France Algérie – Visite de Jean-Noël Barrot à Alger : ce que l’on sait

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Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, devrait se rendre à Alger au cours du mois d’avril. Cette visite, si elle se confirme, s’inscrit dans un contexte diplomatique complexe où les relations entre la France et l’Algérie oscillent entre tension et tentative d’apaisement. Une émissaire de l’Elysée se serait déjà rendue discrètement à Alger au cours de cette dernière semaine de mars, laissant entrevoir une volonté française de renouer le dialogue. Toutefois, des sources diplomatiques ont confié à DNAlgérie que, la visite dont les détails « sont entrain d’être ficelés » ne suffira pas à restaurer pleinement la qualité des relations bilatérales.

Jean-Noël Barrot ne dispose pas de l’autorite nécessaire pour résoudre à lui seul les différends persistants entre Paris et Alger. Même Emmanuel Macron, affaibli politiquement depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, peine à imposer sa ligne diplomatique. Pris en tenaille entre une extrême droite en pleine ascension et une extrême gauche affaiblie par la crise palestinienne, le président français voit son influence se réduire sur la scène internationale. Cette fragilité institutionnelle se traduit par une politique du « en même temps », qui alimente souvent les incompréhensions et l’immobilisme.

Malgré quelques gestes symboliques, la France n’a pas réellement avancé sur la question du travail mémoriel. Aucun acte officiel n’a été posé pour reconnaître pleinement les crimes coloniaux commis en Algérie : torture, exécutions sommaires, déplacements forcés de populations, villages rasés, emploi d’armes chimiques, et essais nucléaires dans le Sahara algérien. Récemment, le lynchage médiatique subi par Jean-Michel Apathie, après qu’il a évoqué ces crimes sur un plateau télévisé, illustre l’incapacité persistante de la France à assumer son passé colonial. De plus, le soutien implicite de la France au Maroc dans le dossier du Sahara Occidental ne fait qu’aggraver les tensions avec l’Algérie.

Sur le plan pratique, cette éventuelle visite de Jean-Noël Barrot à Alger pourrait cependant servir à arrondir certains angles. Des sujets concrets tels que la gestion des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) et la fin des mesures vexatoires contre les ressortissants algériens en France seront probablement abordés. Alger, attachée à une diplomatie ferme et souveraine, n’entend pas céder aux pressions françaises. La priorité est désormais tournée vers l’après-Macron, avec l’espoir que son successeur adoptera une posture plus neutre sur le Sahara Occidental et prendra enfin ses responsabilités sur le passé colonial français en Algérie.

Les réactions politiques en France ne se sont pas fait attendre après l’annonce de cette visite. Suite à l’intervention médiatique du président Abdelmadjid Tebboune, la presse française, notamment Le Figaro, a rapporté que la diplomatie française voyait d’un bon œil ce geste d’ouverture, tout en restant prudente sur ses aboutissements. Des sources diplomatiques évoquent un climat « plus léger » qu’il y a quelques semaines, mais les différends de fond restent irrésolus.

Lors d’une interview, le président Tebboune a rappelé que la relation entre l’Algérie et la France ne pouvait se discuter qu’avec Emmanuel Macron ou un représentant légitime délégué par lui, confirmant ainsi la primauté du dialogue d’Etat à Etat. Il a insisté sur le fait que l’Algérie et la France étaient deux nations souveraines appelées à entretenir des relations dans le respect mutuel, loin des polémiques et des ingérences.

La porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, a réagi positivement à cette ouverture, qualifiant la déclaration de Tebboune de « bon signal ». Elle a exprimé l’espoir que cette visite permette un retour à la normalisation des relations entre Paris et Alger.

Par ailleurs, certaines figures politiques françaises ont proposé de jouer un rôle de médiation. Ségolène Royal, par exemple, a exprimé sa disponibilité à participer à un dialogue constructif entre les deux pays. Elle a également plaidé pour un geste d’apaisement de la part de la France, notamment en accordant une grâce présidentielle à l’écrivain Boualem Sansal, dont le verdict judiciaire est imminent. Elle a rappelé que la diplomatie devait être préservée de toute instrumentalisation politique et idéologique.

Ségolène Royal, tout comme d’autres personnalités politiques françaises, a toujours plaidé pour une reconnaissance du passé colonial français en Algérie. Sa prise de position en faveur de l’apaisement a été remarquée et saluée par le président Tebboune lors de ses interventions publiques. Elle a réaffirmé que le dialogue restait la meilleure voie pour améliorer durablement les relations franco-algériennes, à condition d’éviter les surenchères et les provocations politiciennes.

L’évolution de cette visite et de ses retombées diplomatiques sera scrutée de près par les observateurs. Si certains y voient une opportunité de renouer un dialogue apaisé, d’autres restent sceptiques quant à la capacité du gouvernement français actuel à opérer un véritable changement dans ses relations avec Alger. L’avenir des relations franco-algériennes se jouera sans doute au-delà de cette rencontre, et pourrait bien dépendre de la recomposition politique qui se profile en France. D’ici là, l’Algérie, forte de ses positions de principe, continuera de défendre ses intérêts avec fermeté et vigilance.

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