France – Algérie : la politique de la « main tendue » de Laurent Nuñez s’avére efficace

Laurent Nuñez

Laurent Nuñez poursuit sa politique diplomatique vis-à-vis de l’Algérie, en se distinguant clairement de la posture adoptée par son prédécesseur Bruno Retailleau. Alors que ce dernier considérait la situation comme un affront direct et voyait la France comme un acteur potentiellement hostile, le ministre de l’Intérieur adopte une approche beaucoup plus pragmatique et tournée vers le dialogue. « Je crois être apprécié en Algérie », a déclaré Laurent Nuñez dans un entretien accordé à la Tribune, publié ce dimanche 16 novembre, soulignant que sa perception du pays est fondée sur un long parcours professionnel et des liens personnels forts avec l’Algérie.

Né en Algérie de parents pieds-noirs espagnols ayant quitté le pays après l’indépendance pour s’installer en France, Laurent Nuñez a toujours maintenu un lien particulier avec le pays nord-africain. Il explique que sa nomination à la tête du ministère de l’Intérieur a été bien accueillie à Alger, et qu’elle s’inscrit dans une dynamique de coopération ancienne et soutenue. Que ce soit dans ses fonctions passées à la direction générale de la sécurité intérieure ou en tant que coordinateur du renseignement, il assure avoir travaillé de manière constante avec les autorités algériennes. Cette expérience lui permet aujourd’hui de se positionner comme un interlocuteur crédible pour l’Algérie, capable de tendre la main et de la voir saisie.

Laurent Nuñez insiste sur l’efficacité de sa méthode de la « main tendue », qu’il oppose directement à l’attitude plus conflictuelle de Bruno Retailleau. « La main a été tendue et elle a été saisie », précise-t-il, tout en ajoutant qu’il ne nourrit aucune ambition pour 2027, marquant ainsi sa différence avec son prédécesseur, qui se prépare activement aux prochaines élections présidentielles françaises. Pour Nuñez, l’objectif est moins politique que stratégique : il s’agit de renforcer la coopération avec l’Algérie dans des domaines essentiels comme la lutte contre l’immigration clandestine et le renseignement. Il rappelle que la France a besoin que l’Algérie reprenne ses ressortissants en situation irrégulière et qu’elle délivre les laissez-passer conformément à l’accord de 1994. La réouverture des canaux de sécurité avec l’Algérie est, selon lui, cruciale pour la lutte antiterroriste et la stabilité régionale.

Le ministre français déplore toutefois que la coopération opérationnelle entre la France et l’Algérie, via les services relevant de Beauvau, soit actuellement à l’arrêt. « Il n’y a aucun échange opérationnel. C’est un problème », alerte-t-il, rappelant que cette situation affecte la sécurité et l’efficacité des opérations conjointes. Dans ce contexte, Nuñez prépare sa visite officielle en Algérie pour décembre prochain, sans préciser la date exacte, tout en annonçant avoir répondu favorablement à l’invitation de son homologue algérien. Il souhaite également que le journaliste français Christophe Gleizes, dont le procès en appel est fixé au 3 décembre, soit libéré, témoignant de son engagement pour un dialogue humaniste et pragmatique.

Laurent Nuñez revient également sur des gestes récents qui ont permis de renouer le dialogue avec l’Algérie, comme la libération de l’écrivain Boualem Sansal, gracié par le président Abdelmadjid Tebboune le 12 novembre. Pour le ministre, cette décision représente un « geste d’humanité et d’apaisement », et souligne l’importance de la volonté affichée par le gouvernement français pour relancer les discussions avec Alger. Il admet que sa posture a comporté des risques, mais qu’elle est nécessaire pour bâtir une relation de confiance avec l’Algérie, malgré un contexte politique français où 65 % des Français se disent favorables à la renégociation de l’accord de 1968.