France – Algérie : Xavier Driencourt ajoute de l’huile sur le feu

Xavier Driencourt Algérie

Dans un contexte où les relations entre Paris et Alger sont déjà marquées par une tension persistante, Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, vient de raviver la polémique avec des déclarations pour le moins incendiaires. Ce diplomate à la retraite, désormais habitué aux tribunes polémiques, a utilisé les colonnes du Figaro pour développer une vision radicale de la relation franco-algérienne. Le ton adopté par Xavier Driencourt tranche nettement avec celui du ministère des Affaires étrangères, au point que le ministre français lui-même n’a pas hésité à l’épingler publiquement, qualifiant Driencourt de « fervent défenseur de l’extrême droite », une attaque frontale qui souligne l’ampleur du malaise provoqué.

Dans sa dernière tribune, Xavier Driencourt revient sur l’accord franco-algérien de 1968, un texte fondamental dans la régulation des flux migratoires entre la France et l’Algérie. Il y voit un mécanisme désormais obsolète, qu’il accuse de favoriser de manière disproportionnée les ressortissants algériens. Selon Driencourt, l’Algérie, par cet accord, bénéficie d’un « avantage structurel » qui déséquilibre les relations bilatérales. L’ancien ambassadeur de France en Algérie ne se contente pas d’exposer un point de vue juridique ; il appelle à une rupture nette avec ce qu’il considère comme un « privilège historique injustifié ». Il cite même une note de la Fondapol pour appuyer ses propos, glissant que ce sont ses propres analyses qui ont servi de base à ce document.

Xavier Driencourt ne cache pas son objectif : mettre fin aux « avantages » dont bénéficient les ressortissants de l’Algérie. Pour justifier ce bouleversement, il explore des hypothèses juridiques alternatives, évoquant la Convention de Vienne, puis l’article 12 de l’accord qui évoque une commission mixte. Selon lui, c’est à travers cette voie que Paris pourrait amorcer une renégociation, voire une dénonciation unilatérale si aucun compromis n’est trouvé. Une lecture audacieuse, teintée de provocations, qui trahit une volonté à peine voilée d’aggraver les relations avec l’Algérie. Xavier Driencourt y va même de sa propre prédiction : une rupture diplomatique entre la France et l’Algérie pourrait avoir lieu d’ici 2027 si la situation actuelle persiste.

La démarche de Xavier Driencourt ne se limite pas à des considérations diplomatiques. Il s’aventure également sur un terrain idéologique glissant, en opposant le peuple algérien à ses dirigeants, allant jusqu’à remettre en cause le rôle historique de l’Armée de libération nationale. L’Algérie devient, sous sa plume, le théâtre de manipulations et de réseaux occultes. Il évoque ce qu’il qualifie de « relais puissants », nourrissant une obsession palpable, celle de démonter toute structure associative liée à l’Algérie en France. Il nomme même certaines organisations comme l’AFA ou l’Union française des binationaux et de la diaspora algérienne, allant jusqu’à détailler leurs adresses ou le nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux.

Cette obsession anti-algérienne prend un tour presque caricatural lorsque Xavier Driencourt s’en prend à des diplomates algériens de renom. M. Bendjemaa, M. Mesdoua et M. Moussi deviennent les cibles de critiques qu’il veut déguiser en constats diplomatiques, alors qu’elles trahissent surtout une animosité personnelle. À ses yeux, toute représentation de l’Algérie, qu’elle soit officielle ou associative, devient suspecte d’activisme hostile.

La réaction du ministre français des affaires étrangères, piqué au vif par l’ampleur et le contenu de ces propos, ne s’est pas fait attendre. En qualifiant Xavier Driencourt de fervent défenseur de l’extrême droite, il le renvoie au camp idéologique dans lequel il semble désormais s’inscrire pleinement. Ce recadrage public n’est pas anodin. Il marque une fracture nette entre la ligne officielle de la diplomatie française et celle, plus radicale, prônée par l’ancien ambassadeur de France en Algérie. Xavier Driencourt, l’homme aux tribunes acerbes, semble aujourd’hui incarner une ligne dure, obsédée par la remise en cause des fondements mêmes de la relation entre la France et l’Algérie. Une posture qui choque jusque dans les rangs de son propre pays.

Alors que les tensions entre les deux États mériteraient des gestes d’apaisement et une diplomatie tournée vers le dialogue, les écrits de Xavier Driencourt, à trois reprises critiques envers l’Algérie dans la même tribune, apparaissent comme une tentative de saboter toute avancée vers une normalisation. Et ce, alors même que la France s’interroge sur son passé colonial, et que l’Algérie vient de commémorer les massacres du 8 mai 1945. Ce contexte, hautement symbolique, rend les propos de Xavier Driencourt encore plus déplacés, et ses positions, plus que jamais, sujettes à controverse.