Kaylia Nemour, la championne olympique aux barres asymétriques, a décidé de briser le silence autour de son passage au club d’Avoine-Beaumont. Depuis que Kaylia Nemour a annoncé son départ en mai dernier, les réactions ont été nombreuses, parfois violentes, et souvent dirigées contre elle et sa mère. C’est pour cette raison que Kaylia Nemour a choisi de s’exprimer publiquement, afin de clarifier les circonstances qui l’ont poussée à quitter son ancien club formateur, et mettre en lumière une réalité jusqu’ici méconnue.
Âgée de 18 ans, la gymnaste franco-algérienne a confié qu’elle vivait désormais à Dijon, où elle poursuit sa carrière sportive auprès de Nadia Massé, sa nouvelle coach et ancienne chorégraphe. Ce changement marque une rupture forte avec l’environnement d’Avoine-Beaumont, qu’elle décrit comme oppressant. Selon elle, les méthodes de Marc et Gina Chirilcenco, ses anciens entraîneurs, relevaient d’une forme d’« emprise » constante. Elle évoque un encadrement rigide, une surveillance omniprésente et des entraînements étouffants, où rigueur et contrôle prenaient souvent le pas sur le bien-être physique et mental.
Les propos tenus par Kaylia Nemour sont précis et révélateurs. Elle parle d’horaires d’entraînement interminables, de cris récurrents, d’humiliations infligées devant l’ensemble du groupe, de blessures négligées et d’une pression psychologique constante. Selon elle, le discours dominant au sein du club était que « la gym de haut niveau, c’est comme ça », une maxime répétée pour banaliser les méthodes extrêmes. Kaylia Nemour explique qu’elle a longtemps cru, comme beaucoup d’autres, que ces souffrances faisaient simplement partie des exigences de la performance. Ce n’est qu’après avoir changé d’environnement qu’elle a réalisé qu’une autre approche était possible.
Elle souligne aussi les répercussions de cette relation sur sa vie personnelle. Lorsqu’elle a décroché sa médaille d’or olympique sous les couleurs de l’Algérie, ses parents avaient proposé de fêter l’événement avec ses proches. Mais, selon elle, ses anciens entraîneurs ont empêché cette célébration, invoquant un faux prétexte. Cette manipulation, confie-t-elle, a été vécue comme une trahison profonde : « Ils ont menti à ma famille, à mes amis, ça me fait tellement de peine pour eux. »
Malgré cette période difficile, Kaylia Nemour affirme ne pas vouloir se laisser enfermer dans ce passé. Elle a envisagé d’arrêter la gymnastique, mais a finalement choisi de rebondir, en se fixant de nouveaux objectifs clairs : les championnats du monde d’octobre à Jakarta, le tournoi de septembre à Paris, et bien sûr les Jeux olympiques de Los Angeles. Aujourd’hui, elle dit vouloir avancer avec sérénité et être enfin entourée d’une équipe qui l’écoute, la respecte et la valorise.
Le couple Chirilcenco, visé par ces graves accusations, a quant à lui refusé de commenter en détail les déclarations de Kaylia Nemour. Le mari a simplement affirmé qu’il n’y avait aucun désaccord avec la jeune athlète et qu’elle serait partie en bons termes. Une version contredite par les propos publics de la championne, mais également par les signalements transmis ces dernières années par la Fédération française de gymnastique. Ces signalements portaient sur des soupçons de « mise en danger d’autrui » et d’« emprise générale » au sein du club d’Avoine.
En décembre 2023, la préfecture d’Indre-et-Loire a mis fin à la procédure administrative en jugeant qu’aucune mesure de police n’était nécessaire contre les entraîneurs. Toutefois, l’enquête judiciaire ouverte en 2022 reste en cours, et pourrait potentiellement faire évoluer les responsabilités dans cette affaire. En attendant, Kaylia Nemour poursuit son chemin, déterminée à écrire une nouvelle page de sa carrière, libre de toute emprise et de toute humiliation.