France Algérie – « Qu’on ne me dise pas… » : Retailleau s’emporte

Bruno Retailleau Algérie

Les tensions entre la France et l’Algérie continuent de s’accentuer autour de la question des expulsions. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé la préparation d’une « liste de plusieurs centaines de personnes » qu’il souhaite voir expulsées du territoire français vers l’Algérie. Selon lui, ces individus représentent un danger potentiel et doivent être renvoyés vers leur pays d’origine. « Nous sommes en train d’établir une liste de plusieurs centaines de personnes qui ont des profils dangereux. Ils n’ont pas tous la même dangerosité, mais ces gens-là, nous allons les présenter aux Algériens. Ce sont des gens dont il est établi qu’ils sont des ressortissants algériens, ce sera l’épreuve de vérité », a déclaré le ministre sur BFMTV-RMC.

Cette déclaration intervient dans un contexte de crispation diplomatique entre Paris et Alger, exacerbé par l’attentat de Mulhouse survenu le 22 février, où un ressortissant algérien en situation irrégulière a été mis en examen. Le gouvernement français insiste sur la nécessité de renvoyer ces individus, estimant que la sécurité nationale est en jeu. « Qu’on ne me dise pas demain, si jamais il y avait un problème dans les mêmes conditions que Mulhouse, que nous n’aurions rien essayé de faire. Je veux tout faire pour éviter cela », a ajouté Bruno Retailleau, précisant que la liste devrait être présentée « dans les semaines qui viennent ».

Le ministre de l’Intérieur Retailleau a tenu à clarifier la nature des profils concernés par cette liste d’expulsion vers l’Algérie. « Quand je dis plusieurs centaines de profils, ils ne sont pas comparables. L’individu de Mulhouse associait une dimension de radicalisé et une autre dimension psychiatrique schizophrénique. » Il a également insisté sur le fait que tous les individus figurant sur cette liste ne sont pas liés à des affaires de terrorisme, mais ont commis « des troubles à l’ordre public ou figurent dans notre fichier de radicalisés pour terrorisme ».

Cette prise de position du gouvernement français reflète une volonté d’adopter une politique plus stricte en matière de gestion des étrangers en situation irrégulière, en particulier ceux considérés comme menaçants pour l’ordre public. La semaine dernière, le Premier ministre François Bayrou avait déjà évoqué la possibilité de présenter une « liste d’urgence » aux autorités algériennes. « S’il n’y avait pas de réponse au bout du chemin, il n’y a pas de doute que c’est la dénonciation des accords qui serait la seule issue possible », avait-il prévenu. Cette menace fait référence aux accords franco-algériens de 1968, qui régissent le statut des Algériens en France et qui pourraient être remis en cause si Alger refuse de coopérer sur le dossier des expulsions.

Le gouvernement français semble déterminé à accentuer la pression sur l’Algérie, cherchant à obtenir une coopération plus efficace en matière de rapatriement des étrangers en situation irrégulière. Toutefois, du côté algérien, ce type d’approche est souvent perçu comme une ingérence et suscite des réactions mitigées. Les autorités algériennes ont, par le passé, exprimé leur réticence à accepter des expulsions massives sans vérification rigoureuse de l’identité et de la nationalité des personnes concernées.

L’enjeu est de taille pour les deux pays, qui entretiennent des relations diplomatiques complexes et souvent marquées par des tensions liées aux questions migratoires. Une absence de réponse favorable de la part d’Alger pourrait conduire Paris à durcir sa politique en matière de visas, comme cela a été le cas en 2021 lorsque la France avait réduit le nombre de visas délivrés aux ressortissants algériens en raison du manque de coopération d’Alger sur les expulsions.

Les prochains jours seront décisifs pour connaître l’issue de ce dossier. Si l’Algérie accepte d’examiner la liste fournie par la France, cela pourrait ouvrir la voie à une collaboration renforcée sur la gestion des expulsions. En revanche, un refus ou une absence de réponse pourrait aboutir à une détérioration des relations diplomatiques, avec des conséquences directes sur les échanges entre les deux pays, notamment en matière de circulation des personnes. En attendant, Bruno Retailleau et son gouvernement semblent résolus à maintenir la pression sur l’Algérie afin d’obtenir une avancée concrète sur ce dossier sensible.

 

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