France pendant 18 mois, était en rétention au CRA de Perpignan depuis le 24 février 2025. Une fois encore, l’Algérie refuse d’accueillir son ressortissant, invoquant l’absence de laissez-passer consulaire. Il est alors contraint de reprendre un vol en direction de la France, atterrissant à Marseille, où il est placé sous la responsabilité des forces de l’ordre et transféré au CRA de la cité phocéenne.
Ces deux incidents mettent en lumière un problème récurrent pour la France : l’impossibilité de mener à bien certaines expulsions sans l’aval des autorités algériennes. En effet, bien que ces deux hommes soient détenteurs de passeports valides, Alger maintient sa position ferme : aucune expulsion ne sera acceptée sans que Paris n’ait respecté les procédures diplomatiques établies, notamment la demande de laissez-passer consulaire. Cette règle, que la France semble avoir tenté d’outrepasser, a une nouvelle fois conduit à un échec cuisant.
Pour Bruno Retailleau, récemment nommé ministre de l’Intérieur, cet épisode constitue un sérieux revers infligé par l’Algérie. Engagé à durcir la politique migratoire et à accélérer les expulsions de délinquants étrangers, il se retrouve confronté à une impasse diplomatique qui met en évidence les limites des moyens mis en œuvre par l’État français. La volonté politique de renforcer les expulsions se heurte aux réalités administratives et aux exigences des pays d’origine, notamment celles de l’Algérie, qui ne compte pas céder sur ce dossier sensible.
Ce double refoulement s’ajoute à une longue liste d’expulsions avortées ces derniers mois. Si Paris souhaite réellement faire aboutir sa politique migratoire, elle devra composer avec les exigences strictes d’Alger et respecter scrupuleusement les protocoles en vigueur. En l’absence d’un cadre diplomatique clair et respecté, ces tentatives risquent de continuer à se solder par des échecs, renforçant ainsi la défiance entre les deux pays sur cette question sensible.
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