En France, les sans-papiers algériens résidant dans l’Isère font face à une situation particulièrement tendue depuis l’annonce d’une décision administrative qui rompt brutalement un accord en place depuis seize ans. La CGT des travailleurs sans-papiers, syndicat actif dans la défense des droits des personnes en situation irrégulière, a récemment dénoncé ce qu’elle qualifie de « rupture officielle » du dialogue avec la préfecture de l’Isère. Jusqu’alors, un dispositif permettait un échange constant entre les autorités et le syndicat dans le cadre des dépôts collectifs de dossiers pour la régularisation des sans-papiers. Ce dispositif, essentiel pour de nombreux sans-papiers algériens vivant dans cette partie de la France, vient de prendre fin, provoquant une onde de choc dans la communauté concernée.
La rupture a été annoncée le 1er avril par le secrétaire général de la préfecture, selon les déclarations de la CGT. Ce changement de politique, qui met un terme aux dépôts collectifs autrefois facilités par la CGT, affecte directement de nombreux sans-papiers algériens qui trouvaient dans cette procédure un moyen structuré de faire valoir leur droit à la régularisation. Désormais, les demandes doivent être déposées de manière individuelle au guichet unique de la préfecture de Grenoble, sans égard au lieu de résidence du demandeur dans le département. Pour les sans-papiers algériens vivant à Vienne ou La-Tour-du-Pin, cette nouvelle règle signifie des déplacements plus longs, plus coûteux, et souvent plus complexes à organiser, dans une situation déjà précaire.
Ce bouleversement s’inscrit dans le cadre de l’application de la circulaire Retailleau, un texte fortement contesté par les syndicats. Pour la CGT des travailleurs sans-papiers, cette circulaire vise avant tout à durcir l’accès au séjour en France, en multipliant les obstacles administratifs et en imposant une logique de rendement plutôt qu’une analyse humaine des situations individuelles. Les sans-papiers algériens, déjà en situation de grande vulnérabilité, risquent donc de se retrouver encore plus exposés, sans accompagnement, livrés à eux-mêmes dans des démarches complexes.
La fin des dépôts collectifs représente bien plus qu’une modification technique. Elle remet en cause la reconnaissance du rôle de médiateur joué par la CGT des travailleurs sans-papiers en France, et particulièrement en Isère, où cette organisation a longtemps facilité l’accès aux services de régularisation. Les sans-papiers algériens, très nombreux dans ce département, perdent ainsi un soutien de taille. Pour ces travailleurs, cette annonce constitue un recul majeur, avec des conséquences concrètes sur leur quotidien, leur emploi, et parfois même leur sécurité.
Ce 10 mai, une manifestation est prévue à Grenoble, à l’appel de la CGT. Elle vise à dénoncer cette décision ainsi que l’ensemble des mesures contenues dans la circulaire Retailleau. Le syndicat dénonce une attaque frontale contre les droits fondamentaux des personnes sans titre de séjour, une politique qui selon lui alimente la précarité et favorise l’exploitation. Les sans-papiers algériens en France, et plus particulièrement ceux de l’Isère, se sentent aujourd’hui abandonnés, confrontés à une administration de plus en plus rigide et à un contexte politique où l’humanité cède souvent la place à la statistique.
Dans ce climat tendu, la CGT met en garde contre les conséquences sociales de ces nouvelles directives. Elle insiste sur le fait que ces travailleurs sans-papiers algériens participent activement à l’économie locale en France, souvent dans des secteurs en tension comme le bâtiment, la restauration ou le nettoyage. Leur exclusion administrative représente donc un danger non seulement pour eux, mais aussi pour l’ensemble des entreprises qui s’appuient sur leur main-d’œuvre.
Les jours à venir seront décisifs pour les sans-papiers algériens en France, notamment dans l’Isère. Entre mobilisation citoyenne et bras de fer administratif, leur avenir est suspendu à un équilibre fragile, dans une France où la question des sans-papiers reste plus que jamais au cœur des débats sociaux et politiques.