Dans un contexte où les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie traversent régulièrement des périodes de tension, une étudiante algérienne résidant en France a récemment fait les frais d’une situation administrative pour le moins inhabituelle. Croyant entamer une nouvelle étape académique au sein d’un établissement d’enseignement supérieur français, cette Algérienne a vu sa candidature à un doctorat refusée en France, pour des raisons jugées étonnantes, voire surréalistes.
« J’ai candidaté à une offre de doctorat sur Adum. Alors la réponse, c’était étonnant », explique-t-elle. La plateforme Adum, bien connue des aspirants doctorants en France, centralise les offres de thèses proposées par diverses institutions de recherche. Mais c’est la réponse reçue qui a suscité incompréhension et consternation. Dans un courrier électronique officiel, il lui a été répondu : « Chère Madame, Nous avons bien examiné votre dossier, mais au vu du nombre important de postulants et compte tenu de différentes faiblesses à votre dossier (en particulier votre situation administrative incertaine et le contexte diplomatique difficile entre nos deux pays), nous n’avons pas retenu votre candidature. »
Loin d’être un simple refus académique, cette formulation évoque une dimension géopolitique rarement explicitée dans des courriers universitaires. Ce type de justification, mentionnant une « situation administrative incertaine » couplée au « contexte diplomatique difficile », soulève de nombreuses interrogations, notamment sur l’impact concret des tensions diplomatiques sur les trajectoires individuelles, particulièrement dans le monde de la recherche, souvent perçu comme un espace neutre, basé sur le mérite et la compétence. L’étudiante affirme par ailleurs que son dossier était complet, qu’elle avait le niveau académique requis et qu’elle remplissait les conditions administratives prévues pour postuler. Si certaines candidatures peuvent être rejetées pour des motifs objectifs liés à la qualité du dossier ou à une forte concurrence, il est beaucoup plus rare de voir évoquées des raisons d’ordre diplomatique dans une décision universitaire.
La référence explicite à la crise diplomatique entre la France et l’Algérie dans un contexte académique constitue donc un précédent troublant. La relation entre les deux pays est connue pour ses hauts et ses bas, influencée par l’histoire coloniale, les questions migratoires, les enjeux mémoriels et des différends politiques récurrents. Cette instabilité bilatérale semble désormais se refléter jusque dans les couloirs feutrés de l’université. Pour l’étudiante algérienne, ayant vu sa candidature pour un Doctorat en France essuyer un refus, cette réponse a été vécue comme une double peine : d’une part, le refus d’un projet de recherche qu’elle préparait depuis plusieurs mois ; d’autre part, une forme de stigmatisation indirecte liée à sa nationalité et à un contexte sur lequel elle n’a aucune emprise. L’affaire n’a pas manqué de susciter des réactions sur les réseaux sociaux, où des internautes ont exprimé leur solidarité, pointant du doigt un amalgame entre diplomatie internationale et méritocratie académique.
Des voix s’élèvent pour rappeler que la recherche scientifique doit rester un espace de neutralité, ouvert à la coopération internationale, indépendamment des conflits ou des frictions politiques. La France, qui attire chaque année des milliers d’étudiants étrangers, notamment issus du Maghreb, met en avant sa tradition d’accueil et d’excellence universitaire. Toutefois, cet épisode révèle que les tensions géopolitiques peuvent s’immiscer, même discrètement, dans les processus de sélection les plus académiques. Si certaines universités françaises ont mis en place des dispositifs pour accompagner les étudiants étrangers dans leurs démarches administratives, la mention directe d’un climat diplomatique dans une lettre de refus semble contrevenir à l’éthique d’équité revendiquée par le monde universitaire.