France Algérie : le Chef du gouvernement français, François Bayrou, désavoue Retailleau

François Bayrou Algérie

Les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie ont pris un nouveau tournant avec les déclarations divergentes au sein du gouvernement français. Alors que Bruno Retailleau affiche une position ferme et exige une « riposte graduée » face au refus d’Alger de reprendre des ressortissants algériens expulsables, François Bayrou adopte une approche plus mesurée, insistant sur la nécessité de maintenir un dialogue avec le gouvernement de l’Algérie.

Le chef du gouvernement, François Bayrou, tente de calmer les esprits après la décision de l’Algérie de ne pas accepter la liste des soixante ressortissants algériens jugés « dangereux » par Paris. Cette demande, formulée fin février, s’est heurtée à une fin de non-recevoir qui a immédiatement provoqué la colère de certains membres du gouvernement, à commencer par le ministre de l’Intérieur. « Je regrette que l’Algérie refuse d’appliquer le droit international », a affirmé Bruno Retailleau sur X, promettant une « riposte graduée » pour répondre à cette décision perçue comme un affront.

Dans ce climat de tension, plusieurs options sont étudiées, notamment la suspension de l’accord de 2007 qui dispense de visas les détenteurs de passeports diplomatiques algériens. Une mesure défendue par Bruno Retailleau et soutenue par Gérald Darmanin, qui plaide également pour un rappel de l’ambassadeur français en Algérie. « Il faut mettre fin à cela. Il n’y a pas de raison que la France continue d’être généreuse avec ce pays », a martelé le garde des Sceaux ce mardi matin sur RTL.

Cependant, François Bayrou ne partage pas cette vision radicale et tente de temporiser. « Il en appelle à la fermeté face au gouvernement algérien mais pas à la fermeture du dialogue car les deux parties ont besoin de coopération », a expliqué un participant à un petit-déjeuner entre le Premier ministre et des élus du socle commun à BFM TV. Pour lui, la relation franco-algérienne ne peut être réduite à des jeux politiques et nécessite un traitement diplomatique réfléchi.

Si le Premier ministre reconnaît que la suspension des accords de 2007 est une option envisagée, il ne remet pas en cause les accords de 1968 qui confèrent aux Algériens un statut particulier en matière de circulation, de séjour et d’emploi en France. Pourtant, il avait promis fin février de « dénoncer » ces accords si Alger ne répondait pas favorablement aux demandes françaises dans un délai de six semaines. Mais aujourd’hui, il adopte un ton plus conciliant et appelle à « respecter le temps diplomatique ».

Cette volonté d’apaisement contraste avec la position tranchée de Bruno Retailleau, qui n’exclut pas de quitter le gouvernement si la fermeté qu’il prône n’est pas suivie d’effets. L’opposition algérienne aux injonctions françaises a été très claire. Dans un communiqué publié lundi soir, le ministère des Affaires étrangères algérien a dénoncé « les menaces et les velléités d’intimidation, ainsi que des injonctions, des ultimatums et de tout langage comminatoire ». Alger rappelle que ce type de procédure doit être traité « au cas par cas » et par le biais des « consulats » et des « préfectures » françaises, et non par des pressions politiques directes.

De son côté, Emmanuel Macron s’était déjà exprimé début mars sur le sujet, optant lui aussi pour une approche plus nuancée. Il s’était dit « favorable non pas à dénoncer mais à renégocier » les accords de 1968, soulignant l’importance d’éviter une escalade inutile des tensions entre Paris et Alger. « Les relations avec ce pays ne doivent pas faire l’objet de jeux politiques où qu’ils soient », avait-il affirmé.

Face à cette cacophonie au sein du gouvernement, l’avenir des relations franco-algériennes reste incertain. Si Bruno Retailleau continue de plaider pour des sanctions immédiates et une politique migratoire plus stricte, François Bayrou privilégie une voie diplomatique, consciente de l’importance stratégique du dialogue avec Alger. Cette divergence de positions met en lumière les tensions internes au sein du gouvernement français et la complexité des relations entre les deux pays, marquées par une histoire commune aussi riche que conflictuelle.

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