Jean-Michel Aphatie se retrouve au cœur d’une vive polémique après ses déclarations sur l’antenne de RTL. En établissant un parallèle entre la colonisation de l’Algérie et le massacre d’Oradour-sur-Glane, le journaliste a déclenché une vague d’indignation, aussi bien dans les milieux politiques que parmi les auditeurs. Face à la controverse, la station de radio a décidé de le suspendre temporairement, le plaçant en retrait de son antenne pour une durée indéterminée. Cette sanction suscite des réactions contrastées et relance un débat aussi sensible que brûlant.
Tout a commencé lors d’une discussion sur l’histoire coloniale de la France. Jean-Michel Aphatie, connu pour son franc-parler, a tenu des propos qui ont immédiatement provoqué un tollé. « Chaque année, en France, on commémore ce qui s’est passé à Oradour-sur-Glane, c’est-à-dire le massacre de tout un village. Mais on en a fait des centaines, nous, en Algérie. Est-ce qu’on en a conscience ? », a-t-il déclaré. Ce parallèle entre les atrocités commises par l’armée nazie en 1944 et les violences de la colonisation française a choqué de nombreux auditeurs, mais aussi des responsables politiques qui ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une comparaison infondée et déplacée.
Rapidement, la direction de RTL a réagi en qualifiant ces propos d’« inappropriés ». Devant le refus du journaliste de revenir sur ses déclarations ou de présenter des excuses, la station a pris la décision de le mettre en retrait. Un choix qui n’a fait qu’alimenter la polémique. Tandis que certains dénoncent une atteinte à la liberté d’expression, d’autres estiment que RTL a pris une décision justifiée pour éviter toute récupération politique de cette affaire.
Les réactions politiques n’ont pas tardé à fuser. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a dénoncé une « falsification odieuse de l’histoire », jugeant que Jean-Michel Aphatie avait « insulté tous les rapatriés d’Algérie ». De son côté, Éric Ciotti a estimé que le journaliste s’était comporté « comme un militant plutôt que comme un éditorialiste », l’accusant de reprendre des éléments de langage favorables à l’Algérie. À gauche, certains ont, au contraire, défendu l’idée que le débat sur la mémoire coloniale devait être ouvert et sans tabous.
En parallèle, l’Arcom, le régulateur des médias français, a été saisi après plusieurs signalements d’auditeurs outrés. Une enquête a été ouverte pour déterminer si RTL a manqué à ses obligations en diffusant de tels propos. L’organisme pourrait décider de prendre des mesures supplémentaires à l’encontre de la station, bien que celle-ci ait déjà agi en mettant Jean-Michel Aphatie en retrait.
Malgré la tourmente, l’éditorialiste reste serein et assume pleinement ses propos. Interrogé par Arrêt sur images, il a affirmé qu’il n’était ni « meurtri ni choqué » par la décision de RTL, qu’il considère comme une réaction classique face à une polémique de grande ampleur. Il a également réitéré son propos en insistant sur le fait que la mémoire de la colonisation française mérite un débat honnête et non biaisé.
Cette affaire intervient dans un contexte particulièrement tendu entre la France et l’Algérie. Les relations diplomatiques entre les deux pays sont régulièrement marquées par des crispations autour des questions mémorielles. La question des excuses officielles de la France pour les crimes commis durant la colonisation reste un sujet de discorde majeur. Dans ce climat, les propos de Jean-Michel Aphatie ont donc eu un retentissement d’autant plus important, ravivant une blessure historique qui peine à se refermer.
L’avenir dira si cette suspension est temporaire ou si elle marquera un tournant dans la carrière du journaliste. RTL pourrait décider de réintégrer son éditorialiste après que la tempête médiatique se soit calmée, ou au contraire, opter pour un repositionnement éditorial en mettant fin à leur collaboration. Quoi qu’il en soit, cette affaire illustre une nouvelle fois la difficulté de parler sereinement du passé colonial français sans susciter d’intenses débats.
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