France : l’Algérie commence à récupérer les Algériens sous OQTF

Algérien OQTF secrétaire

Après plusieurs mois de tensions diplomatiques et de blocages administratifs, un tournant notable s’opère entre Paris et Alger. Pour la première fois depuis le durcissement des relations migratoires entre les deux pays, l’Algérie a commencé à reprendre des ressortissants algériens placés sous Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Ce réengagement a été confirmé par le député non inscrit de Moselle, Belkhir Belhaddad, membre du groupe d’amitié France-Algérie à l’Assemblée nationale, lors d’une interview diffusée ce lundi 7 avril sur franceinfo. Il a indiqué que sept personnes concernées par une OQTF ont déjà été reprises par les autorités algériennes, un geste qui marque une évolution concrète après des mois d’impasse.

La situation avait atteint un point de crispation en mars dernier, lorsque l’Algérie avait catégoriquement refusé de délivrer des laissez-passer consulaires pour soixante ressortissants algériens que la France souhaitait expulser. Ces individus, qualifiés de « dangereux » par les autorités françaises, étaient visés par des mesures d’éloignement, mais les démarches administratives s’étaient heurtées au refus d’Alger, en contradiction avec l’accord bilatéral de 1994 sur la réadmission des ressortissants. Ce gel avait provoqué un durcissement de la politique française à l’égard de l’Algérie, y compris une réduction temporaire des visas délivrés.

Mais un changement de ton s’est produit récemment à la faveur d’une reprise du dialogue diplomatique. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, s’est rendu en Algérie ce week-end. Lors de cette visite, il a rencontré son homologue algérien Ahmed Attaf ainsi que le président Abdelmadjid Tebboune. Cette mission diplomatique avait pour objectif d’apaiser les tensions persistantes et de relancer les discussions autour de la coopération migratoire et sécuritaire. « La France souhaite tourner la page des tensions actuelles », a déclaré le ministre à l’issue des échanges. Il s’agissait d’un signal fort, salué par plusieurs observateurs comme une volonté claire des deux parties de rétablir une relation apaisée.

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Selon Belkhir Belhaddad, cette reprise de la coopération est en partie le fruit d’un contact direct entre les deux chefs d’État. Il fait référence à un échange téléphonique entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune qui aurait eu lieu le 31 mars, débloquant, selon lui, un certain nombre de dossiers sensibles. Depuis cet appel, des laissez-passer consulaires ont été délivrés par les autorités algériennes, permettant ainsi le rapatriement progressif de plusieurs personnes concernées par des OQTF. Ce mouvement est perçu comme le début d’un processus plus large qui pourrait s’étendre dans les semaines à venir.

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Au-delà de la seule question des expulsions des Algériens sous OQTF, la reprise du dialogue a permis de remettre sur la table d’autres dossiers épineux. Belkhir Belhaddad a ainsi confirmé que le cas de Boualem Sansal a été évoqué lors des entretiens entre les responsables français et algériens. L’écrivain franco-algérien a été récemment condamné à cinq ans de prison le 27 mars dernier, une affaire qui a suscité de nombreuses réactions en France. Le député estime que la diplomatie pourrait jouer un rôle clé dans une éventuelle évolution de ce dossier. « La diplomatie est l’art du possible, c’est la seule voie pour faire en sorte que cette escalade s’arrête », a-t-il déclaré, ajoutant que cette étape était « extrêmement importante ».

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L’initiative algérienne de reprise des ressortissants algériens sous OQTF pourrait ainsi s’inscrire dans une stratégie plus large de normalisation des relations bilatérales. Les deux pays ont traversé une période de défiance, mais les signes envoyés ces derniers jours laissent entrevoir un retour progressif à la coopération, notamment sur les enjeux migratoires. Ce redémarrage pourrait également faciliter la gestion de cas individuels complexes et permettre d’éviter à l’avenir les blocages diplomatiques qui ont récemment pesé sur les relations franco-algériennes. Dans un contexte européen marqué par une attention accrue aux politiques migratoires, ce type de rapprochement bilatéral pourrait constituer un modèle de résolution pragmatique et concertée.