Le débat sur la viabilité financière du système de retraite français prend une tournure décisive, et ses implications pourraient bien dépasser les simples frontières nationales. Dans un rapport remis au Premier ministre François Bayrou ce jeudi 10 avril 2025, la Cour des comptes, dirigée par Pierre Moscovici, a exposé une série de constats préoccupants sur le poids budgétaire que représente la retraite dans l’économie française. Ce document, dont l’objectif est d’éclairer les partenaires sociaux dans l’optique d’une amélioration de la réforme engagée en 2023, évoque avec insistance la nécessité de revoir les règles de revalorisation des pensions. Une orientation qui pourrait directement concerner tous les retraités résidant en France, y compris les Algériens percevant leur pension sur le territoire hexagonal.
La proposition centrale du rapport repose sur une modification de l’indexation actuelle des pensions. Depuis 1987, celles-ci sont alignées sur l’inflation, un mécanisme garantissant aux retraités un maintien relatif de leur pouvoir d’achat. Cependant, la Cour des comptes remet en question ce principe en suggérant une indexation partielle sur les salaires. Cette nouvelle formule, assortie d’un facteur de « soutenabilité », s’inspirerait de pratiques en vigueur chez certains partenaires européens. Le but recherché serait de mieux adapter l’évolution des retraites aux capacités réelles de financement du système, tout en assurant une solidarité entre les générations actives et retraitées.
Ce changement ne serait pas sans conséquence pour les bénéficiaires. En période de forte inflation, comme celle que la France a connue récemment, une indexation sur les salaires serait mécaniquement moins avantageuse pour les pensionnés. Par exemple, en janvier 2024, les pensions ont été revalorisées de 5,3 % contre une hausse des salaires limitée à 4,1 % l’année précédente. En janvier 2025, la revalorisation des pensions s’est élevée à 2,2 %, tandis que les salaires n’ont progressé que de 2,6 % en 2024. Cette disparité pourrait s’inverser si l’indexation évolue, limitant les hausses de pensions dans les années où l’inflation dépasse la croissance salariale.
Au-delà des chiffres, les retraités algériens, nombreux à percevoir leur pension en France, pourraient se retrouver concernés par ces ajustements. Le rapport de la Cour ne distingue pas les pensionnés selon leur origine ou leur nationalité, mais les règles s’appliqueraient de façon homogène à tous les résidents, qu’ils soient nés en France ou non. La volonté affichée de la Cour est claire : introduire un lien plus direct entre les dépenses de retraite et la performance économique, en instaurant un mécanisme d’ajustement automatique fondé sur le ratio entre cotisants et retraités. Ce facteur de soutenabilité, déjà utilisé dans d’autres pays, aurait pour effet de limiter les augmentations de pensions si le nombre de retraités croît plus rapidement que celui des actifs.
Le rapport insiste également sur le niveau élevé des dépenses françaises en matière de retraites, représentant 13,5 % du PIB, contre 11 % en moyenne dans la zone euro. Ce différentiel de 66 milliards d’euros par an, comparé à la moyenne européenne, monte à 118 milliards lorsqu’on prend l’Allemagne comme référence. Une différence que Pierre Moscovici attribue pour moitié à des paramètres structurels du système français : un âge de départ à la retraite plus précoce et un niveau moyen de pension plus élevé qu’ailleurs. En Allemagne, le niveau de vie moyen des retraités équivaut à 87,8 % de celui des actifs, tandis qu’en France, il atteint presque 100 %, à 99,8 %.
Si la Cour des comptes prend soin de ne pas formuler de recommandations impératives, elle oriente clairement le débat vers une modération des dépenses, en incitant les partenaires sociaux à envisager des pistes de réforme plus rigoureuses. L’adoption d’un nouveau mode d’indexation basé sur les salaires, conjugué à un mécanisme d’équilibrage automatique selon la démographie du travail, aurait un impact durable sur le niveau des pensions futures.
Pour les retraités algériens vivant en France, souvent dépendants de leur pension pour subvenir à leurs besoins, ce changement pourrait représenter une contrainte significative. En l’absence d’un traitement différencié ou d’un régime spécifique, ils seront soumis aux mêmes ajustements que l’ensemble des pensionnés français. Reste à voir quelles orientations les partenaires sociaux retiendront à l’issue de leurs concertations, et si ces nouvelles règles verront le jour dans les mois à venir. Une chose est sûre : l’équilibre du système des retraites français est plus que jamais au cœur des priorités économiques et sociales du pays.
Lire également :
Voyage en Algérie : une passagère « spéciale » entraine dans sa chute un responsable
France : des Algériens menacés avec la nouvelle amende de 150 euros
Impot Gouv, déclaration impot 2025 : voici toutes les nouveautés