Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de construire une relation « apaisée » avec l’Algérie, tout en soulignant que « beaucoup de choses » restaient à corriger pour que cette relation retrouve un équilibre satisfaisant. Ces propos, tenus lors d’un point presse en marge du sommet du G20 à Johannesburg, mettent en lumière les tensions persistantes entre Paris et Alger, mais également la volonté de la France de renouer un dialogue constructif.
Le président français a insisté sur le fait que « sur beaucoup de sujets, sécuritaire, migratoire, économique, on n’est pas dans une situation satisfaisante, donc on veut des résultats ». Cette déclaration traduit à la fois la reconnaissance des difficultés existantes et l’urgence d’apporter des réponses concrètes aux enjeux bilatéraux. Pour Emmanuel Macron, il ne s’agit pas seulement de rétablir un dialogue formel, mais de poser les bases d’une relation durable, marquée par le respect mutuel et la recherche d’intérêts communs.
La relation franco-algérienne a été fragilisée ces dernières années par plusieurs dossiers sensibles. Le contentieux autour du Sahara occidental a longtemps pesé sur les échanges diplomatiques, tandis que certaines déclarations critiques, notamment celles de l’ancien ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, ont aggravé le climat. Les tensions avaient conduit à un gel de la coopération migratoire et à une raréfaction des contacts de haut niveau entre les deux pays. La situation avait atteint un point tel que chaque initiative de rapprochement était scrutée avec prudence.
Malgré ce contexte, Emmanuel Macron souligne quelques avancées récentes. Selon lui, « la libération de Boualem Sansal est un premier résultat dont il faut se féliciter ». L’écrivain franco-algérien, dont la grâce a été accordée par Alger, symbolise pour Paris un geste concret qui ouvre la voie à une détente progressive. Cette libération a été perçue comme un signal positif permettant d’envisager la reprise de discussions bilatérales sur des dossiers plus larges, notamment économiques et culturels.
Une rencontre entre Emmanuel Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait été envisagée à Johannesburg, mais elle n’a pas pu se concrétiser. Le chef de l’État français a précisé que « une rencontre se fera au moment où on l’aura préparée pour avoir des résultats ». Cette formulation traduit la volonté de Paris d’aborder les discussions de manière stratégique, en évitant les rencontres symboliques qui ne produiraient aucun impact concret sur le terrain. Macron insiste ainsi sur une approche pragmatique et ciblée, privilégiant l’efficacité à la communication politique.
Dans son intervention, le président Macron a également rappelé la complexité de la relation bilatérale : « Beaucoup de gens veulent faire de l’Algérie une question politique domestique française. Et en Algérie, beaucoup de gens veulent faire de la relation à la France une question de politique domestique algérienne ». Ce constat souligne que la diplomatie franco-algérienne se heurte à des pressions internes dans les deux pays, ce qui nécessite prudence, fermeté et diplomatie fine pour éviter que les enjeux bilatéraux ne soient instrumentalisés.
Emmanuel Macron conclut sur une note constructive, en affirmant vouloir « bâtir une relation d’avenir qui soit apaisée entre la France et l’Algérie ». La France entend corriger les points de friction tout en consolidant les domaines de coopération déjà existants, qu’il s’agisse de la sécurité, de l’économie ou de la culture. L’objectif affiché est clair : transformer une relation historiquement complexe en un partenariat plus équilibré, respectueux et orienté vers des résultats tangibles.
Si les prochains mois seront cruciaux pour évaluer la capacité des deux pays à dépasser leurs différends, les déclarations du président français montrent une volonté de dialogue et de pragmatisme, ouvrant potentiellement une nouvelle phase dans les relations franco-algériennes. Les observateurs retiendront que la route vers l’apaisement reste longue, mais que les signaux envoyés par Paris témoignent d’une réelle volonté de renouer un lien constructif.