Dans un contexte où la culture culinaire algérienne est mise à l’honneur, une Algérienne vivant en France a récemment créé la polémique sur les réseaux sociaux avec une vidéo inattendue. Dans celle-ci, elle prétend avoir fait un « Alger-Lille » en louant un petit avion pour ramener clandestinement la célèbre pâte à tartiner algérienne, El Mordjene, à la Pablo Escobar. Cette scène humoristique a provoqué des réactions partagées parmi les internautes, certains riant aux éclats tandis que d’autres sont restés perplexes.
Dans la vidéo, la jeune femme apparaît à bord d’un petit avion, affichant un sourire complice, tandis qu’elle déclare : « Avoir fait Alger-Lille pour vous ramener votre pâte El Mordjene, qui dit mieux ? ». À l’arrière, on aperçoit quatre packs de la fameuse pâte à tartiner, un produit adoré par de nombreux Algériens, mais dont l’importation est interdite en France depuis le 13 septembre dernier. La situation est mise en scène sur fond d’une musique vantant les mérites de Pablo Escobar, le célèbre narcotrafiquant colombien, ajoutant une touche d’ironie à cette prétendue opération d’importation illicite de El Mordjene.
La vidéo, à la fois humoristique et provocante, a rapidement fait le tour des réseaux sociaux, suscitant des réactions diverses. Certains internautes ont compris qu’il s’agissait d’une farce, un montage visant à attirer l’attention sur la passion des Algériens pour cette pâte à tartiner. D’autres, en revanche, ont été choqués par la référence au trafic de drogue, craignant que cela puisse véhiculer une image négative de la communauté algérienne en France.
Face à l’ampleur de la réaction, la jeune fille a pris le temps de clarifier les choses dans les commentaires. Elle a expliqué qu’il s’agissait d’une parodie, un jeu sur l’obsession des Algériens pour El Mordjene et la difficulté d’en obtenir en France. « C’était juste un montage humoristique pour faire rire, pas une incitation à enfreindre la loi », a-t-elle précisé, espérant ainsi apaiser les tensions.
@breakinfrance ALGER-PARIS😱😱 Pour vous ramener la pate El Mordjene 🫡🫡 !
Parodie Pablo Escobar : tout ce qu’il faut savoir sur El Mordjene
Depuis plusieurs mois, la pâte à tartiner El Mordjene de la marque algérienne Cebon connaît un succès fulgurant en France, mais cette popularité s’accompagne désormais d’une pénurie inquiétante. Au cœur de cette situation, plusieurs palettes de cette célèbre pâte à tartiner ont été bloquées au port de Marseille, tandis que d’autres envois ont été interceptés à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle. Quelles en sont les raisons et quelles sont les conséquences pour les consommateurs ?
El Mordjene, fabriquée à Oran, en Algérie, a rapidement conquis le cœur des gourmets grâce à son goût de noisette, similaire à celui du Kinder Bueno. Bien que son prix soit plus élevé que celui de ses concurrents, de nombreux clients, comme un couple cité par Le Parisien, sont prêts à faire des kilomètres pour se la procurer : « C’est plus cher que le Nutella, mais c’est meilleur ». Le pot de 700 g se vend à environ 8,50 euros, un prix qui ne freine pas l’engouement.
La notoriété de cette pâte à tartiner a explosé durant l’été 2024, portée par les créateurs de contenu sur les réseaux sociaux. Influencée par des figures telles que Justem0ha et Johan Papz, la pâte à tartiner a vu sa demande grimper en flèche, entraînant des ruptures de stock dans les magasins. Amine Ouzlifi, responsable export chez Cebon, a confirmé que les commandes affluaient de pays aussi variés que le Qatar, la Côte d’Ivoire, ou même les Bermudes.
Cependant, cet engouement est désormais entravé par des problèmes logistiques majeurs. Les autorités françaises, notamment le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, ont justifié le blocage des envois par le non-respect des normes sanitaires européennes. En effet, El Mordjene contient 12 % de poudre de lait, un ingrédient qui, bien que sourcé en France, est transformé en Algérie. Cette situation contrevient aux règlements de l’Union européenne, qui stipulent que les produits laitiers ne peuvent être importés que si le pays d’origine respecte des conditions strictes de sécurité alimentaire.
Mustapha Zebdi, de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (APOCE), s’interroge sur le timing de l’application de cette mesure, notant que si le règlement européen devait s’appliquer, cela aurait dû être fait dès le début de la commercialisation du produit. Le ministère a confirmé qu’une enquête était en cours pour déterminer si des mécanismes de contournement avaient été utilisés pour permettre la mise sur le marché de la pâte à tartiner.
Il est crucial de noter qu’à ce stade de l’enquête, aucune preuve ne démontre que la consommation d’El Mordjene présente un danger pour la santé. Le blocage est purement réglementaire, lié à l’absence de garanties adéquates de la part des autorités algériennes sur la conformité des produits. Un importateur anonyme a souligné que la résolution de ce problème serait avant tout juridique et dépendrait des efforts des autorités algériennes pour assurer la conformité du produit.
La réaction des consommateurs face à cette situation est majoritairement celle de la déception. Beaucoup expriment leur incompréhension, soulignant que le produit était disponible sans problème jusqu’à présent. Toufik, un jeune de 27 ans, se demande comment une interdiction peut survenir après un tel engouement, déplorant de n’avoir même pas eu le temps de goûter à la pâte à tartiner.
Des marques concurrentes, telles que Ferrero, ont démenti toute implication dans l’interdiction d’El Mordjene, tandis que certains distributeurs français, comme Carrefour, avaient prévu de commercialiser le produit dans les semaines à venir. Cependant, avec les récents blocages, ce plan semble désormais compromis.
Brahim Kezoui, responsable d’un magasin à Argenteuil, a également exprimé son agacement face à cette polémique et envisage de se concentrer sur d’autres produits pour compenser cette absence.
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