Lors de sa rencontre périodique avec des représentants de la presse nationale, le président algérien Abdelmadjid Tebboune n’a pas cherché à arrondir les angles lorsqu’il a abordé les relations entre l’Algérie et la France. Ses propos, retranscrits par la rédaction de DNAlgérie, traduisent une posture ferme face à certaines critiques venues de l’Hexagone, notamment sur la question de la liberté d’expression.
L’échange a pris une tournure particulièrement tranchante lorsque le président algérien a réagi aux accusations formulées en France selon lesquelles l’Algérie briderait les libertés individuelles. Il a pointé du doigt une contradiction flagrante : « On accuse l’Algérie d’atteinte à la liberté d’expression, alors qu’un documentaire sur la guerre d’Algérie a été récemment déprogrammé par France 5. Quand un grand journaliste français, à savoir Jean-Michel Aphatie, a dit la vérité sur la Guerre d’Algérie, il a été sanctionné. »
Dans cette série de réponses cinglantes, Tebboune est revenu sur des faits récents qui ont fait couler beaucoup d’encre, notamment le fait qu’un Algérien de France se soit retrouvé sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) pour avoir publiquement dénoncé le génocide à Gaza. Une décision qui, selon lui, illustre un deux poids, deux mesures manifeste dans la défense de la liberté d’expression.
Il a également lancé une pique tranchante en s’exprimant sans filtre : « Je dis ce que j’ai envie de dire et toi, tu la fermes. La liberté, soit elle est pour tout le monde, soit elle est pour personne. » Une phrase qui, sans aucun doute, marquera les esprits et pourrait alimenter le débat de part et d’autre de la Méditerranée.
Cette sortie médiatique, sans langue de bois, vient renforcer la position de Tebboune dans le paysage diplomatique algéro-français, affichant une volonté claire de défendre les intérêts de son pays tout en exigeant un traitement équitable sur la scène internationale. Les réactions à ces déclarations ne tarderont sans doute pas à se manifester, tant du côté algérien que français.
Relations France Algérie : toutes les autres déclarations de Tebboune
« On s’entend très bien avec l’Europe. On est une partie intégrante du bassin méditerranéen », a affirmé Tebboune, soulignant ainsi la place stratégique de l’Algérie dans cette région du monde. Loin d’un isolement ou d’une quelconque dépendance, Alger se positionne comme un acteur clé dans les relations euro-méditerranéennes.
Concernant les relations avec Paris, le président a tenu à clarifier les bases du dialogue entre les deux États. « Pour la France, on garde pour unique point de repère Macron. Il y a eu un moment d’incompréhension, et personnellement, je trouve que les problèmes doivent se régler avec lui ou avec la personne qu’il délègue, à savoir son ministre des Affaires étrangères, qui aurait dans ce cas notre ministre des Affaires étrangères comme interlocuteur. » Cette déclaration illustre une volonté de structurer les relations diplomatiques en évitant les ingérences ou les acteurs intermédiaires qui pourraient compliquer les discussions.
Tebboune a également tenu à rappeler une réalité incontournable : « Il ne faut pas oublier que la France et l’Algérie sont deux États indépendants : une puissance européenne et une puissance africaine. Les deux présidents doivent travailler ensemble. » Loin d’un passé colonial encore parfois évoqué dans certains débats, il s’agit pour Alger et Paris de s’engager dans un partenariat basé sur le respect mutuel et la coopération.
Quant aux tensions créées autour de certains dossiers, notamment historiques et diplomatiques, Tebboune a précisé que leur gestion relevait d’une approche institutionnelle claire : « Le contentieux créé de toutes pièces est entre de bonnes mains, à savoir le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf. » Il marque ainsi la volonté d’Alger de traiter ces différends par la voie officielle, sans céder aux polémiques médiatiques.
Le président algérien a également adressé un message fort à la diaspora algérienne en France. « Je tiens à dire à rassurer notre diaspora et leur dire : ‘on est là, personne ne vous touchera’, à condition de respecter les lois du pays d’accueil. Même Macron a dit ça. » Un rappel à la fois protecteur et pragmatique, insistant sur la nécessité pour les Algériens vivant en France de respecter la législation tout en bénéficiant du soutien de leur pays d’origine.
Sur la question du Sahara Occidental, Tebboune n’a pas hésité à rappeler les faits historiques : « L’histoire de l’autonomie du Sahara Occidental est française avant d’être défendue par nos voisins de l’ouest. Je tiens à signaler que la France n’a jamais caché son amitié avec le Maroc, et ça ne nous a jamais dérangés et ça ne nous dérangera jamais (même avant notre indépendance jusqu’à présent), grand bien leur fasse. Nous ne cherchons pas de conflit entre eux. » Une déclaration qui replace l’Algérie dans une posture d’observateur tout en rappelant que le positionnement français sur ce dossier est ancien et ne date pas d’hier.
Il a également souligné les implications de ce soutien français au Maroc sur la scène internationale : « Pour ce qui est du Sahara Occidental, la France a toujours été aux côtés du Maroc. Les visites des responsables politiques français dérangent le droit international, sachant que le dossier est entre les mains de l’ONU. » Tebboune insiste ici sur la nécessité de respecter les résolutions onusiennes et les règles internationales, loin de toute interférence bilatérale.
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