France : après Retailleau, Jean-Noël Barrot menace l’Algérie

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La tension diplomatique entre la France et l’Algérie vient de franchir un nouveau palier avec une série de décisions et de déclarations qui ravivent des désaccords déjà anciens. L’expulsion par Alger de douze fonctionnaires français, dont certains issus du ministère de l’Intérieur, a déclenché une vive réaction du gouvernement français, à commencer par Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, qui a dénoncé une décision « très regrettable » et prévenu qu’elle « ne sera pas sans conséquence ». Cette prise de position marque une escalade verbale significative dans une relation bilatérale souvent sujette à des turbulences.

La crise a éclaté quelques jours seulement après la mise en examen à Paris de trois individus, dont un employé d’un consulat d’Algérie en France, accusés d’arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire, en lien avec une entreprise terroriste. Le parquet national antiterroriste (Pnat) a confirmé les chefs d’inculpation, plaçant ces poursuites dans un cadre judiciaire strict. Toutefois, côté algérien, cette affaire semble avoir été perçue comme un affront diplomatique, motivant la décision d’expulser les douze agents français.

Jean-Noël Barrot, invité de France 2 ce mardi 15 avril, a tenu à dissocier clairement les deux événements. Selon lui, il s’agit de deux affaires distinctes : d’un côté, une procédure judiciaire menée de manière indépendante ; de l’autre, une réaction politique de la part des autorités algériennes. « La justice est indépendante et les procédures judiciaires n’ont rien à voir avec la relation entre deux gouvernements », a-t-il affirmé. Le chef de la diplomatie française a ensuite déploré la décision algérienne, la qualifiant de regrettable et de nature à compromettre le dialogue que les deux pays avaient récemment repris.

Le ministre français n’a pas exclu des mesures de réciprocité si Alger maintient sa position. Il a évoqué un ultimatum implicite en déclarant que les autorités algériennes disposaient de « quelques heures » pour revenir sur leur décision. « Nous sommes prêts à agir, nous sommes prêts à prendre des mesures similaires », a-t-il insisté, tout en réaffirmant que la France n’avait pas l’intention de rompre le contact avec Alger. Cette posture offensive s’inscrit dans un contexte où la France tente de montrer qu’elle reste ferme face à ce qu’elle considère comme une ingérence dans ses affaires judiciaires.

Du côté algérien, les autorités pointent du doigt Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, qu’elles considèrent comme le principal responsable de cette dégradation des relations. Toutefois, Barrot a pris sa défense en rappelant que Retailleau « n’a rien à voir avec cette affaire judiciaire ». Le ministre a souligné que la procédure judiciaire engagée à Paris l’a été il y a plusieurs mois et n’a aucune corrélation avec les discussions politiques ou diplomatiques récentes entre les deux capitales.

Gérald Darmanin, garde des Sceaux, est également monté au créneau pour appuyer cette ligne de défense. Intervenant sur RTL, il a dénoncé « les insultes et attaques personnelles » dont serait victime Bruno Retailleau, estimant qu’elles étaient « indignes de la part de l’Algérie ». Cette solidarité gouvernementale vise à présenter un front uni dans un contexte où l’affaire prend une dimension symbolique autant que politique.

S’il affirme que les canaux diplomatiques restent ouverts, Jean-Noël Barrot n’a pas exclu une réponse ferme de Paris si Alger persiste dans ce qu’il perçoit comme une escalade. « Si elles font le choix de l’escalade, nous répondrons avec la plus grande fermeté », a-t-il averti. Cette déclaration laisse présager une période de crispation diplomatique, où chaque décision sera scrutée à la loupe des rapports de force bilatéraux.

Alors que les opinions publiques des deux pays suivent avec attention cette nouvelle crise, les enjeux dépassent la seule question des expulsions ou des mises en examen. Ils touchent au cœur de la relation franco-algérienne, faite d’histoire partagée, de défis migratoires, de coopération sécuritaire mais aussi de méfiances récurrentes. Cette séquence pourrait marquer un tournant, à condition que les deux capitales choisissent l’apaisement plutôt que la confrontation. Pour l’heure, les mots ont été lancés et les décisions prises ; reste à savoir si les conséquences seront temporaires ou annonciatrices d’un refroidissement durable.

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