Dans une déclaration qui a rapidement fait le tour des médias, Dominique de Villepin a fermement critiqué les propos de Bruno Retailleau sur la situation diplomatique entre la France et l’Algérie, suite à l’attaque terroriste survenue à Mulhouse, dans le Haut-Rhin. Invité sur BFMTV le dimanche suivant l’incident, l’ancien Premier ministre a qualifié de contre-productive la position adoptée par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a mis en cause l’Algérie pour son refus de reprendre le suspect de l’attentat, un individu sous OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français).
L’attaque, qui a coûté la vie à un ressortissant portugais et blessé trois policiers municipaux, a pris une ampleur supplémentaire à cause des accusations lancées par Retailleau sur l’attitude de l’Algérie, accusée de ne pas avoir collaboré pour l’expulsion du suspect. Le ministre a non seulement déploré ce refus, mais a également suggéré un changement de stratégie vis-à-vis d’Alger, en plaidant pour un « rapport de force » avec le pays du Maghreb. Il a mis en avant le fait que l’Algérie aurait rejeté à plusieurs reprises la demande française de reprendre le suspect, ce qui, selon lui, illustre un manquement grave dans la coopération entre les deux pays.
Face à cette situation tendue, Dominique de Villepin a réagi vivement, déplorant ce qu’il a qualifié de politique de « terre brûlée ». Dans un contexte déjà délicat, où les relations franco-algériennes sont marquées par des tensions historiques et diplomatiques complexes, Villepin a estimé que cette approche dure, consistant à s’attaquer publiquement à Alger, ne ferait qu’aggraver la situation. « Quand on fait de la politique intérieure avec de la politique étrangère, on ne va que dans une impasse », a-t-il souligné.
L’ancien ministre des Affaires étrangères de Villepin a poursuivi en expliquant que la diplomatie ne pouvait pas se réduire à une surenchère publique. Pour lui, la gestion des relations avec l’Algérie ne relevait pas du ministère de l’Intérieur mais plutôt des autorités diplomatiques, en l’occurrence le ministère des Affaires étrangères dirigé par Jean-Noël Barrot et le président Emmanuel Macron. « Ce n’est pas ce que dit Monsieur Retailleau qui peut infléchir la position des Algériens », a-t-il martelé, précisant que le ministre de l’Intérieur n’était pas dans la position ni la fonction requises pour intervenir efficacement sur ce dossier sensible.
Dominique de Villepin a aussi abordé l’aspect plus global du problème, en insistant sur le fait que les tensions actuelles entre la France et l’Algérie ne se limitaient pas uniquement aux questions liées aux OQTF, mais qu’elles englobaient un éventail plus large de dossiers bilatéraux. « Il y a un problème global avec l’Algérie », a reconnu le diplomate, tout en soulignant qu’il était impératif de « renouer le fil » des relations entre les deux pays. À ses yeux, un bras de fer comme celui proposé par Retailleau risquait de rendre la situation encore plus difficile, sans rien résoudre de manière durable.
Sur la forme de cette diplomatie musclée, Dominique de Villepin n’a pas hésité à critiquer ce qu’il considère comme un amateurisme dans la gestion de ces questions complexes. « Là, il y a une forme d’amateurisme », a-t-il déclaré, insistant sur le fait que la responsabilité d’une telle crise incombait au plus haut niveau de l’État, et non à des interventions impulsives de ministres de l’Intérieur. Villepin a aussi rappelé que la France n’était pas une « République bananière », en insistant sur le fait que les responsables politiques avaient l’obligation d’assumer leurs actes et leurs décisions.
Enfin, le message que Dominique de Villepin a adressé à Bruno Retailleau semble avoir été une mise en garde contre la facilité de la surenchère publique. « La responsabilité politique, ce n’est pas d’aller dans le sens du vent, de surenchérir, choisir la facilité, et d’aller de micro en micro alors qu’il faut tenir le manche de la République », a conclu l’ex-Premier ministre, résumant ainsi sa vision d’une diplomatie mesurée et réfléchie face à des enjeux internationaux.
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