France – Algérie : « Macron continue d’appeler Tebboune ‘mon frère Abdelmadjid' » 

Macron Tebboune visite en France

Dans une interview accordée au quotidien algérien El Khabar, Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, a abordé plusieurs sujets sensibles concernant les relations franco-algériennes, la situation de la communauté algérienne en France et les défis liés à l’islamophobie croissante. Il a également fait une révélation surprenante sur Macron et Tebboune.

Installé dans son bureau de la Grande Mosquée de Paris, située dans le 5ᵉ arrondissement de la capitale française, Hafiz a exprimé ses préoccupations quant à la stigmatisation de la communauté algérienne en France. Il a déploré que « les Algériens et leur communauté sont au cœur d’une stigmatisation où l’on ne met en avant que les aspects négatifs ». Il a souligné que cette focalisation sur les éléments négatifs occulte les contributions positives des Algériens en France, notamment ceux qui ont travaillé pour le pays, parfois au prix de leur vie, et leurs descendants qui constituent aujourd’hui la plus grande communauté d’origine étrangère en France.

Hafiz a également critiqué les campagnes de diffamation et de dénigrement visant la Grande Mosquée de Paris et lui-même en tant que Franco-Algérien. Il a dénoncé une volonté manifeste de ternir l’image de tous les Algériens, certains médias allant jusqu’à prétendre que l’immigration algérienne est la moins intégrée. Il a également évoqué l’insistance exagérée sur les obligations de quitter le territoire français (OQTF), présentées comme la seule solution, alors que la réalité est bien plus complexe.

Face à cette situation, le recteur a publié un article intitulé « J’accuse » dans la revue de la mosquée, s’inspirant de l’œuvre d’Émile Zola. Il a expliqué que cette initiative visait à dénoncer l’injustice et le mépris envers une communauté qui a toujours vécu en paix en France et qui a largement contribué à la société. Il a rappelé que des personnalités d’origine algérienne, comme Zinédine Zidane dans le domaine du sport, ont hissé haut les couleurs françaises. Il a également mentionné les réussites dans des domaines tels que la médecine, le droit, l’informatique et l’entrepreneuriat, souvent occultées au profit d’images négatives.

Concernant ses relations avec les autorités françaises, Hafiz a précisé qu’il n’est pas un représentant officiel de l’Algérie, rejetant l’étiquette d' »ambassadeur parallèle ». Il a toutefois rencontré le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pour comprendre les raisons des attaques contre la Grande Mosquée de Paris. Il a affirmé avoir agi en toute transparence, notamment concernant la certification halal, en publiant tous les documents sur le site de la mosquée après avoir signé un accord avec le ministère algérien des Affaires religieuses et du Commerce en décembre 2022.

Interrogé sur les répercussions de la crise des relations franco-algériennes sur la communauté algérienne en France, Hafiz a exprimé son espoir que les décideurs des deux pays prennent pleinement conscience de la situation. Il a appelé à un partenariat stratégique entre la France et l’Algérie, à l’image de celui entre la France et l’Allemagne, malgré la situation de « querelle politique » actuelle. Il a exprimé sa confiance dans la capacité des présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron à trouver des solutions s’ils parviennent à se parler franchement.

Hafiz a également évoqué l’instabilité politique en France, marquée par la dissolution de l’Assemblée nationale, la démission du gouvernement et l’absence de majorité parlementaire pour le président Macron. Il a souligné l’importance de mettre à profit le temps restant du mandat de Macron pour rechercher des solutions sérieuses avec l’Algérie. Il a rappelé que Macron avait qualifié la colonisation française de « crime contre l’humanité » lors de sa campagne électorale, montrant ainsi une volonté de reconnaître les torts du passé.

Enfin, le recteur a partagé avoir évoqué la crise actuelle avec le président Macron, qui souhaite dialoguer rapidement avec le président Tebboune. Il a souligné le respect mutuel entre les deux dirigeants et exprimé l’espoir qu’ils parviennent à dépasser les tensions actuelles pour trouver une voie de coopération bénéfique pour les deux nations et pour la communauté algérienne en France.

« J’ai évoqué cette crise avec le président Macron. Bien sûr, il souhaite parler rapidement avec le président Tebboune. Le président Macron continue d’appeler le président Tebboune « mon frère Abdelmadjid » et lui a toujours témoigné un profond respect. Le président Abdelmadjid Tebboune défend les intérêts de son pays et se trouve également dans une situation complexe. Peut-être qu’à un moment donné, ils réussiront à dépasser ces tensions et à trouver une voie de coopération, dans l’intérêt de leurs deux nations et de la communauté algérienne en France. », a affirmé Chems-Eddine Hafiz.

Révélations sur la relation Macron – Tebboune : quiest Chems-Eddine Hafiz ?

Chems Eddine Hafiz, actuel recteur de la Grande Mosquée de Paris, s’est imposé comme une figure incontournable du paysage religieux et politique franco-algérien. Juriste de formation, il a consacré une grande partie de sa carrière à la défense des droits des musulmans en France, tout en incarnant une posture de dialogue et de modernisation de l’institution qu’il dirige.

Né en Algérie, Chems Eddine Hafiz a bénéficié d’une éducation juridique rigoureuse avant de s’installer en France où il a exercé en tant qu’avocat au barreau de Paris. Son expertise en droit international et son engagement pour les droits des immigrés lui ont permis de se faire un nom dans la communauté franco-algérienne. Son rôle actif dans les débats sur l’intégration et la laïcité a renforcé sa crédibilité en tant qu’acteur clé du dialogue interreligieux.

En janvier 2020, il accède à la tête de la Grande Mosquée de Paris, une institution historique fondée en 1926 et considérée comme l’un des principaux symboles de l’islam en France. Dès son entrée en fonction, il affiche une volonté de modernisation et de transparence, souhaitant renforcer le rôle de la mosquée dans la lutte contre l’extrémisme et la radicalisation.

Hafiz s’est également distingué par ses prises de position fermes sur plusieurs sujets sensibles. Il a notamment critiqué certaines ingérences étrangères dans la gestion de l’islam en France et s’est prononcé en faveur d’un islam de France indépendant des influences politiques extérieures. Sa vision réformiste vise à adapter la pratique de l’islam aux réalités sociétales françaises, tout en respectant les traditions et les valeurs de cette religion.

Ses initiatives et ses positions n’ont pas manqué de susciter des débats. Certains le considèrent comme un acteur essentiel de la refonte de l’islam en France, tandis que d’autres critiquent son alignement sur certaines orientations politiques françaises. Néanmoins, son engagement en faveur d’un islam apaisé et son rôle dans la lutte contre la stigmatisation des musulmans en font une personnalité influente et respectée.

Chems Eddine Hafiz continue d’œuvrer pour faire de la Grande Mosquée de Paris un lieu de référence spirituelle et intellectuelle, tout en promouvant un islam en phase avec les principes de la République. Son parcours et ses actions témoignent d’une volonté constante de conciliation entre fidélité aux enseignements religieux et adaptation aux défis contemporains.

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