Dans une déclaration qui risque de faire réagir bien au-delà des frontières françaises, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a exprimé, hier dimanche 13 avril 2025 sur LCI, son souhait de permettre aux autorités de « fouiller les téléphones » des personnes en situation irrégulière. Parmi elles, de nombreux ressortissants algériens sont concernés par cette proposition de Retailleau, qui s’inscrit dans une série de mesures envisagées dans le cadre de la refonte de la politique migratoire française.
Cette volonté s’appuie sur un nouveau règlement européen dévoilé le 11 mars par la Commission européenne. Ce texte, surnommé « règlement retour », vise à pénaliser le séjour irrégulier sur le territoire européen, le qualifiant désormais de délit. Une avancée juridique que Bruno Retailleau entend exploiter pleinement, souhaitant que la législation française s’harmonise avec ce nouveau cadre européen. Il a ainsi insisté sur l’importance d’avoir un accès direct aux données des téléphones portables des personnes concernées. Pour le ministre, ces appareils contiennent des informations cruciales permettant de déterminer l’origine exacte d’un individu, son itinéraire migratoire, ainsi que ses éventuelles connexions ou relais sur le territoire français.
La déclaration de Retailleau, qui fait déjà couler beaucoup d’encre, intervient dans un contexte politique sensible. La question migratoire continue d’agiter l’opinion publique et divise la classe politique. Dans le détail, le ministre estime que cette mesure de fouille numérique pourrait devenir un outil central pour faciliter les procédures d’expulsion, souvent freinées par l’absence de documents d’identité ou le manque de coopération de certains pays d’origine. Il n’a pas explicitement cité l’Algérie, mais de nombreux analystes y voient une allusion directe, tant la communauté algérienne est représentée parmi les personnes en situation irrégulière recensées sur le territoire français.
Mais les annonces ne se sont pas arrêtées là. Bruno Retailleau a également souhaité s’attaquer à un autre pilier de la politique d’immigration : l’acquisition de la nationalité française, dont bénéficient des Algériens. Aujourd’hui, un enfant né en France de parents étrangers peut devenir automatiquement français à sa majorité, sans démarche particulière, s’il a résidé dans l’Hexagone pendant une durée suffisante. Une règle que le ministre souhaite désormais remettre en question. Selon lui, devenir français ne doit plus être un processus mécanique, mais un « acte volontaire ». Il propose donc qu’une déclaration formelle soit exigée, afin de marquer un engagement clair du jeune majeur envers les valeurs et les principes de la République.
Dans ses propos, Bruno Retailleau a insisté sur le fait que la nationalité française, y compris pour les Algériens, est « un acte grave » qui « se mérite ». Il a évoqué la nécessité d’« aimer la France » pour avoir le droit d’en porter les couleurs, marquant ainsi sa volonté de durcir l’accès à la citoyenneté. Il s’est dit favorable à un encadrement plus strict du droit du sol sur l’ensemble du territoire, ce qui marquerait un tournant notable dans la politique d’intégration française.
Ces prises de position surviennent alors qu’un débat national sur l’identité et la citoyenneté est en préparation. Ce débat, annoncé en début d’année par le Premier ministre, a été confié au Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui devra plancher sur la question « Qu’est-ce qu’être français ? ». Le droit du sol, les modalités d’acquisition de la nationalité et la gestion des personnes en situation irrégulière seront au cœur des discussions.
Aujourd’hui, un enfant né en France de parents étrangers peut obtenir la nationalité dès 13 ans, à condition d’avoir vécu en France pendant au moins cinq années. À 18 ans, cette acquisition devient automatique si aucune opposition n’a été formulée. Le projet évoqué par Bruno Retailleau remettrait profondément en question cette logique, en introduisant une déclaration volontaire, ce qui pourrait rallonger les délais d’obtention de la nationalité et en exclure davantage de jeunes issus de l’immigration.
Ces propositions, bien que encore à l’étape de souhaits politiques, dessinent les contours d’une réforme d’ampleur sur les questions migratoires et identitaires en France. Dans un climat où ces sujets suscitent à la fois des inquiétudes, des tensions et des débats passionnés, les prochains mois s’annoncent décisifs pour la ligne politique que choisira l’exécutif.
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