L’affaire Sofia Benlemmane continue de faire couler beaucoup d’encre. L’influenceuse franco-algérienne, connue pour son franc-parler sur les réseaux sociaux, s’est retrouvée au cœur d’une affaire judiciaire sensible qui met en lumière les tensions entre la France et l’Algérie. Mardi, le tribunal correctionnel de Lyon a requis un an de prison avec sursis contre elle, une décision qui reflète la gravité des accusations portées à son encontre.
Le parquet l’accuse principalement d’avoir proféré des menaces de mort sur les réseaux sociaux à l’encontre d’opposants au gouvernement algérien. Des propos jugés « particulièrement graves, haineux, n’ayant aucune place dans une démocratie », selon les mots du représentant du ministère public. Une déclaration qui souligne la nécessité pour la justice française d’encadrer les discours en ligne, même lorsque ceux-ci relèvent d’un contexte politique et émotionnellement chargé.
Placée sous contrôle judiciaire depuis son interpellation début janvier, Sofia Benlemmane a tenté de se défendre à la barre en invoquant une simple « expression, une façon de parler », dénuée de toute intention réelle de passage à l’acte. Cette femme de 54 ans, sans emploi, suivie par plus de 350 000 abonnés sur TikTok et Facebook, a notamment été pointée du doigt pour une vidéo dans laquelle elle s’en prend violemment à une autre internaute, déclarant : « N**** toi et ta France », suivi de « j’espère que tu seras t***, j’espère qu’ils vont te t***». Des paroles qui, selon elle, auraient dépassé sa pensée.
Son avocat, Me Frédéric Lalliard, a plaidé en faveur d’une interprétation plus clémente, estimant qu’on lui prêtait une influence et une puissance idéologique qui ne seraient pas les siennes. Il a évoqué des « discussions de gamines », des échanges qui, dans l’instantanéité des réseaux sociaux, peuvent prendre des proportions inattendues.
Lors de l’audience, Sofia Benlemmane s’est montrée sur la défensive, apparaissant vêtue d’un t-shirt aux couleurs de l’Algérie, un choix vestimentaire qui en dit long sur son attachement à son pays d’origine. Face aux questions de la présidente du tribunal et des avocats des parties civiles, les échanges ont parfois été tendus, reflétant la complexité de cette affaire qui touche autant au judiciaire qu’au politique.
Ce n’est pas la première fois que son nom fait les gros titres. En 2001, elle avait déjà été condamnée à sept mois de prison avec sursis et à trois ans d’interdiction de stade pour avoir envahi la pelouse du Stade de France lors du célèbre match amical France-Algérie, arborant un drapeau algérien. Un incident qui avait marqué les esprits et confirmé son tempérament impulsif.
Sofia Benlemmane n’est pas la seule influenceuse à être poursuivie en France dans ce contexte. D’autres créateurs de contenu algériens ont également été inquiétés par la justice ces derniers mois. À Brest, « Zazou Youssef » a été condamné fin février à 18 mois de prison ferme assortis d’une interdiction du territoire français de dix ans, après avoir appelé sur TikTok à perpétrer des attentats en France et des violences en Algérie. De son côté, « Doualemn » a écopé de cinq mois de prison avec sursis en mars à Montpellier pour avoir diffusé une vidéo appelant à « donner une sévère correction » à un opposant au régime algérien.
Dans ce contexte, la décision du tribunal de Lyon sera scrutée avec attention. Le verdict final sera rendu le 15 avril.
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