France : alors qu’il a un laissez-passer, un Algérien fait un geste fou

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Dans une scène aussi inattendue que symbolique, un ressortissant algérien sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), et détenant un laissez-passer consulaire, a marqué les esprits à l’aéroport Marseille-Provence. Dimanche 6 avril, alors que tout semblait en ordre pour son départ vers l’Algérie, l’homme, Mohammed B., 31 ans, s’est subitement levé de son siège peu après son installation dans l’avion, pour demander calmement à l’hôtesse de l’air à sortir de l’appareil. Ce geste, jugé fou par certains, n’était pourtant que l’ultime manifestation d’un combat de longue haleine mené depuis près d’une décennie.

Arrivé en France en 2014 de manière irrégulière, Mohammed B. affirme n’avoir cessé, depuis son entrée sur le territoire, de solliciter l’asile. En France, en Allemagne, en Suisse… mais toujours sans succès, selon La Provence. D’après ses propres déclarations au tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence, il n’a jamais reçu de réponse définitive des autorités helvètes ou allemandes, en partie parce qu’il ne s’est jamais rendu dans ces pays depuis ses premières demandes. En attendant, il s’était installé à Marseille, y menant une vie qu’il qualifie lui-même de stable et productive.

Dans cette ville du sud de la France, il partage un appartement avec sa compagne et exerce une activité d’autoentrepreneur. Tour à tour cuisinier, livreur et parfois les deux à la fois, il assure qu’il parvient certains mois à générer jusqu’à 4.000 euros de revenus. Pourtant, malgré cette intégration apparente, son statut administratif est resté précaire. Depuis le 9 avril 2022, il est officiellement visé par une OQTF. Condamné entre-temps à une peine d’un an de prison pour des faits de violence aggravée, il a été placé en centre de rétention administrative en janvier 2025.

C’est dans ce contexte qu’il avait été présenté une première fois à l’embarquement le 22 mars, sans succès. Le 6 avril, une nouvelle tentative est organisée. Munie d’un laissez-passer consulaire délivré par les autorités algériennes, l’administration espère cette fois mener l’expulsion à terme. Mohammed B. monte dans l’avion, s’installe… puis se lève soudainement et demande à sortir. La scène surprend le personnel de bord, qui, dans un climat tendu mais sans violence, finit par le laisser redescendre.

Interrogé par le tribunal, Mohammed B. reconnaît les faits sans détour. Il affirme vouloir rentrer en Algérie, mais « pas tout de suite », avançant la nécessité de « gérer ses affaires », comme la vente de sa moto, de son véhicule, ou encore la régularisation de certains documents liés à son activité professionnelle. Il évoque également un attachement profond à sa vie en France, expliquant que son retour en Algérie serait synonyme d’un renvoi immédiat dans une situation instable. « J’ai toute ma vie ici », déclare-t-il face à la présidente du tribunal.

Mais la magistrate, ferme, rappelle à l’Algérien que la décision du préfet est exécutoire, en lui assénant : « vous avez pourtant un laissez-passer consulaire et vous n’avez pas vraiment le choix », lui dit-elle. Le tribunal prononce alors une peine de huit mois de prison ferme à l’encontre de Mohammed B., accompagnée d’une interdiction de territoire français pour une durée de trois ans.

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