France : des sans-papiers algériens et Marocains font plier Carrefour

El Mordjene Carrefour sans-papiers algériens

Dans un contexte social tendu en France, l’affaire impliquant des sans-papiers algériens et marocains employés dans un magasin Carrefour de Villeneuve-la-Garenne a récemment attiré l’attention. Sept salariés sans-papiers algériens et marocains, initialement recrutés par un intermédiaire leur promettant un contrat à durée indéterminée ainsi qu’une régularisation, ont finalement obtenu gain de cause après une mobilisation éclair menée par la CGT. La situation, qualifiée par les syndicats de scandaleuse, a mis en lumière les pratiques opaques de certains prestataires du groupe Carrefour, mais surtout la précarité dans laquelle se trouvent de nombreux sans-papiers algériens et marocains en quête de stabilité professionnelle sur le sol français.

Ces sept travailleurs, tous sans-papiers algériens et marocains, avaient accepté un emploi dans la manutention, sur la promesse d’une régularisation rapide. L’intermédiaire en question leur aurait demandé de fournir de faux documents d’identité pour la signature de contrats précaires, notamment des CDD de six mois, tout en exerçant un chantage financier. Des menaces de dénonciation auprès des autorités ont également été évoquées. Cette situation a perduré durant plusieurs mois, au cours desquels les travailleurs concernés ont subi un rythme de travail intense, dans un climat de peur et d’insécurité administrative.

Le tournant intervient après un contrôle inopiné de l’inspection du travail, qui pousse les salariés concernés à alerter la direction. La réaction initiale fut brutale : des mises à pied furent prononcées, non seulement contre les personnes incriminées dans l’encadrement, mais également contre les sept victimes, toutes des sans-papiers algériens et marocains, qui espéraient un soutien de leur employeur. Ces licenciements déclenchent alors une vive réaction de l’union locale de la CGT de Gennevilliers et Villeneuve-la-Garenne, qui décide de se mobiliser sans délai.

Dès le lendemain, une action est organisée devant le magasin Carrefour. Les syndicats dénoncent l’hypocrisie d’un groupe de l’envergure de Carrefour qui, tout en s’affichant comme soucieux des droits sociaux, aurait laissé des sans-papiers algériens et marocains être rackettés et licenciés. La pression médiatique et syndicale oblige Carrefour à réagir rapidement. Moins de 24 heures après le début de la mobilisation, un communiqué de l’union locale CGT annonce que le groupe Carrefour s’est engagé à réembaucher les sept salariés concernés. Mieux encore, Carrefour a accepté de leur fournir les promesses d’embauche et les formulaires CERFA indispensables à leur régularisation administrative.

Cette victoire rapide illustre non seulement la puissance de l’action collective, mais aussi la complexité de la situation des sans-papiers algériens et marocains sur le marché du travail français. Si dans ce cas précis Carrefour a fini par reconnaître sa responsabilité, la CGT estime que ce dossier n’est que la partie émergée de l’iceberg. Les sans-papiers algériens et marocains restent nombreux à subir des abus dans des secteurs peu contrôlés comme la grande distribution, la logistique ou encore la restauration. La victoire obtenue face à Carrefour pourrait ainsi faire jurisprudence et encourager d’autres travailleurs sans-papiers algériens et marocains à sortir de l’ombre.

L’affaire relance également le débat sur la responsabilité des grandes entreprises françaises face à la sous-traitance et aux pratiques abusives d’intermédiaires. Dans ce cas précis, Carrefour affirme avoir été dupé par une société tierce, mais n’élude pas son rôle dans la gestion des ressources humaines sur ses sites. La question de l’éthique dans les chaînes d’approvisionnement en main-d’œuvre se retrouve ainsi posée de manière frontale, avec en toile de fond les parcours souvent invisibles des sans-papiers algériens et marocains.

Alors que la régularisation des travailleurs sans-papiers fait l’objet de débats politiques en France, cette affaire pourrait marquer un tournant. Carrefour, mis face à ses responsabilités, a plié sous la pression syndicale. Mais au-delà de ce geste, c’est la condition même des sans-papiers algériens et marocains dans l’économie française qui est remise en question, appelant à une réforme structurelle plus large.