France Algérie : Retailleau promet de ne pas offrir « ce cadeau » à Tebboune

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Invité sur Sud Radio, le ministre de l’Intérieur français Bruno Retailleau a réaffirmé sa fermeté face à l’Algérie et à son président Abdelmadjid Tebboune, dénonçant une offensive orchestrée contre lui. « Monsieur Tebboune a une seule chose en tête : ma démission », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il ne comptait pas lui offrir ce « cadeau ».

Le ton est monté ces dernières semaines entre Paris et Alger, sur fond de tensions liées aux expulsions de ressortissants algériens en situation irrégulière. La crise a été ravivée après l’attentat de Mulhouse, le 22 février dernier, lorsqu’un Algérien visé par une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) a tué un citoyen portugais. Un drame qui a relancé le débat sur l’efficacité des procédures d’expulsion et mis en lumière les difficultés récurrentes de la France à renvoyer certains étrangers vers leur pays d’origine.

« Ce terroriste, à 14 reprises on avait demandé au consulat algérien de le reprendre », a dénoncé Bruno Retailleau. « Je ne veux pas que cela se reproduise », a-t-il martelé, mettant en avant l’urgence d’une réaction forte du gouvernement. Face à l’attitude jugée intransigeante d’Alger, la France a décidé d’adopter une « riposte graduée ».

« Nous ne sommes pas belliqueux, nous ne voulons pas la guerre avec l’Algérie. C’est l’Algérie qui nous agresse », insiste Bruno Retailleau.  « Il faut que l’Algérie ne barguine pas quand on est convaincu, avec une pièce d’identité, un passeport, que le ressortissant est Algérien. Elle doit le réadmettre », ajoute-t-il.

Une première sanction : la suspension des accords de 2007

La première mesure concrète de cette riposte a été la suspension des accords de 2007, qui prévoyaient une exemption de visa pour certaines catégories de voyageurs entre les deux pays. Ce geste symbolique marque un durcissement de la position française, après plusieurs années de tensions latentes sur la question migratoire. Selon Bruno Retailleau, cette décision était nécessaire, car « on ne peut pas continuer à accepter des ressortissants dont on ne peut pas assurer la traçabilité ».

Le ministre a également rappelé que cette politique graduée pourrait aller plus loin si Alger persistait dans son refus de coopérer. Parmi les options envisagées figure l’application de l’article 22 du Code frontières Schengen, une mesure qui contraindrait les pays de l’espace Schengen à ne pas accepter d’étrangers sous OQTF venant de France sans concertation préalable avec les autorités françaises.

Bruno Retailleau accuse Tebboune

Depuis plusieurs jours, la presse algérienne consacre de nombreux articles au ministre de l’Intérieur français, souvent très critiques. Bruno Retailleau en est conscient et voit derrière ces attaques une stratégie du régime de Tebboune visant à le fragiliser politiquement. « Chaque jour, je fais la une de la presse algérienne avec des articles très agressifs », a-t-il déploré.

Selon lui, cette campagne médiatique s’inscrit dans une volonté plus large de déstabilisation politique, qui viserait à faire pression sur le gouvernement français. « Monsieur Tebboune veut ma démission », a-t-il insisté. Mais loin de se laisser intimider, Retailleau affirme qu’il ne cédera pas et qu’il poursuivra sa politique sécuritaire tant qu’il bénéficiera du soutien de l’exécutif.

Un soutien présidentiel affiché

Le ministre de l’Intérieur s’est voulu rassurant quant à sa position au sein du gouvernement. « Si le gouvernement reste solidaire et garde cette ligne sécuritaire, il n’y a pas de raison que je démissionne », a-t-il expliqué. Il a également souligné que le président de la République était pleinement aligné avec lui sur ces questions. « Il [Emmanuel Macron] est sur cette ligne de protéger les Français », a-t-il assuré.

La fermeté affichée par Retailleau s’inscrit dans un contexte où les questions migratoires et sécuritaires sont devenues centrales dans le débat politique français. Plusieurs figures de l’opposition, dont Marine Le Pen, ont d’ailleurs appelé à des mesures encore plus drastiques, comme le gel des visas et des transferts de fonds privés vers l’Algérie, ainsi que la fin de l’aide publique au développement. Des propositions que le ministre n’a pas totalement écartées, affirmant que « toutes les options restent sur la table ».

Un bras de fer à l’issue incertaine

Alors que la crise entre Paris et Alger prend une tournure de plus en plus diplomatique, les prochains jours seront décisifs. L’Algérie restera-t-elle sur sa position ou acceptera-t-elle de revoir sa coopération en matière d’expulsions ? La France ira-t-elle jusqu’à durcir encore davantage sa politique migratoire vis-à-vis des ressortissants algériens ?

Ce qui est certain, c’est que Bruno Retailleau ne semble pas prêt à reculer. Sa ligne de conduite reste claire : priorité à la sécurité des Français, quitte à tendre encore un peu plus les relations avec Alger.

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