Invité sur le plateau de Face à Duhamel mercredi 19 mars, le journaliste Jean-Michel Aphatie a de nouveau assumé ses propos sur l’Algérie, qui ont provoqué un véritable séisme médiatique. « L’armée française a été inhumaine jusqu’au bout en Algérie », a-t-il martelé, défendant son analyse de l’histoire coloniale française, tout en soulignant les massacres commis par la France en Algérie. Un discours qui a déclenché une véritable levée de boucliers, notamment après qu’il a établi un lien entre ces violences et la tragédie d’Oradour-sur-Glane.
Pour rappel, les déclarations d’Aphatie du 25 février dernier sur l’Algérie avaient déjà mis le feu aux poudres. « Chaque année, en France, on commémore ce qui s’est passé à Oradour-sur-Glane, c’est-à-dire le massacre de tout un village. Mais on en a fait des centaines, nous, en Algérie. Est-ce qu’on en a conscience ? » Ces paroles, prononcées en direct, ont provoqué une vague de réactions indignées. Son échange avec Thomas Sotto, qui l’interpellait sur la gravité de ses propos, n’a fait qu’attiser la polémique. « Les nazis se sont comportés comme nous », avait-il osé répliquer, plaçant la France coloniale face à son passé douloureux.
La controverse n’a pas tardé à avoir des conséquences directes sur sa carrière. Suspendu d’antenne pendant une semaine par RTL, Jean-Michel Aphatie a fini par déclarer qu’il ne reviendrait pas à la radio. « Je ne peux pas accepter d’être puni », a-t-il expliqué sur les réseaux sociaux, revendiquant le droit d’exprimer une vérité historique selon lui occultée. « Si je reviens sur RTL, je valide cette suspension et donc je reconnais avoir fait une faute. C’est un pas que je ne peux pas franchir. » Un choix assumé, qui marque une rupture nette avec la station où il intervenait régulièrement.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. D’un côté, des voix se sont élevées pour défendre le journaliste, estimant qu’il n’a fait que rappeler des faits historiques trop souvent passés sous silence. De l’autre, des critiques virulentes l’accusent de tenir un discours excessif et de prêter le flanc à une lecture militante de l’histoire. Certains considèrent que la comparaison avec Oradour-sur-Glane est inappropriée et contribue à une relecture partiale de la période coloniale. L’affaire a d’ailleurs conduit plusieurs auditeurs à saisir l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, qui a ouvert une instruction le 26 février pour examiner un éventuel manquement de RTL à ses obligations.
Cette polémique révèle une nouvelle fois la difficulté d’aborder sereinement la question de la colonisation française en Algérie. Plus de soixante ans après l’indépendance algérienne, ce passé continue de hanter les relations entre les deux pays et d’alimenter les débats en France. Jean-Michel Aphatie, en assumant sa prise de position, s’inscrit dans une tradition de journalistes et intellectuels qui questionnent le récit officiel et appellent à un regard plus critique sur l’histoire coloniale française. Une posture qui lui coûte aujourd’hui son poste à RTL, mais qui lui assure aussi une place de choix dans les discussions autour de la mémoire de la guerre d’Algérie.
Alors que la controverse se poursuit, une question demeure : la France est-elle prête à regarder en face l’ensemble de son histoire coloniale, sans tabou ni omission ? Jean-Michel Aphatie, lui, semble avoir tranché sur l’histoire entre la France et l’Algérie, quitte à en payer le prix fort.
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