France : des parents algériens « hautement diplômés » visés par une OQTF

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C’est une situation qui suscite émotion et incompréhension dans la commune de Canteleu, en France, où une famille de parents algériens fait face à une OQTF, une Obligation de Quitter le Territoire Français. Arrivés en France en 2019, ces parents algériens ont tout quitté en Algérie pour offrir un avenir plus stable à leurs enfants. Le père, ancien salarié d’un groupe pétrolier, et la mère, professeure à l’université, ont fait le choix de reconstruire leur vie en France, avec l’espoir que leurs enfants puissent s’épanouir dans un environnement sécurisé et porteur d’opportunités. Aujourd’hui, ces espoirs sont suspendus à une décision administrative qui menace leur présence sur le sol français, à savoir le refus de leur demande de régularisation et la délivrance d’une OQTF.

Les deux enfants, Massinissa et Salem, âgés de 10 et 11 ans, n’ont connu que le système scolaire français depuis leur arrivée, selon France 3, qui s’est penché à cette histoire. Scolarisés à l’école Monet de Canteleu, ils sont pleinement intégrés dans leur environnement éducatif. Pourtant, leurs parents algériens sont désormais sous le coup d’une OQTF, ce qui remet en question la stabilité de toute la famille. Cette mesure prise par les autorités de la France, dans un contexte de durcissement des politiques migratoires, s’appuie sur le refus de leur régularisation administrative malgré leur parcours sans faute et leur forte intégration.

Un appel a été déposé par leur avocat auprès du tribunal de Douai, après un premier refus du tribunal administratif de Rouen. En attendant, les parents algériens, bien qu’en situation précaire, continuent de s’engager localement. Le père, Hamid, est bénévole au Secours catholique, et la famille est activement soutenue par des enseignants, des représentants de parents d’élèves et le maire de Canteleu. Ce dernier a adressé un courrier à la préfecture de la Seine-Maritime, rappelant le profil des parents algériens concernés et leur implication dans la vie sociale et scolaire de la commune.

La préfecture, dans sa réponse, a indiqué qu’elle n’avait pas pu identifier les personnes concernées, tout en rappelant que plus de 26 000 titres de séjour sont délivrés chaque année en Seine-Maritime. Toutefois, cette réponse administrative ne fait que renforcer l’incompréhension des familles mobilisées, notamment celles dont les enfants partagent le quotidien de Massinissa et Salem.

La perspective d’un retour en Algérie est vécue comme un déchirement par les enfants. Une réintégration scolaire dans leur pays d’origine représenterait une rupture brutale pour deux enfants qui n’ont connu que la langue et les méthodes pédagogiques françaises. Les enseignants et les parents d’élèves décrivent des enfants curieux, cultivés, accompagnés par des parents algériens engagés, soucieux de leur ouverture culturelle et de leur réussite scolaire.

Cette affaire met en lumière l’impact humain des décisions d’OQTF en France, lorsqu’elles concernent des familles de parents algériens ayant exercé des professions qualifiées dans leur pays et cherchant simplement à reconstruire leur vie en paix. Le père exprime son incompréhension face à une politique qu’il juge aveugle : “Je comprends qu’on veuille éloigner des personnes dangereuses, mais ce n’est pas notre cas. Avec la nouvelle circulaire de Bruno Retailleau, on ne fait plus du cas par cas.” L’arrivée de la famille en France avait eu lieu sous l’égide de la circulaire Valls, qui pourrait toutefois être invoquée pour appuyer leur recours.

Le 15 mai, un goûter d’information a été organisé devant l’école Monet. Cette initiative soutenue par RESF (Réseau Éducation Sans Frontières) a permis à de nombreux habitants de signer une pétition en faveur du maintien de la famille en France. Les témoignages des enseignants et des parents d’élèves font état d’un large soutien à ces parents algériens visés par une OQTF, qui sont perçus comme des membres à part entière de la communauté éducative locale.

Le cas de cette famille pose une question de fond sur les critères appliqués à l’attribution des OQTF en France, notamment quand il s’agit de parents algériens qualifiés, intégrés, et dont les enfants ont établi des racines solides sur le territoire. Le sort de Hamid, Souhila, Massinissa et Salem dépend désormais d’une décision judiciaire à venir. D’ici là, leur quotidien reste suspendu, entre espoir de régularisation et crainte d’un retour contraint en Algérie.