France : désespérés, des médecins algériens lancent un cri de détresse

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Dans un climat de tension croissante, les médecins étrangers exerçant en France, et plus particulièrement les Algériens, se trouvent à un tournant critique. Depuis plusieurs années, ces praticiens formés hors de l’Union européenne occupent une place essentielle au sein du système hospitalier français, souvent dans des conditions précaires et avec un avenir professionnel incertain. Aujourd’hui, face à une impasse administrative, ils sont prêts à durcir le ton en engageant une grève de la faim.

Le statut des Padhue (Praticiens à diplôme hors Union européenne) est un véritable casse-tête juridique et administratif. Ces médecins, recrutés pour pallier la pénurie de professionnels de santé en France, occupent des postes souvent sous-payés et sans garantie de stabilité. Leur parcours vers une reconnaissance officielle passe par un concours, les EVC (épreuves de vérification des connaissances), dont les places sont limitées et attribuées de manière jugée arbitraire par les syndicats et associations concernés.

Depuis janvier 2025, l’incompréhension et la colère ont explosé avec l’annonce de la suppression de 700 postes sur les 4 000 initialement prévus pour ces professionnels. Une décision considérée comme une injustice flagrante par ceux qui, depuis des années, participent activement à la prise en charge des patients dans des services hospitaliers souvent sous tension.

Médecins algériens en France : Abdelhalim Bensaidi dénonce

« On exerce et on tient à bout de bras les hôpitaux depuis des années. Le président de la République avait promis de sortir les Padhue de leur précarité. Ce n’était que des promesses, nous n’avons rien eu », confie le Dr algérien Abdelhalim Bensaidi, vice-président de l’association Ipadecc, au média français Actu.fr. Pour lui, cette situation révèle une forme d’hypocrisie du système de santé français qui dépend massivement de ces médecins, sans pour autant leur offrir une reconnaissance officielle.

« Les médecins Padhue n’ont rien, à part une autorisation provisoire d’exercice d’année en année. Ils sont payés 1 400 euros à 2 000 euros par mois », ajoute le président de l’Ipadecc.

Le concours des EVC repose sur deux listes distinctes : la liste A, qui fonctionne comme un numerus clausus et sélectionne les meilleurs candidats, et la liste B, réservée aux réfugiés et apatrides ayant obtenu une moyenne minimale de 10. Pourtant, des postes restent vacants malgré des candidats qualifiés. « Ils ont pris des gens sur des listes complémentaires alors que les principales n’étaient pas complètes. C’est un détournement du pouvoir du jury », dénonce Abdelhalim Bensaidi. Une situation qui alimente la colère des médecins étrangers, nombreux à dénoncer un système opaque et une précarisation injuste de leur statut.

Le système des épreuves de vérification des connaissances (EVC), censé réguler l’accès à la profession, est de plus en plus critiqué. Non seulement le nombre de places est insuffisant, mais les méthodes d’évaluation sont jugées opaques. Certains candidats, bien qu’ayant obtenu la moyenne, se retrouvent recalés pour des motifs difficiles à comprendre. Les listes d’admission fonctionnent selon des critères qui favorisent parfois des profils au détriment d’autres, sans explication claire.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en Île-de-France, près de 38 % des médecins en exercice proviennent de cette catégorie. Certains départements, comme la Seine-Saint-Denis ou le Val-de-Marne, affichent des taux encore plus élevés. Pour beaucoup d’entre eux, ces postes représentent bien plus qu’un simple emploi : ils sont une porte d’entrée vers une vie stable, souvent accompagnée d’une installation familiale en France.

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