France : Bruno Retailleau force la main au Maroc

Retailleau Maroc

En déplacement officiel à Rabat au Maroc, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a marqué une nouvelle étape dans les relations franco-marocaines en matière de gestion migratoire. Ce lundi, il a annoncé la création d’un groupe de travail commun entre Paris et Rabat, une cellule conjointe qui aura pour mission d’identifier la nationalité des migrants en situation irrégulière en France, dans le but d’accélérer leur réadmission dans leur pays d’origine. Cet accord vise à mettre en place une coopération plus fluide, notamment sur la question sensible de la délivrance de laissez-passer consulaires, souvent au cœur des blocages administratifs liés aux expulsions.

Depuis la capitale du Maroc, Retailleau a salué des avancées sur « un certain nombre de points » qui, selon lui, permettront d’« améliorer la coopération pour les réadmissions ». Il s’est félicité de voir se concrétiser un projet qui, sur le terrain, prendra la forme d’équipes mixtes franco-marocaines chargées de vérifier l’appartenance des personnes à la nationalité marocaine. Cette démarche, a-t-il précisé, permettra de trancher plus rapidement sur l’identité des étrangers concernés et de faciliter leur retour effectif vers le Maroc. Le ministre estime que cette initiative va « changer énormément les choses » en matière d’efficacité dans les procédures de renvoi.

Son homologue marocain, Abdelouafi Laftit, a confirmé dans un communiqué l’engagement du royaume à œuvrer en ce sens, évoquant la mise en place d’un « référentiel commun » entre les deux pays. Ce partenariat opérationnel vient s’ajouter à une série de signaux d’apaisement entre Paris et Rabat, après une période de tensions marquée par des décisions unilatérales françaises. En 2021, la France avait considérablement réduit le nombre de visas accordés aux ressortissants marocains, une mesure perçue comme une forme de pression sur le royaume pour qu’il accepte le retour de ses ressortissants en situation irrégulière. Cette politique avait provoqué une crispation notable dans les relations bilatérales.

Depuis, la dynamique semble avoir changé. Le climat s’est détendu, en grande partie grâce à la reconnaissance, par la France à l’été 2024, de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Ce geste politique majeur a été bien accueilli à Rabat et a facilité la reprise des discussions à haut niveau. La visite de Bruno Retailleau s’inscrit dans cette nouvelle phase de rapprochement. Elle fait suite à celle du président Emmanuel Macron en octobre dernier, au cours de laquelle un « partenariat renforcé » avait été annoncé dans les domaines de la lutte contre l’immigration clandestine et les trafics illicites.

Lors de cette précédente rencontre, les deux ministres de l’Intérieur avaient déjà abordé le sujet des réadmissions, un dossier central pour les autorités françaises. Le principal obstacle restait le manque de laissez-passer consulaires délivrés par Rabat, documents indispensables pour organiser le retour des personnes concernées. Le nouveau groupe de travail vise à pallier cette difficulté en amont, en tranchant plus rapidement sur la nationalité et en permettant ainsi aux services français de lancer les procédures de renvoi avec un minimum d’ambiguïté.

Ce renforcement de la coopération franco-marocaine contraste avec les tensions actuelles entre Paris et Alger. En effet, au moment même où Retailleau posait le pied sur le sol marocain, les relations entre la France et l’Algérie connaissaient une nouvelle dégradation. Selon le ministre français des Affaires étrangères, Alger a récemment exigé le départ de douze fonctionnaires français de son territoire. Cette décision intervient dans un contexte où les relations diplomatiques entre les deux pays sont de plus en plus tendues, notamment sur les questions migratoires, sécuritaires et mémorielles.

Si le partenariat France – Maroc annoncé par Retailleau permet effectivement de fluidifier les procédures de réadmission, il pourrait servir d’exemple pour d’autres pays en Europe confrontés aux mêmes difficultés. Reste à voir comment cette initiative conjointe évoluera sur le terrain et si elle débouchera, à terme, sur une politique plus globale et durable entre les deux rives de la Méditerranée.

Lire également :

Algériens de France : la Préfecture de Paris fait une annonce réjouissante

« C’est détecté » : le Préfet de Paris met en garde les Algériens

Alerte en Algérie, à cause d’un produit venu de France