Le mariage, pour cette Algérienne venue s’installer en France, devait être un nouveau départ. Mais ce qui aurait dû sceller une union paisible s’est transformé en une descente aux enfers judiciaire. L’affaire a été jugée le 9 juillet dernier au tribunal de Lille, où un homme de 47 ans a été condamné pour harcèlement envers son épouse. La situation, qui mêle tensions conjugales, accusations de manipulation autour d’un titre de séjour, et soupçons de mariage gris, illustre un cas de plus en plus fréquent dans les tribunaux français.
Selon les éléments exposés durant l’audience, la relation entre cet homme français et sa compagne algérienne débute en décembre 2022. Le mariage est célébré trois mois plus tard, en mars 2023, en France. Mais très vite, la relation se détériore, selon Actu.fr. L’Algérienne, installée à Faches-Thumesnil, accuse son mari d’avoir sombré dans un comportement possessif et destructeur, allant jusqu’à l’harceler continuellement, au point de lui imposer un véritable calvaire. Elle affirme qu’il a tenté de contrôler sa vie quotidienne à travers des appels répétés – 280 en moins de quatre mois – et des lettres aux contenus alarmants, parfois chargées de menaces voilées ou de chantage affectif lié au suicide. La plaignante, qui ne disposait pas d’un titre de séjour permanent en France, explique que son mari utilisait sa situation administrative fragile comme levier émotionnel pour la maintenir sous emprise.
Ce mariage entre une Algérienne et un citoyen français, loin d’être une idylle, s’est brisé en un temps record. En effet, la jeune femme n’aurait passé que deux semaines au domicile conjugal avant de fuir vers Aix-en-Provence, où elle aurait trouvé refuge chez une tante, sans même laisser une adresse à son mari. Ce dernier, se présentant comme la victime de l’histoire, plaide la thèse du mariage gris. Selon lui, l’Algérienne ne cherchait qu’un moyen d’obtenir des papiers en France à travers ce mariage, et l’aurait ensuite piégé en portant plainte pour harcèlement afin de conserver son titre de séjour malgré un divorce imminent. Il affirme devant le juge : « Si on divorce dans un délai de quatre ans, ça lui retire son titre de séjour. Sauf si je suis condamné, c’est pour ça qu’elle a déposé plainte. »
De son côté, la plaignante assure avoir découvert la nature réelle de son époux seulement après le mariage. Elle décrit une relation marquée par la peur, la pression psychologique constante, et une détérioration rapide de son état de santé mentale. Elle a d’ailleurs été reconnue en épuisement psychologique, avec une incapacité totale de travail d’un mois, conséquence directe, selon son avocate, du harcèlement subi. Celle-ci réclame 2.500 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral.
À la barre, les deux versions s’affrontent : celle d’un homme blessé, qui pense avoir été utilisé dans une affaire de mariage d’intérêt, et celle d’une femme algérienne pour qui l’arrivée en France et le mariage ont tourné au cauchemar. Finalement, la justice tranche. Le tribunal de Lille a condamné le mari à une peine de quatre mois de prison avec sursis probatoire sur deux ans. Il est également sommé de verser 500 euros à son ex-épouse et lui est interdit tout contact avec elle.
Ce cas, bien que singulier, met en lumière les tensions que peuvent engendrer certains mariages mixtes lorsque des déséquilibres juridiques ou émotionnels existent. L’Algérienne, venue en France pour bâtir un avenir stable à travers ce mariage, a vu ses espoirs s’effondrer dans une bataille judiciaire éprouvante. Ce jugement rappelle également que les accusations de mariage gris sont souvent utilisées comme ligne de défense, mais que chaque dossier révèle des dynamiques complexes entre les deux parties.
Ainsi, le mariage en France entre cette Algérienne et cet homme a non seulement échoué mais a laissé derrière lui une empreinte judiciaire et émotionnelle forte. Un mariage, une Algérienne, une France, trois mots répétés dans un récit qui, loin d’être un cas isolé, soulève des questions sur les réalités de certaines unions binationales.