En France, une situation pour le moins préoccupante touche des milliers de retraités algériens qui, depuis plusieurs mois, n’ont plus perçu leur pension. Cette crise silencieuse, qui frappe de plein fouet une frange particulièrement vulnérable de la population, prend sa source dans un changement de logiciel interne à la CNAV, la Caisse nationale d’assurance vieillesse, entraînant un blocage massif de dossiers en attente de traitement. À travers toute la France, près de 30 000 retraités seraient ainsi concernés, parmi lesquels un grand nombre de retraités algériens, dont la pension constitue bien souvent l’unique source de revenus en France.
Cette accumulation de retards dans le versement des droits est directement liée à la transition technologique opérée dans les services de calculs de retraite. Selon les explications données à TF1 par Alice Coulon, déléguée syndicale UNSA-CNAV, ce changement de logiciel visait à améliorer le calcul des droits à la retraite, mais a au contraire provoqué un engorgement sans précédent dans les procédures. Malgré les efforts annoncés, les conséquences humaines sont lourdes, notamment pour les retraités algériens installés en France qui ne comprennent pas pourquoi leur pension tarde autant à être versée.
La complexité du traitement administratif a mis à nu les failles d’un système déjà fragilisé. Le directeur général de la CNAV, Renaud Villard, a reconnu l’ampleur du problème, promettant que le nombre de dossiers en attente sera ramené à 19 000 d’ici 2027. Mais pour de nombreux retraités algériens résidant en France, privés de leur pension pendant des mois, cette échéance semble bien lointaine. La situation n’est pas qu’un simple dysfonctionnement technique : elle a plongé des familles entières dans une profonde détresse. Pour ces retraités algériens qui ont cotisé toute leur vie en France, l’absence de pension signifie souvent un retour brutal à la précarité. Certains doivent désormais compter sur l’aide financière de leurs enfants, d’autres s’endettent ou vivent dans la crainte de ne plus pouvoir payer leur loyer, leur électricité ou même leurs médicaments.
Le cas de Heiter Shiers illustre à lui seul la gravité de la situation : cette retraitée franco-britannique, dont la pension devait atteindre 1 800 euros, ne reçoit aujourd’hui que 1 000 euros mensuels au titre de la pension complémentaire. Elle raconte avoir multiplié les lettres recommandées, les appels, les dossiers envoyés, sans résultat. À ses côtés, de nombreux retraités algériens en France partagent la même angoisse, redoutant chaque jour que leur pension soit suspendue, ou pire, annulée en raison d’un bug informatique. Ces erreurs de traitement ne se limitent pas aux retards : elles affectent également la revalorisation des montants. Plusieurs retraités algériens affirment avoir vu leur pension réduite sans justification claire, créant un climat de suspicion et d’incompréhension.
L’expérience de Brigitte Le Gall, retraitée depuis octobre, met aussi en lumière la dépendance croissante des personnes âgées envers leur entourage. Elle explique que ses deux filles l’ont financièrement soutenue pendant près de neuf mois, l’une allant jusqu’à contracter un prêt pour l’aider à survivre dans l’attente de la régularisation. Un scénario qui devient tristement banal pour les retraités algériens de France, dont la pension reste bloquée dans un circuit administratif sans fin. Ce sont des décennies de travail et de cotisations qui sont ainsi remises en question pour une population déjà fragilisée par l’âge, la maladie, ou l’isolement.
Chaque année, la CNAV doit traiter environ 850 000 dossiers, mais avec le blocage actuel, ce sont des vies entières suspendues à un traitement automatisé qui ne suit plus. Les syndicats alertent sur l’urgence d’une réforme de fond et non de simples ajustements techniques. En France, les retraités algériens, nombreux, représentent une part significative des bénéficiaires, et leur exclusion temporaire du système par ces retards de pension génère des répercussions sociales considérables. Trois fois victimes : de l’inertie administrative, du silence des institutions, et d’un système qui peine à reconnaître l’urgence de leur situation. Pour les retraités algériens vivant en France, la pension n’est pas un privilège mais un droit, dont le non-respect devient un véritable problème de dignité.