France : la justice suspend l’expulsion de l’influenceur « Doualemn »

Influenceur algérien expulsé DOUALEMN

La décision du tribunal administratif de Paris concernant l’expulsion de l’influenceur Boualem Naman, alias « Doualemn », marque un tournant dans les tensions entre la France et l’Algérie. L’intervention du juge des référés souligne une faille dans la procédure employée par le ministère de l’Intérieur, dirigé par Bruno Retailleau. En mettant en avant l’absence de justification de l’urgence absolue, la justice rappelle l’importance du respect des garanties fondamentales pour toute personne, quelle que soit sa situation.

L’affaire débute début janvier, lorsque Doualemn est interpellé à Montpellier à la suite de la diffusion d’une vidéo sur TikTok. Dans celle-ci, il tient des propos ambigus à l’égard d’un opposant au régime algérien. Les premières traductions relayées par les autorités françaises laissent entendre qu’il aurait lancé un appel au meurtre. Cette interprétation justifie alors son arrestation et sa mise en rétention administrative en vue d’une expulsion rapide. Cependant, une analyse approfondie du contenu de la vidéo révèle une nuance : les mots employés se rapprochent davantage d’un appel à « attraper » et à infliger une correction sévère à l’opposant en question.

Malgré cette précision, le ministère de l’Intérieur décide d’accélérer l’expulsion en invoquant une menace grave pour l’ordre public. Le 9 janvier, Doualemn est donc envoyé en Algérie. Mais l’expulsion ne se déroule pas comme prévu : le soir même, les autorités algériennes le renvoient en France. Cette réaction inattendue provoque une onde de choc diplomatique entre Paris et Alger. Ce retour forcé remet en cause la légitimité de la procédure engagée par le gouvernement français et souligne un malaise grandissant dans les relations bilatérales.

À son retour en France, Doualemn est placé au centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne. Ses avocates, Julie Gonidec et Marie David-Bellouard, dénoncent une atteinte grave aux droits fondamentaux de leur client et demandent immédiatement sa remise en liberté. Selon elles, la procédure utilisée par le ministère de l’Intérieur relève d’une volonté politique plus que d’une véritable nécessité de sécurité publique. Cette déclaration s’inscrit dans un climat de durcissement des politiques migratoires et de contrôle des influenceurs étrangers jugés problématiques.

La décision du juge des référés ne remet pas en cause le fond de l’affaire, mais s’attarde uniquement sur la procédure. Il estime que l’expulsion aurait dû suivre un cadre classique, permettant à Doualemn de bénéficier d’un examen approfondi de sa situation et des recours juridiques appropriés. En d’autres termes, si le ministère souhaite poursuivre son expulsion, il devra engager une procédure ordinaire, offrant à l’influenceur les garanties minimales requises par le droit.

Cette affaire met en lumière une tendance récente : la multiplication des expulsions d’influenceurs algériens en France. Ces derniers, souvent impliqués dans des discours controversés sur les réseaux sociaux, deviennent des cibles privilégiées des autorités françaises, qui cherchent à durcir leur politique d’immigration et à affirmer leur fermeté face aux tensions avec Alger. L’expulsion ratée de Doualemn n’est qu’un épisode parmi d’autres dans cette dynamique qui illustre les enjeux diplomatiques et judiciaires sous-jacents.

Dans l’attente d’une nouvelle décision, Doualemn reste en rétention, tandis que ses avocates s’apprêtent à déposer une demande de mise en liberté. De son côté, Bruno Retailleau dispose d’un mois pour réexaminer la situation et décider d’une nouvelle procédure.

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