France Algérie : le Sénateur français Akli Mellouli lance un cri du coeur

Akli Mellouli

Akli Mellouli, sénateur écologiste du Val-de-Marne et vice-président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, s’est exprimé sur la détérioration des relations diplomatiques entre la France et l’Algérie. Dans une interview accordée à El Moudjahid, il dénonce l’utilisation de la relation franco-algérienne à des fins électorales par certains responsables politiques français. « La polémique est devenue un outil de politique intérieure, même pour des sujets aussi sensibles que les relations entre Paris et Alger », affirme-t-il.

Mellouli estime que la crise actuelle est l’une des plus graves depuis l’indépendance de l’Algérie. Il attribue cette tension à la montée de l’extrême droite en France, dont le discours nostalgique de l’Algérie française alimente les tensions. « Depuis la dissolution, le gouvernement repose sur un fragile équilibre parlementaire où l’extrême droite exerce une influence décisive », explique-t-il. « Le Rassemblement national, héritier d’une tradition politique nostalgique de l’Algérie française, pousse l’exécutif à adopter des postures complaisantes envers cette famille politique, alimentant un discours hostile à l’égard de l’Algérie. »

L’un des points de friction récents est la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Cette décision, en contradiction avec le droit international et les résolutions de l’ONU, a conduit l’Algérie à rappeler son ambassadeur à Paris. « Cette reconnaissance a été perçue comme une remise en cause directe des engagements diplomatiques de la France et un désavoeu flagrant des principes du droit international », souligne Mellouli.

Le sénateur pointe aussi la persistance d’un imaginaire colonial dans une partie de la classe politique française, freinant tout processus de réconciliation sincère entre les deux pays. « Trop nombreux sont ceux qui ignorent ou minimisent les crimes de la colonisation », regrette-t-il. L’affaire du journaliste Jean-Michel Aphatie, sanctionné pour avoir rappelé des faits historiques avérés sur la colonisation, illustre cette difficulté à affronter la vérité. « L’absence d’un travail de mémoire profond empêche la France de se défaire d’un imaginaire colonial persistant », affirme-t-il.

Concernant les déclarations incendiaires de certains responsables politiques, Mellouli critique le recours aux polémiques publiques plutôt qu’au dialogue discret et constructif. « Les contentieux diplomatiques doivent se régler avec calme et discrétion, loin des projecteurs médiatiques. Pourtant, en France, la polémique est devenue un instrument de la politique intérieure », déplore-t-il.

Il accuse certains responsables français, y compris Retailleau, sans toutefois le citer, de sacrifier la relation franco-algérienne pour des gains électoraux à court terme. « Une partie de la classe politique française, guidée par des ambitions personnelles, compromet l’axe Paris-Alger », critique-t-il. Il avertit que cette attitude affaiblit l’influence de la France en Afrique. « Fragiliser l’axe Paris-Alger ne fera qu’accélérer le déclin de la France sur le continent. »

Pour Akli Mellouli, une nouvelle approche est nécessaire. Il propose un modèle inspiré de la relation franco-allemande après la Seconde Guerre mondiale. « Un partenariat structurant, à l’image de ce qui a été réalisé avec l’Allemagne, est la seule voie possible », estime-t-il. Cela impliquerait deux éléments essentiels : une reconnaissance totale des crimes coloniaux et la mise en place de projets économiques bâtis sur des intérêts communs.

Le sénateur insiste sur la nécessité d’une reconnaissance pleine des crimes coloniaux. « Tourner la page n’est possible qu’en regardant l’Histoire en face. La France doit avoir le courage de reconnaître, de manière globale et sans ambiguïté, l’ensemble des crimes commis entre 1830 et 1962 », déclare-t-il. Il critique la politique des « reconnaissances au compte-gouttes » et appelle à un processus sincère. « Cette reconnaissance est une question de justice historique et une nécessité politique pour construire un avenir commun. »

Ainsi, Akli Mellouli met en garde contre une diplomatie basée sur la confrontation et les calculs politiques à court terme. « La polémique avec l’Algérie est devenue un instrument de la politique intérieure en France », regrette-t-il, appelant à une approche plus constructive et à une véritable réflexion sur l’avenir des relations franco-algériennes. Pour lui, seule une réconciliation sincère et assumée permettra d’éviter que les erreurs du passé ne continuent d’empoisonner l’avenir.

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